L’auteur traite avec une certaine gravité l’injustice liée à la vieillesse. Son roman, entre fiction et autobiographie, sème comme des petits cailloux les souvenirs constituant une vie bien remplie.

 » Mon enfance est une boîte pleine de souvenirs « , dites-vous. Quel est le pire ?

La colonie de vacances. Je hais les dortoirs et la vie en collectivité. Dire que mon fils s’y trouve et adore ça (rires).

Et le meilleur ?

Voir le film Diva de Jean-Jacques Beineix. Je n’ai rien compris, si ce n’est que les enfants adorent avoir un avant-goût de l’âge adulte.

Écrire, est-ce une manière de graver les souvenirs ?

Complètement. Avec ce roman, j’ai perdu la frontière entre l’autobiographie et la fiction. Écrire fige ma folie et mon imagination instantanées. Il faut beaucoup de brouillons pour réussir.

L’humour, c’est…

Lié à une pudeur. Quand il prend une telle ampleur, ça devient une politesse. Dans la vie, je suis toujours en retard sur les mots…

Quel mot regrettez-vous de ne pas avoir dit ?

Dire à mon grand-père que je l’aimais profondément.

Être écrivain, est-ce un rêve ?

C’était dans l’ordre des choses, mais c’est devenu une passion, une obsession. Disons que c’est un truc bizarre qui a envahi mon esprit. Le rêve, c’est d’être publié, lu et traduit.

Vivre ou écrire, faut-il choisir ?

Non, il faut alterner les deux. Mon narrateur se coupe du monde, or il est impossible d’écrire si on n’est pas curieux. Je partage mon temps entre vivre et digérer ce qui a été vécu. Après des mois de solitude à l’intérieur de moi, je me nourris de voyages et de rencontres.

Ce roman est-il une déclaration d’amour ?

Oui, à mon grand-père qui était si drôle, si vivant. C’est aussi une déclaration à l’idée que tout peut s’arranger. On est composé de nos souvenirs. Chaque chose qu’on vit est matière à chérir.

En quoi ressemblez-vous à votre grand-père ?

Nous partageons le nom de David Foenkinos, ainsi qu’une forme de légèreté et d’humour. Son agonie en fin de vie m’a blessé. Face à la vieillesse, on est si démuni, qu’on se doit d’avoir une nature joyeuse et optimiste.

Qu’avez-vous hérité de vos grands-mères ?

La tendresse, l’amour et le don de soi.

L’amour vous transforme-t-il ?

J’ai toujours été obsédé par l’amour. Après l’avoir fantasmé, je le vis comme jamais. L’amour véritable est puissant et apaisant.  » Je me sens enfin achevé « , disait Romain Gary.

Quelles sont les meilleures  » premières fois  » ?

Les débuts d’une histoire d’amour incarnent un  » festival des premières fois « . Il en va de même avec un enfant qui découvre un tracteur, un avion ou le monde. L’enthousiasme est essentiel dans la vie.

Qu’attendez-vous d’elle ?

Qu’elle soit surprenante et éternelle.

Les Souvenirs, par David Foenkinos, Gallimard, 266 pages.

KERENN ELKAÏM

JE PARTAGE MON TEMPS ENTRE VIVRE ET DIGÉRER CE QUI A ÉTÉ VÉCU.

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