Ils sont légers, voluptueux, mais surtout redoutablement efficaces. à la pointe de la technologie, les nouveaux baumes antiâge séduisent toute une génération de femmes qui refusent la radicalité de la chirurgie.

(1) Auteur de  » La Peau et ses états d’âme « , Marabout.

(2) Enquête parue dans  » 60 Millions de consommateurs « , en mai dernier.

Le pourcentage est éloquent ! Comme le montre une étude conduite en 2002 par l’observatoire DiorScience dans sept pays à travers le monde, les rides représentent, pour 67 % des femmes, l’un des signes de l’âge les plus redoutés. C’est dire si elles sont sensibles aux promesses d’une industrie cosmétique qui se sophistique et se spécialise sans cesse. Fondée sur une recherche ultrapointue, elle met désormais en £uvre des actifs innovants et cible des zones toujours plus précises du visage et du corps. Des progrès bien réels, vantés avec un vocabulaire largement emprunté au registre de la médecine et de la chirurgie. Comblement, remodelage, réduction, effet lifting… Les pots affichent un programme à faire pâlir dermatologues et plasticiens. A moins qu’ils n’en soient, bien sûr, les artisans directs : les docteurs américains Perricone, Brandt, Murad développent des lignes qui portent leurs noms et dont les produits sont présentés comme directement dérivés de leurs recherches.

Cette envie de toujours plus (plus médical, plus radical) doit beaucoup à la banalisation des techniques de rajeunissement pratiquées par les chirurgiens. Banalisation du discours et de l’image, mais non de l’acte. Car le sentiment général reste le même : la chirurgie esthétique, ça marche, reste que cela fait peur. Pour le Pr Maurice Mimoun, chef du service de chirurgie plastique à l’hôpital Saint-Antoine et à l’hôpital Rothschild à Paris,  » cette angoisse de l’opération se focalise avant tout sur la perte de la maîtrise et l’inquiétude du résultat « .

Effet chirurgical… sans chirurgie

Selon le Dr Danièle Pomey-Rey (1), créatrice, à l’hôpital Saint-Louis, à Paris, de la première consultation de psycho-dermatologie, la crainte diffuse tient aussi à la hantise d’un double traumatisme :  » une atteinte à son intégrité, mais aussi à son identité « . Face à toutes ces réticences,  » les gens se mettent finalement à rêver à un effet chirurgical… sans chirurgie, explique le Pr Mimoun. D’où la multiplication des produits cosmétiques que l’on raccroche par tous les moyens à cette référence d’efficacité. Mais ça, c’est le discours de la fée « .

Ce qui, toutefois, n’exclut pas qu’on puisse attendre d’authentiques bienfaits de ces onguents. D’ailleurs, s’engager sur des résultats qu’on n’obtient pas équivaut à décrédibiliser un produit et, à terme, une marque. Pour Marie-Hélène Laire, docteur en pharmacie et responsable de la communication scientifique chez Chanel,  » il y a deux catégories dans les soins antiâge : ceux qui font du copier-coller, via les mots, avec la chirurgie esthétique et ceux qui effectuent un vrai travail en apportant des réponses ciblées au processus de vieillissement « . Même refus de faire prendre un antirides pour un bistouri chez Pierre Bouissou, docteur en médecine et directeur du marketing chez Dior :  » Il serait absurde de parler de substitution. D’efficacité, en revanche, on le peut, puisqu’elle est réelle.  »

Parmi les produits anticapitons jugés les plus performants figure Bikini Celluli-Diet, de Dior.  » On n’évoque même pas l’amaigrissement. Quel intérêt cela aurait-il quand on offre une approche réaliste des problèmes de cellulite, permettant d’améliorer la qualité de la peau de manière significative ? » Quant au L’Oréal Plénitude, classé premier au hit-parade des crèmes amincissantes par le magazine français  » 60 Millions de consommateurs  » (2), il se présente clairement comme un gel anticellulite gommant les capitons et renforçant la fermeté.

