Des petits paradis en Espagne et en Grèce
L’Espagne et la Grèce recèlent encore des petits bijoux isolés où il fait bon passer quelques jours loin des foules estivales. Rendez-vous à Formentera aux Baléares, à Kastellorizo dans le Dodécanèse et à Gramvousa en crÈte.
Baléares
Formentera la légendaire
Lorsqu’on évoque les Baléares, on pense à Ibiza, aux boîtes de nuit géantes, aux plages bondées… Pourtant, à quelques encablures à peine du royaume des fêtards, demeure un des derniers paradis sauvages de la Méditerranée. Il faut dire que Formentera a un sacré caractère ! Avec ses falaises abruptes, rongées par les flots, l’îlot indompté fut le repaire idéal où se réfugiaient les pirates maures après leurs larcins puis, des siècles plus tard, le sanctuaire des hippies en goguette. La légende îlienne jure même que Bob Dylan en personne serait venu se ressourcer et écrire des chansons au moulin de la Mola, situé à la pointe sud-est de l’île… Non loin de là, un phare du même nom est perché au-dessus de grottes naturelles uniquement accessibles par bateau. La légende affirme encore que l’une d’entre elles abritait jadis un fabuleux trésor caché par les Maures puis récupéré par des marins normands, il y a quelques siècles… Par cette terre riche en mythes alléchants, Jules Verne vint ici admirer le somptueux spectacle des rochers tombant à pic dans la mer, afin d’y fixer le point de départ de bien des voyages imaginaires : c’est précisément à la pointe de la Mola qu’Hector Servadac, le héros des » Voyages et aventures à travers le monde solaire « , débuta son aventureux périple. Les îliens reconnaissants élevèrent sur les rochers, entre mer et ciel, un monument en son honneur.
Playa es Calo, Sant Francesc Xavier, Sant Ferran… sur la route qui longe les 18 kilomètres de côte, on croise dans les villages des paysannes en costume noir traditionnel, sortant de leur maison rustique encore dotée d’un four à pain. Quelques kilomètres plus loin, on change d’univers : à El Pilar, on trouve un marché hippie où les artisans locaux vendent bijoux, poteries et tissus très » seventies » ainsi que des effigies de Pau Riba, chanteur folk de renom venu se réfugier, dans les années 1970, à Formentera. On les comprend. Le long du littoral, sur les plages de sable blanc bordées d’une eau transparente aux reflets verts, turquoise et bleus, on se retrouve loin du xxie siècle, dans un décor vierge, une mer pure où l’on s’attend à tout moment à voir apparaître, au loin, la voile d’un navire maure.
Dodécanèse
Kastellorizo l’orientale
Perdu à une centaine de kilomètres de Rhodes, ce confetti de pierre est la plus orientale des îles grecques. Mal desservie par les ferrys, Megisti, l’île principale de ce minuscule archipel û 300 habitants à l’année û se mérite. Pourtant, cet îlot du Dodécanèse ne se trouve qu’à… 2,5 kilomètres des côtes turques. Longtemps il a été formellement interdit d’y accoster depuis la Turquie. Aujourd’hui, muni d’un passeport, on peut y faire un saut depuis le port turc de Kas. Mais si l’on vient de Rhodes, c’est au terme de quatre heures de navigation que l’on découvre l’anse abritant Kastellorizo, ses villas aux balcons de bois et ses toits de tuiles rouges s’étageant sur la douce pente d’une colline. Au sommet, la forteresse des chevaliers de l’ordre de Saint-Jean, érigée sur le rocher rouge ( » rosso « ) qui a donné son nom à l’archipel.
Du quai, on s’enfonce dans les petites ruelles anarchiques aux maisons en ruine et envahies par les ronces, avant de redescendre vers Mandraki ou de pousser, au terme d’un long escalier de pierre blanche, jusqu’au monastère de Moni Agiou Georgiou et sa chapelle souterraine.
Longtemps sous le joug de l’Empire ottoman, l’île, qui, curieusement, était italienne entre 1928 et 1948, offre quelques plages, mais surtout d’adorables criques préservées, paradis du » snorkeling » (on a parfois la surprise d’y croiser des phoques moines…). On est loin, très loin, de la foule de Mykonos ou de Santorin…
Crète
Gramvousa l’hédoniste
Accrochée à la pointe occidentale de la Crète, Gramvousa a échappé au développement touristique qui a défiguré une bonne partie des côtes crétoises. Sur cette presqu’île protégée et classée, vierge de toute construction, on se balade le long des sentiers muletiers, observant de petites chapelles typiques entourées de lauriers-roses. Il fait bon s’arrêter à celle d’Agia Irini pour se désaltérer à la source d’eau fraîche qui jaillit au beau milieu de la végétation. On reprend ensuite sa marche vers le bout de la péninsule. Là, une lagune aux courants turquoise s’est lovée en pleine Méditerranée… C’est le lagon de Balos, avec son sable d’un blanc immaculé et ses eaux peu profondes. Un paysage presque irréel : à l’heure où le soleil d’été frappe à l’horizontale l’immense étendue d’eau que rien ne vient troubler, les Crétois affirment qu’on peut voir briller dans le lointain d’incroyables mirages de lumière. Et quand le dernier bateau repart vers le port de Kastelli, que le soleil se couche sur l’eau cristalline, la presqu’île retrouve sa beauté d’origine du monde.
Fleur De La Haye et Jérôme Dupuis
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