L’artiste

Daniel Von Weinberger est né en 1950 à Anvers où il vit et travaille encore aujourd’hui – outre son activité artistique, il enseigne l’art du bijou à l’Académie de Berchem. Dans les années 60, il étudie la joaillerie, la mode et le design théâtral à l’Académie royale des beaux-arts d’Anvers avant de peaufiner sa connaissance des techniques d’émaillage à la Bezalel Academy of Arts and Design de Jérusalem. Difficile de croire qu’à l’époque, Daniel Von Weinberger était fasciné par la contre-culture et les milieux contestataires. à 30 ans, après avoir brûlé sa vie par les deux bouts, il opère un changement de cap radical. Finie la débauche, vive la religion. Juif hassidique fervent depuis lors, père de dix enfants, il garde néanmoins de son passé de jeune homme subversif un goût pour l’extravagance et la provocation. Une esthétique qu’il inocule dans ses colliers foutraques et dans ses discours sans concession, parfois à l’emporte-pièce, sur la condition de l’art actuel. Il est de ceux qui considèrent que la logique d’avant-garde, caractéristique de l’art moderne a accouché d’un enfant (l’art contemporain) destiné à une mort rapide et aujourd’hui consommée. à la suite de la trendsetteuse Li Edelkoort, qu’il aime citer pour bétonner son opinion, Von Weinberger pense ainsi que l’art du xxie s’exprime davantage à travers le design et les arts appliqués. Et aux chiottes l’art actuel  » guidé uniquement par le commerce « .  » Aujourd’hui, je préfère visiter les Galeries Lafayette qu’une galerie d’art « , tranche cet improbable punk à kippa.

L’expo

L’exposition rétrospective que propose Grand-Hornu Images permet, pour la première fois en Wallonie, d’appréhender l’univers singulièrement décalé et poétique de l’artiste anversois. Au fil de quatre salles, dont une est dédiée aux collaborations que Daniel Von Weinberger a contractées avec le monde de la mode (il a entre autres créé des bijoux pour Ann Demeulemeester ou encore Jean-Paul Knott), on découvre une série de colliers construits à partir de matériaux aux provenances pour le moins hétéroclites. Poupées en plastique, ivoire, faux diamants, feutre, boutons de chemise, cuir, badges en tissu, le créateur fait feu de tout bois, de récup’ de préférence. Vecteurs de  » joie et de beauté « , selon les v£ux de Daniel Von Weinberger, ces objets prennent à l’heure du grand gâchis matériel et écologique une valeur de grigris. à la surproduction, l’artiste oppose la recréation. S’il n’invente rien, Daniel Von Weinberger s’inscrit à la faveur d’une poésie qui lui est personnelle dans la lignée de certains artistes pop et des Nouveaux Réalistes, qui de Robert Rauschenberg avec ses  » Combine Paintings  » à César avec ses sculptures de voitures compactées ont accroché les matériaux du quotidien aux cimaises des musées. Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme.

Daniel Von Weinberger. Plastique c’est chic – bijoux éternels, à Grand Hornu Images. Du 28 mai au 29 septembre prochain. www.grand-hornu-images.be

Baudouin Galler

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