En 50 ans, l’entreprise familiale italienne a construit une collection de meubles cohérents, à l’épreuve du temps. Un design tout en finesse mis en scène, à Bruxelles, dans le nouveau parcours  » tendances  » du Salon maison et déco.

De cette maison italienne raffinée et chaleureuse, on pourrait dire qu’elle est l’une des  » grandes dames  » du design, à l’image de sa fondatrice Maddalena De Padova, toujours aux commandes de l’entreprise qu’elle lança en 1956 avec son mari Fernando. Aujourd’hui entourée de ses enfants et petits-enfants, Maddalena continue à faire avec le même panache ce qui la passionne depuis plus de cinquante ans.  » Vendre des meubles que j’aime et qui plaisent à mes clients, nous confie-t-elle dans l’élégant show-room du corso Venezia, à Milan. Depuis le temps que j’observe les clients, ici, dans le magasin, je sais ce qu’ils attendent de nous.  » Un design juste, intuitif, empreint de cette modernité qui fait les  » classiques  » – ceux d’hier et ceux de demain – que l’on pourra découvrir sur le parcours  » tendances  » du prochain salon maison et déco, à Bruxelles (lire notre encadré en page 36).

Petit poucet, avec ses 15 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel, face aux géants du secteur, DePadova a réussi à construire une collection cohérente.  » Nous voulions à la fois valoriser notre héritage, tout ce bagage que nous ont laissé des grands créateurs comme Achille Castiglioni et Vico Magistretti mais aussi de jeunes talents comme Damien Williamson ou Xavier Lust qui ont travaillé pour nous, souligne Federica Gatti, responsable de la communication de l’entreprise et petite-fille de Maddalena. Tout en restant résolument tourné vers l’avenir. « 

Cette envie permanente de découvrir de nouveaux talents a poussé DePadova à lancer cette année un concours de design international auquel pas moins de 5 402 créateurs venus de 98 pays ont participé. Première lauréate du prix Vico Magistretti, la jeune Danoise Line Depping a imaginé un astucieux bureau abritant une poche amovible susceptible d’accueillir les câbles électriques, mais aussi tout ce que l’on voudrait  » ranger  » en vitesse pour faire place nette.

 » Le design, c’est d’abord une question de rencontres « , insiste Maddalena De Padova. Des instants qui parfois vous changent une vie. Comme lorsque Maddalena fait la connaissance de Poul Kjaerholm, Charles Eames ou George Nelson dont elle distribua les meubles avant de lancer sa propre ligne de meubles en 1983. Ou qu’elle croise, après la mort de son mari, la route de l’architecte Vico Magistretti qui deviendra son compagnon et marquera de son génie les créations de la maison.  » J’ai toujours adoré mon travail, sourit-elle. Et j’ai beaucoup aimé mes hommes. Alors, mêler les deux, pour moi, ça n’a jamais été un problème. D’ailleurs on était toujours d’accord.  » La pionnière aime aussi se souvenir de sa première collaboration avec Patricia Urquiola, il y a plus de vingt ans, déjà.  » C’était un bébé alors, s’exclame-t-elle. Aujourd’hui, c’est une star. Et elle travaille toujours pour nous. « 

Un pluriel qui englobe toute la famille qui officie à ses côtés.  » Le design, nous sommes tous tombés dedans quand nous étions petits, plaisante Federica. On s’est partagé la tâche, en fonction de nos affinités. En suivant toujours les lignes directrices posées par ma grand-mère : choisir de bons professionnels qui nous inspirent.  » Mais qui gardent les pieds sur terre.

 » Un bon objet est un objet que l’on doit pouvoir vendre, martèle Maddalena. Qui n’est pas trop difficile à produire, qui ne coûte pas trop cher.  » Un pragmatisme qui n’empêche pas, parfois, un petit coup de folie, comme lorsque la maison décide d’éditer la Crédence du designer bruxellois Xavier Lust.  » C’est une pièce exceptionnelle, très belle, très moderne, justifie Federica. Parce qu’il est difficile à produire, ce dressoir n’existe qu’en série limitée. Il a d’ailleurs été acheté par de nombreux musées. Mais il reste un meuble fonctionnel qui s’intègre parfaitement dans notre collection. On a toujours mélangé la fonctionnalité au design. Le design pur, l’expérimentation ce n’est pas vraiment notre truc. « 

Depuis quelques années, sous la direction artistique de Valeria De Padova, la marque a lancé une collection  » capsule  » d’objets de déco pour la maison, uniquement disponibles dans la boutique milanaise.  » De cette manière, ceux qui n’ont pas les moyens de s’offrir l’un de nos meubles peuvent faire entrer un peu de DePadova chez eux « , explique la fille de Maddalena.  » Le fait que l’entreprise reste familiale, cela compte beaucoup pour nos clients, poursuit Federica. Notre italianité, nous en sommes très fiers, on la retrouve dans le soin que nous apportons au choix des matériaux, dans la relation que nous tissons avec les designers. Ce qui sort de chez nous est le fruit d’un travail de groupe où chacun y met du sien. Nous donnons beaucoup de nous-mêmes dans nos produits. Aujourd’hui DePadova est portée par la personnalité de ma grand-mère. Et c’est important. Mais je ne crois pas pour autant que la marque doive restée indissolublement liée à quelqu’un de notre famille. Regardez les marques de mode : un jour, c’est un directeur artistique venu de l’extérieur qui en prend la tête. Tout est possible.  » Quand on leur parle d’avenir, Federica et Maddalena lui font face avec la même détermination sereine.  » Nous sommes deux verseaux, conclut Federica. C’est sans doute pour cela qu’on se ressemble. Et que nous sommes deux idéalistes. « 

Isabelle Willot

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content