A 45 ans, malgré un parcours semé d’embûches, Demi Moore irradie… et se confie en toute franchise à Weekend.

Le titre de son dernier film, Flawless (Impeccable) lui sied à merveille. Quand nous avons rencontré Demi Moore dans sa suite starissime de l’hôtel Four Seasons à Beverly Hills, elle était habillée d’une petite robe noire… A peine maquillée, ses longs cheveux brillants lâchés sur les épaules, un brin de laine rouge ceignant son poignet gauche, signe de son attachement à la kabbale (une tradition mystique juive). Aucune ride, aucune cicatrice. Rayonnante, tout simplement.

Dans Flawless, un thriller de Michaël Radford qui a pour cadre les swinging sixties, Demi Moore joue un cadre frustré de la London Diamond Corporation qui se laisse entraîner par le concierge (Michael Caine) dans un plan audacieux dont l’objectif est de dérober quelques tonnes de diamants à l’entreprise. Dans sa longue filmographie, ses rôles de méchante sont certes les plus mémorables : elle a ainsi été l’impitoyable Meredith Johnson dans Disclosure (Harcèlement) de Barry Levinson (1994) et le perfide ange déchu dans Charlie’s Angels de McG (2000). Mais dans la vie, l’actrice américaine – qui est aussi la parfaite incarnation de  » Live Brilliantly « , le credo de la griffe de cosmétiques Helena Rubinstein – semble beaucoup plus douce et plus jeune encore qu’au cinéma. Seule sa voix rauque reste identique…

Weekend Le Vif/L’Express : Vous êtes encore plus belle que sur le grand écran. Comment faites-vous ? De bons gènes, de bons soins, une volonté de fer ?

Demi Moore ( rires) : Un peu de tout sans doute. Prendre soin de soi ne peut effectivement que faire du bien. Je suis néanmoins convaincue que la beauté doit avant tout venir de l’intérieur. Quand on ne se sent pas bien dans sa peau, on peut s’enduire de crème à profusion, cela n’aura pas le même effet. Tout le monde a des doutes. Les vaincre fait partie de l’évolution de la vie.

Au moment du tournage de GI Jane, en 1997, vous étiez obsédée par votre condition physique. Cela a-t-il changé ?

Ce film ( NDLR : dans cet opus signé Ridley Scott, Demi Moore interprète une femme enrôlée dans un corps d’élite de l’armée américaine, dont l’entraînement est réputé le plus difficile au monde et jusque-là réservé aux seuls hommes) m’a demandé un style particulier mais aussi un certain investissement afin de rendre ce personnage crédible ( NDLR : elle s’est même fait raser la tête). Je courais 20 km par jour, je passais des heures dans les salles de sport, je contrôlais mon alimentation avec fanatisme. Durant le tournage, je jouissais d’une condition physique extraordinaire. Par après, cependant, j’ai subi un terrible burn-out. J’ai arrêté de travailler et de m’entraîner. Je me suis rendu compte que la minceur n’amenait pas le bonheur. C’est à ce moment-là que ma conception du bien-être a totalement changé. Je ne suis plus, désormais, sur le pied de guerre avec mon corps. Je suis beaucoup plus relax, plus joyeuse. Ce qui est étrange, c’est que depuis que cette obsession a disparu, il m’est beaucoup plus facile de prendre soin de mon corps.

L’apparence est capitale pour une actrice. Avez-vous l’intention de lutter contre les effets de l’âge jusqu’à votre dernier souffle ?

Non, il n’est pas question de faire la guerre au vieillissement. De toute façon, on ne peut pas la gagner. Avant, je me concentrais surtout sur ce qui n’allait pas dans ma vie. Quand on est jeune, on s’imagine que ce qui est beau va de soi, et que, quand ça coince, la vie nous joue un mauvais tour. Quand quelque chose ne me plaisait pas, cela m’obsédait. Avec le temps, j’ai appris à apprécier ce que j’ai, au lieu de me tourmenter sur ce que je n’ai pas. Et puis, bien sûr, le corps change avec l’âge. Quand l’on se regarde dans le miroir, je pense qu’il vaut mieux observer l’ensemble. En ce qui me concerne, je vis avec Ashton Kutcher, un homme fantastique, j’ai des enfants magnifiques, on continue à me confier des rôles intéressants, et je m’entends à merveille avec mon ex-mari, Bruce Willis, et mes amis. Quand on y réfléchit, on ne s’attarde plus sur les rides et les petites insatisfactions. Certaines marques de l’âge sont même jolies parce qu’on les a méritées. Bien sûr, j’encourage les gens à prendre soin d’eux, mais la beauté fait partie d’un tout.

