Sans jamais y aller à reculons, Anne Masson et Eric Chevalier ont tourné autour de la formulation – le titre d’une exposition ne peut jamais être fortuit, a fortiori quand il s’agit de la vôtre, avec votre travail cumulé sur dix ans et conjugué à la première personne du pluriel. Des choses à faire annonce donc la couleur tout en laissant de la place à  » l’ouverture « , ils y tiennent : il s’agira de verbe créateur, de matérialité des objets et de travail à deux et quatre mains. Car ce tandem de designers textiles, qui vit et travaille à Bruxelles, s’est construit un terrain exploratoire à la mesure de son obsession pour le fil et de ce qui en découle – la forme, la texture, la structure, le motif et les variations chromatiques. Depuis 2005, date à laquelle ils ont officialisé leur duo, ils signent leurs objets d’un Chevalier Masson qui a tout à voir avec la noblesse, celle qu’ils mettent dans la réalisation forcenée, dans le sens  » emportée par une folle ardeur « , de leurs créations. Très tôt, ils ont inscrit la maille dans leur parcours, pour cette particularité qui ne tient qu’à elle :  » La possibilité de concevoir d’emblée une forme, la liberté que permet le tricot dans les effets de surface, la construction d’un volume et même la déconstruction, le détricotage…  » Et quand cette discipline leur permet d’élargir leur horizon, de collaborer et de coopérer avec d’autres – ce qu’ils appellent  » l’élasticité du travail  » -, c’est autant de pris sur l’ennemi, les risques en plus. Avec un plaisir non dissimulé, ils mêlent leurs noms accolés à ceux de 51n4e et Baukunst (architectes), de Pierre Droulers et Thomas Hauert (chorégraphes) ou Diane Steverlynck (designer),  » un vrai moteur « . La preuve : cette couverture baptisée Motion, imaginée et produite par Diane Steverlynck et Chevalier Masson, sous le label Laend, en 2014. A l’origine, chacun dans son coin, sans se consulter, avait lancé  » des recherches sur la question du fil et la façon d’y inscrire des rythmes colorés qui se répercutent dans une surface « . Quand la confluence eut lieu, ce fut une évidence, ces projets se glissaient dans le sillage l’un de l’autre, l’intuition collective comme un enrichissement. Dans les écuries du Grand-Hornu et dans le catalogue publié pour l’occasion aux éditions Mer Paper Kunsthalle (Gand, 2015), Chevalier Masson s’apprête à partager ses trames intimes.

Des choses à faire, Centre d’innovation et de design au Grand-Hornu, site du Grand-Hornu, 82, rue Sainte-Louise, 7301 Hornu. www.cid-grand-hornu.be et www.chevaliermasson.be Du 4 octobre au 10 janvier prochain.

PAR ANNE-FRANÇOISE MOYSON

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