Ce que la cosmétique revendique donc, c’est l’efficacité. Et elle le prouve. Pas au point de reformer un ovale affaissé ni de faire d’une cuisse pléthorique un fuseau de danseuse étoile, mais en permettant aux femmes d’esquiver une épreuve qui les effraie sans renoncer à faire belle figure. Yeux dégonflés, traits repassés, teint éclairci, corps lisse… Les bénéfices, à défaut d’être radicaux, requinquent sérieusement. Pour cela, toutes les grandes marques travaillent maintenant avec des laboratoires de recherche fondamentale et appliquée. Résultat ? On connaît mieux les modes de fonctionnement de la peau et on arrive plus facilement à restaurer ses capacités naturelles. Pratiquement, les chercheurs découvrent d’abord comment et où ça ce passe, identifient ensuite les éléments actifs capables d’améliorer la situation et, enfin, élaborent des moyens de transport pour amener ces derniers sur les lieux de l’intervention. Parmi les actifs, il y a ceux qui agissent en surface et ceux qui assurent le travail de fond. Les premiers apportent beaucoup en termes de protection et d’apparence. Les seconds se chargent de remettre de l’ordre dans les synthèses naturelles de la peau, qui ont tendance à se ralentir ou à dysfonctionner avec l’âge. Il suffit que les cellules retrouvent un rythme de renouvellement normal et des échanges harmonieux pour que la peau récupère de sa fraîcheur et de sa tonicité. La ligne Temps Majeur, d’Yves Saint Laurent Beauté, par exemple, utilise un champignon de la pharmacopée chinoise,  » Ganoderma lucidum « , qui a la propriété de rétablir une communication cellulaire optimale entre le derme et l’épiderme. Le R-Complex, de Dior, associe des actifs qui travaillent dans le même sens. L’Ultra Correction Sérum, de Chanel, quant à lui, a choisi les peptides de riz, qui stimulent l’élasticité de la peau.

On le constate, la voie royale des produits antiâge passe par cette ligne de démarcation derme-épiderme, dont on a fait à la fois une barrière légale et l’obstacle le plus souvent évoqué à l’efficacité des cosmétiques.  » La législation, explique Joëlle Guesnet, docteur en biologie moléculaire et directrice scientifique d’Yves Saint Laurent Beauté, fait obligation de s’en tenir à une application à la surface de la peau dans le but de l’entretenir et de l’embellir, et de ne travailler que sur et pour des peaux saines. N’enfreindre aucun de ces principes ne veut pas dire qu’on n’arrive à rien. La jonction derme-épiderme n’est pas un mur, mais un lieu de passages et d’échanges. Si tout s’arrêtait aux couches supérieures, comment pourrait-on atteindre les cellules graisseuses û les fameux adipocytes û logées sous le derme ? Grâce aux connaissances actuelles, on peut vraiment agir sur elles. D’une part, en accélérant leur capacité à libérer les acides gras stockés ; de l’autre, en freinant l’entrée de ceux apportés par l’alimentation.  » Voilà pour la bonne nouvelle et, pour la mauvaise :  » On sait maintenant que le tissu adipeux peut augmenter le nombre de ses cellules. L’une des pistes de recherche, et l’une des grandes innovations de demain, va consister à maîtriser l’apparition et la multiplication de nouvelles cellules graisseuses.  » En attendant ces progrès, les produits d’aujourd’hui réduisent déjà considérablement la peau d’orange, à condition… de les utiliser avec constance. Une règle d’or qui vaut d’ailleurs pour l’ensemble de la cosmétique. Si l’on applique, dès sa jeunesse, une crème qui protège des facteurs de vieillissement (soleil, pollution), on fait conserver à la peau sa teneur en eau et en lipides, et on freine le processus de dégradation liés à l’âge. Ce qui fait, à terme, une vraie différence ! Deux produits de référence, devenus des best-sellers mondiaux, Sisle a Global AntiAge, de Sisley, et Re-Nutriv Crème Lifting Suprême, d’Estée Lauder, reposent sur ces principes et pallient, par la mise en £uvre de multiples actifs, toutes les carences induites par le vieillissement. Encore faut-il leur ajouter un autre atout : le plaisir qu’ils donnent et que ne pourront jamais procurer ni le scalpel ni la seringue. Marie-Hélène Laire et Pierre Bouissou soulignent l’un et l’autre les prouesses réalisées aujourd’hui dans le domaine des textures. Pour eux, il est essentiel d’apporter aux femmes  » un bénéfice évident, mais aussi un toucher de crème exceptionnel, des textures plaisir « . Si l’on se sent mieux dès l’application, c’est que les crèmes sont savamment composées : émollientes, lissantes, humectantes, elles apparaissent comme une métaphore voluptueuse des actifs qu’elles véhiculent. L’efficacité d’un gel contour de l’£il tient d’abord à l’impression de fraîcheur qu’il procure et qu’on associe d’emblée à des vertus décongestionnantes. Pourquoi se priver de ces textures fondantes, soyeuses, subtilement parfumées, qui apportent à l’esprit comme à l’épiderme un profond réconfort ? La peau et le cerveau entretiennent un dialogue intime et les automassages préconisés avec de plus en plus de produits vont bien au-delà de la stimulation circulatoire et musculaire. Ce bonheur, propre à la cosmétique, lui donne tout son charme et fait aussi sa force. Car une peau heureuse est toujours plus belle.

