Dans un numéro consacré exclusivement à l’Homme dans toute sa splendeur, il convient de garder une page dédiée à la gent féminine. Gentleman attitude oblige. D’autant plus que la tendance du  » Women only  » est à fond dans l’air du temps. Certes, nous avons déjà évoqué le sujet dans nos pages sous l’angle des sorties nocturnes ( lire Weekend Le Vif/L’Express du 11 août dernier), mais de récentes innovations en la matière laissent à penser que le sexe dit  » faible  » (quelle erreur de jugement !) se positionne de plus en plus comme une tribu à part entière. Avec ses rites, ses codes et ses territoires bien gardés.

Attention, il ne s’agit nullement d’une orientation sexuelle, mais plutôt d’un choix de vie gentiment sectaire, réfléchi et défendable. Aujourd’hui, la femme hétéro veut ses espaces réservés et clairement identifiés comme tels, histoire de partager, avec ses semblables, les mêmes désirs, les mêmes valeurs, les mêmes délires. Prenez les taxis et les banques, par exemple. Qui aurait cru, il y a un an à peine, que certaines voitures et autres institutions financières du monde occidental seraient carrément interdites aux hommes ? Et pourtant… En Autriche, la première banque pour femmes a été inaugurée cette année à Gastein, s’illustrant notamment par une décoration très  » loungy  » et un espace de jeux pour enfants en bas âge (cliquer sur Frauenbank à l’adresse www.gastein.raiffeisen.at). Objectif avoué : proposer des services financiers spécifiques à une clientèle 100 % féminine, tout en tenant compte de ses attentes et de ses besoins au quotidien.

Même démarche pour la compagnie londonienne de taxis Pink Ladies (www.pinkladiesmembers.co.uk). Partant du postulat qu’une femme seule, en ville, peut être facilement la proie d’un voyou ou d’un faux chauffeur de taxi malintentionné, la Britannique Tina Dutton a eu la bonne idée de lancer un service de voitures conduites par des femmes et pour des femmes. Reconnaissables au premier coup d’£il, les taxis roses de Pink Ladies jouent avant tout la carte de la sécurité : les clientes sont entre les mains d’expertes en autodéfense et ne sont  » abandonnées  » qu’après avoir réellement franchi le seuil de leur lieu de destination. Brillante initiative que l’on aimerait volontiers voir éclore à Bruxelles et dans d’autres capitales européennes.

S’inscrivant délibérément dans cette envie de satisfaire des niches précises de consommateurs, la féminisation de certaines parts de marchés rejaillit évidemment sur des secteurs plus classiques qui, bizarrement, n’avaient jusqu’ici pas encore leurs produits typiquement féminins. Comme la bière ou le vin. L’oubli est heureusement réparé puisque deux boissons délibérément ciblées femmes viennent d’apparaître sur le marché : un vin rosé baptisé Sophie & Sophie à faible teneur calorique et au design univoque (www.naturalwines.nl), ainsi qu’une bière peu alcoolisée nommée Karla (www.karlsberger-hof.de) imaginée par le brasseur allemand Karlsberg (à ne pas confondre avec les Danois de Carlsberg).

Sans tomber dans la caricature des boîtes à outils expressément conçues pour les dames en mal de coup de pouce masculin (www.tomboytools.com), l’heure est donc à la féminisation des biens et services pour des raisons éminemment socio- économiques, à l’instar de cette toute première boutique japonaise, Happily, qui regorge de produits pour les femmes (de la nourriture aux huiles essentielles, en passant par les cosmétiques et la poudre à lessiver !) vendus uniquement par du personnel du même sexe. A quand les premières patrouilles de police exclusivement féminines, alors ? Ah bon, ça existe déjà ? En Russie ? A Volgograd ? Les femmes seraient-elles plus difficiles à corrompre ?

Frédéric Brébant

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