Comme beaucoup d’autres stars, vous êtes une adepte de la kabbale. Que vous a-t-elle apporté ?

J’ai commencé ma quête spirituelle très jeune. Je puisais un peu partout et je comparais les visions de diverses écoles philosophiques. Avec la kabbale, j’ai pu tout remettre en place. La vérité est la vérité, quelle que soit son origine. La kabbale est une doctrine pratique, directement applicable à la vie quotidienne. Elle m’a fourni des ressources spécifiques qui ont considérablement amélioré ma qualité de vie.

La kabbale n’est-elle pas une doctrine sombre, mystique, une sorte de magie noire ?

Mystique, oui. Mais pas sombre. C’est une doctrine très complexe, constituée de plusieurs couches. Plus on s’y intéresse, plus on la découvre en profondeur. Ce qui m’a surtout attiré, c’est l’aspect accessible et pratique. Que peut-on tirer d’une philosophie qui ne fait que livrer des théories ? Je ne dis pas que chacun y trouve son compte, mais moi, elle me convient parfaitement. Elle m’aide à mieux canaliser mon énergie, à être plus généreuse et plus aimable envers les autres.

Vous semblez bien vous entendre avec votre ex-mari, Bruce Willis. Est-ce vraiment aussi facile que ce que l’on voit sur les photos ?

Bruce et moi avons trois enfants fantastiques et le plaisir que nous en tirons est bien plus grand quand nous le partageons que quand nous les ballottons d’un endroit à l’autre. Pourquoi se dire :  » Maintenant ils sont à moi, et à tel moment, tu peux les avoir.  » Nous étions une famille, pourquoi ne pas le rester ? Ni lui ni moi ne nous sommes mariés avec l’idée que nous nous séparions et que je rencontrerais quelqu’un d’autre. Mais la situation est ce qu’elle est. Alors pourquoi ne pas en garder le meilleur ? Nous faisons tous un effort – qui d’ailleurs n’en est pas vraiment un -, nous tenons compte des émotions et des sensibilités de chacun… Peu importe ce qu’il s’est passé entre nous, maintenant, nous apprécions chacun la compagnie de l’autre. Ne pas pardonner est tellement épuisant. Et le plus important de tout, c’est que nos enfants soient devenus de meilleures personnes grâce à notre ouverture d’esprit. Peut-être pouvons-nous également inspirer les autres en montrant que cela fonctionne.

Dans Bobby (2006), qui évoque l’assassinat de Robert F. Kennedy, en 1968, vous avez été dirigée par Emilio Estevez… un autre ex-compagnon.

Dans un couple, il arrive que l’on en arrive à la conclusion que l’on n’est pas fait l’un pour l’autre. Mais quelque chose nous a rapprochés au début… Parfois, la séparation est la seule façon de regagner l’affection ou le respect de l’autre. Avec Emilio, en tant que couple, cela ne marchait pas, mais nous sommes toujours restés en bons termes. Et quand j’y pense, je me dis que j’ai eu la chance de partager de bons moments avec lui. La même chose avec Bruce. Tout s’est bien passé pendant longtemps, nous avons formé une belle famille. De plus, je n’ai pas mis trois enfants au monde pour les élever seule. J’ai consciemment choisi que mes enfants aient deux parents. Bon, là, nous sommes trois parents, ce n’est, certes, pas conventionnel.

Dans l’émission de divertissement Saturday Night Live, sur NBC, vous vous êtes, vous-même, moquée de la différence d’âge avec Ashton Kutcher.

Oui, j’étais déguisée en petite vieille, avec un dentier. Cela m’a vraiment amusée.

