Pourquoi un créateur choisit-il Milan plutôt que Londres, Paris ou New York pour présenter ses collections ? Quelles sont les spécificités de chacun de ces grands fashion shows ? Visite backstage des quatre plus grandes capitales du prêt-à-porter.

New York

E L’esprit : Casual chic. A côté de cette tendance forte, fil rouge de la mode made in USA, on trouve un courant plus sportswear et denim – pas uniquement alimenté par des labels américains – avec des marques comme Diesel, G-Star, Lacoste, Custo Barcelona, Miss Sixty ou encore les lignes bis du prêt-à-porter d’outre- Atlantique, dont DKNY. Des griffes qui se vendent particulièrement bien là-bas.

E On y voit : Tous les  » grands  » de la mode US, de Clavin Klein à Zac Posen en passant par Caroline Herrera, Diane von Furstenberg, Marc Jacob, Dona Karan, Michael Kors, Derek Lam, Ralph Lauren, Tommy Hilfiger…

E Les exceptions : Si le Brésilien Alexandre Herchcovitch a choisi la Big Apple, c’est sans doute parce que son style à l’élégance sobre correspond parfaitement au marché américain. Quant à Matthew Williamson, l’un des seuls  » English man in New York « , c’est sans doute le côté plus  » établi  » de la mégapole, que ne possède pas Londres-l’underground, qui l’a séduit ( lire ci-contre).

E Le rituel : Traditionnellement, c’est par la semaine new-yorkaise que commence la saison des défilés.

Londres

E L’esprit : Décalé, provocant, voir carrément underground. Londres est LE vivier des jeunes créateurs, à tel point que l’on a parfois qualifié sa semaine des défilés de  » Sint Martin’s fashion week « , allusion au grand nombre de défilés de stylistes fraîchement sortis de la très réputée école de mode. Seul Paul Smith affiche depuis toujours une réelle volonté de rester fidèle à  » sa  » ville, même après avoir été sacré parmi les plus grands. A contrario, Sophia Kokosalaki, pour ne citer qu’elle, défile aujourd’hui à Paris, après des débuts remarqués sur les catwalks londoniens.

E On y voit : Antoni & Alison, Aquascutum, Biba, Christopher Kane, Danielle Scutt, Gareth Pugh, Giles, Jasper Conran, Kisa, Preen…

E Les exceptions : La collection hiver 07-08 de Marc by Marc Jacobs a été présentée à Londres. Un choix pas aussi surprenant qu’il n’y paraît : le couturier, qui ouvrait au même moment une boutique dans le quartier du Mayfair, a saisi l’occasion de créer le  » buzz  » autour de celle ci. Pour l’été 07, c’est Giorgio Armani qui faisait défiler ses modèles dessinés pour la ligne RED. Là, c’est l’implication de Bono, chanteur de U2, dans ce projet carita- tif qui a justifié le choix du couturier italien.

E Le rituel : Les  » events  » qui se greffent désormais sur le calendrier des défilés sont très attendus dans

le petit monde de la mode.

Milan

E L’esprit : Strass, luxe et paillettes. Indéniablement, la fashionweek milanaise déploie les grands moyens. Une semaine qui reflète l’esprit de la mode italienne, dans laquelle on retrouve, plus qu’ailleurs, beaucoup de décolletés, de doré, de clinquant, de robes du soir…

E On y voit : Tout le beau monde de la création made in Italy : Fendi, Ferré, Giorgio Armani, Gucci, Roberto Cavalli, Missoni, Prada, Pucci, Versace… Certaines des deuxièmes lignes de ces créateurs sont également présentes sur les podiums (Emporio Armani, Just Cavalli…) tandis que d’autres, comme Miuccia Prada pour Miu Miu, préfèrent Paris.

E Les exceptions : Si Valentino ou Giambattista Valli défilent à Paris, Jil Sander et Burberry Prorsum ont choisi Milan. Question de public-cible… ou parfois simplement de calendrier : en juin dernier, pour la première fois, Dries Van Noten a ainsi présenté sa collection Homme pour le printemps-été 08 à Milan plutôt qu’à Paris. Le but : remplir le carnet de commandes au plus vite et s’accorder un délai plus long entre ce show et celui de la collection Femme, qui s’est tenue dans la Ville lumière. Pour la petite histoire, Milan a aussi ouvert les portes du Palazzo Reale au créateur belge. L’accès à un lieu aussi prestigieux, refusé par le passé à d’autres griffes, a sans doute aussi influencé son choix.

E Le rituel : Avec Paris, c’est une des semaines de défilés les plus trépidantes : calendrier très serré, rythme soutenu avec un nombre impressionnant de présentations chaque jour, et ce aux quatre coins de la ville.

Paris

E L’esprit : Prestige et élégance à la française. Ce n’est pas un hasard si la haute-couture ne défile que là ! Historiquement, présenter ses collections à Paris a toujours symbolisé une certaine consécration dans le métier.

E On y voit : Balenciaga, Balmain, Cacharel, Celine, Chanel, Chloé, Christian Dior, Christian Lacroix, Emmanuel Ungaro, Givenchy, Hermès, Jean-Charles de Castelbajac, Jean Paul Gaultier, Lanvin, Louis Vuitton, Nina Ricci, Yves Saint Laurent… Jouant dans la même cour que les maisons françaises les plus en vue, on y voit aussi défiler John Galliano et Karl Lagerfeld. Et la plupart des Belges, qui apportent une touche conceptuelle et pointue à ce grand raout de la mode : A.F. Vandevorst, Ann Demeulemeester, Bruno Pieters, Dries Van Noten, Maison Martin Margiela, Veronique Branquinho, Véronique Leroy…

E Les exceptions : Outre quelques fameuses griffes britanniques (Alexander McQueen, Hussein Chalayan, Rick Owens, Sophia Kokosalaki…) la plupart des créateurs japonais choisissent les podiums parisiens. Parmi eux, Comme des Garçons, Issey Miyake, Junya Watanabe, Kenzo, Tsumori Chisato ou encore Yohji Yamamoto.

E Les rituels : La

semaine des défilés parisiens, très dense (jusqu’à quinze présentations

quotidiennes !) met fin, jusqu’à la saison suivante, à la grand-messe des

fashion shows. Et, traditionnellement, c’est à Louis Vuitton, dernière griffe à présenter sa collection,

que revient l’honneur

de baisser le rideau.

Delphine Kindermans

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