Demi Moore ou l’éloge de la force intérieure
La plus glamour des marques italiennes choisit Demi Moore comme nouvelle égérie pour sa collection automne-hiver 05-06. En exclusivité pour Weekend Le Vif/L’Express, Versace lève le voile sur sa prochaine campagne publicitaire qui inspire force, calme et volupté.
A grande marque, grande star et grand mystère. Le secret fut bien gardé, mais depuis que l’on a vu Donatella Versace en compagnie du photographe Mario Testino et de l’actrice Demi Moore attablés dans un restaurant branché de Londres en avril dernier, la rumeur n’a pas cessé de se répandre, telle une cascade de champagne, dans les milieux mondains de la mode et du show-business. La brune sculpturale allait-elle remplacer Madonna comme égérie de la maison Versace ? A 42 ans, celle qui garde les traits de l’éternelle jouvence s’apprêterait-elle à rejouer les mannequins un quart de siècle (!) après ses débuts éclairs dans le métier ? Demi Moore, l’actrice tout feu tout flamme immortalisée le crâne rasé pour sa performance dans » G.I. Jane » en 1997 ou posant nue, enceinte de plusieurs mois, en couverture du magazine » Vanity Fair » en 1991, pourrait-elle incarner l’élégance sans compromis et l’infini raffinement associés à la fameuse marque italienne ?
Déjà, le choix de Madonna pour la dernière campagne printemps-été 2005 de Versace relevait de l’audace publicitaire réussie. Transformée en » executive woman » du xxie siècle, la » material girl » apparaissait en effet dans une série de huit » tableaux » esthétiquement renversants. Publiées dans la presse du monde entier, ces apparitions superbement capturées par le photographe d’origine colombienne Mario Testino étaient comme autant de moments volés de la journée d’une femme d’affaires conquérante. » A travers cette campagne, je veux prouver que les femmes peuvent porter des vêtements glamour au bureau « , commentait alors la pop star. Dans une séquence d’images cocasses, on retrouvait alors la Madone sophistiquée plus que de nature, en jupe droite et col V, bondissant à quatre pattes sur son bureau de verre, ou en robe de cocktail, humidifiant une enveloppe dans la position agenouillée du recueillement. Osé !
Cette impertinence artistique, doublée d’un perfectionnisme de haut vol dans la prise de vue, a sans aucun doute dopé l’image de l’étiquette italienne. Pour la prochaine saison automne-hiver, Donatella Versace, tête pensante blonde peroxydée des collections depuis le décès de son frère Gianni, réédite donc l’opération et signe avec une autre personnalité hors du commun : la sulfureuse Demi Moore. Actrice la mieux payée de Hollywood au pic de sa carrière (10 millions d’euros pour le film » Striptease » en 1996), la belle est aussi la maman de trois filles nées de son mariage avec une autre tête d’affiche, Bruce Willis. A l’époque de leur idylle, qui a tout de même duré treize années, le couple était la coqueluche du Tout-Hollywood et des magazines people du monde entier.
Après l’expérience Madonna, Donatella û connue pour ses tendances extravagantes et ses fêtes légendaires û puise donc une deuxième fois dans son cercle rapproché d’amies pour élire la nouvelle ambassadrice du style Versace. La campagne, toujours orchestrée par le photographe de génie Mario Testino, marque aussi le grand retour de Demi Moore parmi les visages qui comptent dans le show-business. En effet, depuis son divorce avec Bruce Willis en 1998, l’actrice fatale s’est faite plus rare au cinéma.
Une carrière mouvementée
Flash-back : Demi Moore, de son vrai nom Demetria Gynes, est née le 11 novembre 1962 à Roswell dans l’Etat du Nouveau-Mexique. Elle connaît une adolescence très instable et abandonne rapidement ses études. Pour gagner de l’argent, elle pose dans des magazines. A 18 ans, elle se marie avec le chanteur de rock Freddy Moore qui l’introduit dans le milieu du cinéma. Elle connaît alors des problèmes de drogue, mais finit par tourner en 1990 un film qui marque un tournant important dans sa carrière : dans le drame romantique » Ghost « , elle connaît son premier » blockbuster » aux côtés de Patrick Swayze. Un an plus tard, elle provoque en se montrant nue à la Une du magazine » Vanity Fair » , enceinte de plusieurs mois, et récidive en 1992 » vêtue » d’un simple » body-painting « . Ces deux coups de marketing lui offrent une visibilité extraordinaire, on ne parle plus que d’elle.