Cela fait déjà un bout de temps que vous êtes avec Ashton Kutcher.

Ce qui nous lie n’a rien à voir avec son âge ou le mien. Si, après mon divorce avec Bruce, on m’avait dit que je tomberais amoureuse d’un jeune homme de 25 ans, et qu’en plus, il accueillerait mes enfants avec plaisir, je ne l’aurais pas cru. Mais très vite, j’ai eu le sentiment que je connaissais Ashton depuis toujours. En outre, c’est quelqu’un de très mature pour son âge. Et puisque tout le monde y est allé de son grain de sel pour remarquer notre différence d’âge, nous avons, dès le départ, décider de nous en moquer, en espérant que les gens se rendent compte qu’ils sont un peu sots.

Avez-vous toujours le projet de faire un bébé ?

Oui, c’est un v£u qui nous est cher. Nous sommes déjà très heureux avec trois enfants. Un de nous deux en plus, ce serait vraiment fabuleux.

Après votre divorce d’avec Bruce Willis, vous vous êtes retirée pendant cinq ans avec vos enfants dans l’Idaho. N’était-ce pas un risque trop important pour votre carrière ?

A cette période, je ne pensais pas en termes de carrière. Mon mariage était terminé et ma mère venait de décéder. La cadette avait 5 ans. J’ai grandi avec des parents divorcés qui n’étaient pas souvent présents quand j’avais besoin d’eux. Je ne voulais pas que l’histoire se répète. Ce n’était pas risqué, c’était la seule bonne décision. Je savais que si je ne restais pas près de mes enfants, je le regretterais plus tard, lorsque je serais confronté à des problèmes plus importants.

N’était-ce pas difficile de reprendre le travail ?

Oui, en effet. Je ne suis pas partie quand j’étais au sommet de ma carrière. Je ne savais dès lors pas très bien pourquoi je voulais revenir à l’écran. Ce sont mes filles qui m’ont poussée. Elles me posaient souvent la question :  » Tu ne recommencerais pas à travailler ?  » Elles devaient ressentir que cela me manquait. Mais il ne s’agissait pas uniquement de trouver de nouveaux projets. Dans le show-business, les choses changent à une vitesse incroyable, les gens vont et viennent. Je devais construire de nouveaux réseaux et informer les personnes adéquates que j’étais à nouveau disponible. Mais je conçois tout cela comme une épreuve à surmonter. Au lieu de me sentir submergée et déprimée, je me suis battue. Je considère que les obstacles sont, avant tout, des opportunités.

Pour qui allez-vous voter aux prochaines élections présidentielles ?

Un démocrate, ça c’est certain. Je suis bien sûr ravie qu’une femme soit candidate. Hillary a une très forte personnalité et elle a déjà un long parcours. Je pense que de nombreuses femmes peuvent s’identifier aux problèmes qu’elle a surmontés. Mais j’ai rencontré Barack Obama et je dois dire que je suis très impressionnée. Pas seulement par son charisme mais aussi par sa profondeur et le vrai changement qu’il incarne. Je pense que le monde entier y trouvera son compte.

Quelle est la chose la plus importante que la vie vous ait apprise ?

Quand je repense au chemin que j’ai parcouru, je me rends compte que les choses que la vie m’a offertes résultent principalement d’obstacles vaincus. Tout le monde aspire à une vie où tout se passe sans encombre, et c’est normal. Mais au bout du compte, ce ne sont pas les choses qui se sont le mieux déroulées qui vous apportent le plus. Les chances que j’ai eues et que j’ai mises à profit jusqu’à présent sont toutes issues de défaites et de combats. C’est dans les moments difficiles que les gens découvrent leur force et qu’ils en récoltent les fruits. Et puis, quelle est la chose la plus importante dans une vie ? Donner. Nous partons trop souvent du principe que nous devons toujours gagner quelque chose à aider les autres. Or, c’est justement le contraire qui nous enrichit. Que puis-je faire pour les autres, que puis-je partager ? Et le plus important ? L’amour bien sûr ! Une personne portée par l’amour est forcément une personne heureuse.

Propos recueillis par Linda Asselbergs

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