Médecine esthétique, la troisième voie ?

Sans aller jusqu’à la chirurgie, les techniques de correction médicales se font de plus en plus sûres depuis quelques années.

Les produits de comblement. Ils corrigent les rides et les sillons, à l’aide d’injections à renouveler tous les quatre, six ou douze mois. A choisir entre tous : l’acide hyaluronique, résorbable, qui présente peu de contre-indications et dont les résultats s’apprécient, aujourd’hui, avec un recul de quinze à vingt ans.

Les peelings. Qu’ils soient superficiels ou profonds, ils reposent sur le même principe : on applique une préparation sur la peau afin d’obtenir une exfoliation de l’épiderme, ce qui a pour effet de le  » remettre à neuf « . Le teint est plus homogène, le grain resserré, les pores moins dilatés, les ridules et les taches sont atténuées. La peau va rougir et peler, parfois desquamer. Une gêne qui dure de deux à sept jours.

Les lasers vasculaires et les lumières pulsées. Depuis leur apparition, ils ont fait d’énormes progrès, mais demandent toujours à être maniés par une main très spécialisée. Leur résultat est comparable à celui des peelings. Les effets secondaires varient d’un érythème léger à un £dème important et peuvent occasionner une gêne pendant plusieurs jours.

La toxine botulique en question

Souvent appelée Botox, la toxine botulique continue de faire peur. Parce qu’elle est à l’état naturel l’un des poisons les plus virulents de la création. On l’évoque même comme arme biologique potentielle. Elle est pourtant (sous forme évidemment, de préparation strictement élaborée, autorisée et contrôlée) le premier produit utilisé en esthétique qui influe réellement sur l’expression du visage. Si l’on prend la précaution élémentaire d’aller chez les médecins habilités à l’utiliser (dermatologues, chirurgiens plasticiens spécialistes de la face, du cou et des muscles maxillo-faciaux), et formés à la doser et à choisir les sites d’injection, on a toutes les chances de n’en récolter que les bénéfices : en détendant les muscles responsables de la formation des rides d’expression, elle permet d’effacer les rides intersourcilières, d’atténuer la patte d’oie, de lisser le front et de décrisper toute la zone supérieure du visage. Ces injections sont à renouveler tous les quatre mois environ.

Martine Marcowith

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