Gentiment provocatrice, la vedette n’a pas peur de la controverse. Dans le film » Indecent Proposal » (1993), elle joue le rôle d’une femme mariée qui accepte de coucher avec un homme pour un million de dollars afin de renflouer les finances de son couple. L’histoire suscite d’emblée la polémique auprès des groupes féministes américains, mais le succès est au rendez-vous : le film amasse plus de 260 millions de dollars au box-office mondial. Demi Moore enchaîne ensuite quelques films ratés ou peu populaires : » Disclosure » (1994), » Now and Then » qu’elle produit en 1995, » Striptease » (1996) et » G.I. Jane » (1997). Après cette longue série d’insuccès, elle tire enfin le bon numéro en produisant une comédie, » Austin Powers : International Man of Mystery « . Mieux encore, cette parodie de James Bond aura plusieurs suites. Ainsi, » Austin Powers : The Spy Who Shagged Me » (1999) et » Austin Powers in Goldmember » (2002) seront, tous trois, très lucratifs.
Si sa carrière en tant qu’actrice s’est ralentie depuis quelques années (en 2003, elle n’obtient qu’un second rôle dans l’adaptation de la série » Charlie’s Angel’s » au cinéma), l’année 2005 semble donc porter chance à la jeune femme au physique félin qui a la réputation de toujours retomber sur ses pattes. Symbole affirmé du luxe pour la marque italienne à la ville, Demi Moore s’apprête par ailleurs à épouser Ashton Kutcher, acteur et animateur de 15 ans son cadet. C’est du moins ce que la rumeur laisse entendre…
La force tranquille
A travers cette nouvelle campagne, la marque Versace veut donc renouveler son manifeste pour les femmes mûres, professionnelles, et qui assument de hautes responsabilités dans la société. » Le pouvoir n’est pas incompatible avec la féminité, et tant pis si cela déstabilise certains hommes « , déclarait récemment Donatella au quotidien français » Le Figaro « . Demi Moore, connue pour son goût du business (elle est actionnaire de la célèbre ligne de restaurants » Planet Hollywood » avec les acteurs Sylvester Stalone, Arnold Schwarzenegger et son ex-mari Bruce Willis), incarne bien cette femme moderne qui a plus d’un objectif dans sa poche et qui sait mener de front carrière, vie privée et vie de famille.
A 42 ans, l’héroïne du film » Ghost » n’a peut-être plus l’innocence d’une débutante, mais elle possède toutes les qualités d’une féminité que l’on pourrait qualifier d’intemporelle. Mère accomplie, actrice de renommée mondiale, et future épouse épanouie, elle semble concentrer toute l’énergie nécessaire pour atteindre ses rêves et désirs. La nouvelle égérie de Versace apparaît sous l’£il de Mario Testino tour à tour élégante, classique et mystérieuse, douée d’un pouvoir de séduction contrôlé, en paix avec elle-même mais prête à faire face à l’adversité.
L’imagerie développée repose en effet sur une pureté absolue des formes et des couleurs. Il en ressort une impression de force qui n’est pas imposée, mais diffusée de manière subtile. Le mobilier contemporain, l’atmosphère immaculée, l’usage appuyé de la lumière blanche, donnent naissance à un espace particulier, sorte de bulle, aquarium dans lequel le modèle est capturé. Demi Moore devient alors la muse du photographe, un objet de tous les désirs au service de la marque.
Les tenues sensuelles portées par l’ancien sex-symbol dans cette série de huit photos sont un bel échantillon de la collection automne-hiver 05-06 des ateliers Versace. Cette saison encore, Donatella montre son attachement pour le luxe, les belles matières et les coupes incisives. Les courbes parfaites de la star sont par exemple mises en valeur dans une robe moulante avec un décolleté des plus sexy, ou encore par un manteau cintré s’élargissant en un grand col élégant. Les tenues de soirée restent, en revanche, calibrées pour les tapis rouges : glamour 300 %, soie et mousseline sur des fourreaux sirènes et grandes jupes virevoltantes.
Récemment sortie d’une cure de désintoxication, Donatella Versace semble donc bien loin d’avoir dit son dernier mot. Elle le signe à travers cette nouvelle campagne ambitieuse qui semble s’adresser aux femmes de toutes générations en quête d’une force tranquille et immanente. En 2005, Versace inspire la femme épanouie, en harmonie avec elle-même et consciente de sa richesse intérieure.
Elodie Perrodil
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