Croissance zéro
Marion Ruggieri signe avec Pas ce soir, je dîne avec mon père un premier roman jubilatoire sur les dégâts du jeunisme et la confusion des âges. A défaut de tuer le père, Ruggieri lui colle une tendre claque.
Quel serait votre père favori ? Gérard Depardieu dans Mon père ce héros, Lino Ventura dans La Gifle ou Clint Eastwood dans Million Dollar Baby ?
Je ne troquerai jamais mon père pour un autre. Même pas pour Clint Eastwood. Parce qu’en ce moment, mon père doit être en train d’écumer les librairies de Neuilly pour voir si mon livre est bien mis en place. J’adore son soutien inconditionnel. Et son humour inconditionnel, compte tenu de la situation.
Que vous apporte l’écriture ?
Ce livre, je l’ai vraiment jeté sur le papier. En un mois. Je l’avais sur le bout de la langue. Par contre, je trouve que c’est un exercice très solitaire, presque hystérique. On est tout le temps avec soi-même. Je ne sais pas si j’aime vraiment cet état. Je suis contente que le livre soit là.
Quel est votre mot préféré ?
Concupiscence.
Quel est votre journal du matin ?
Le Parisien. Je commence par la fin, c’est-à-dire l’horoscope, qui est extraordinaire dans Le Parisien, il faut le savoir. C’est trois lignes, mais c’est toujours vrai. Ensuite, je jette un £il à la météo. Puis je le retourne dans le bon sens. J’adore. Ils sont en phase avec l’air du temps. C’est à la fois populaire et politique. Ça a presque remplacé Libé, pour moi.
Quelle amoureuse êtes-vous ?
Chiante. Comment dire autrement ? Plutôt latine de par mes origines. J’ai été élevée dans une famille où on claquait les portes, où on cassait la vaisselle. A la fois, j’aspire à une grande stabilité et, en même temps, je monte vite en puissance.
Vous ennuyez-vous rapidement ?
J’adore l’ennui. Je trouve qu’il n’y a rien de tel que l’ennui. C’est quand on s’ennuie que les idées viennent. J’adore la répétition, le quotidien, ne rien faire.
Votre définition de la virilité ?
Je ne sais pas… C’est d’assurer ? ça n’a rien à voir avec la masculinité ou la féminité, c’est bien autre chose. On peut être féminin et viril. C’est avoir les épaules. Sur lesquelles on se repose et dans lesquelles on s’endort.
Qui l’incarne ?
Vous voulez dire à part mon père ? (Rires.)
Votre juron favori ?
Pendant longtemps ça a été putain. Et là c’est » ça me fait chier la bite « . En fait, à l’origine c’est une expression de Céline, écrivain que j’aime énormément. Puis c’est délicat dans la bouche d’une jeune femme…
Vous en rêvez sans avoir jamais osé vous lancer…
J’ai toujours rêvé d’écrire un livre. J’ai attendu trente-trois ans. Là, je ne sais pas. Peut-être faire des enfants.
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Propos recueillis par Baudouin Galler
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