À défaut de pouvoir vous meubler en total look Starck ou Urquiola, offrez-vous leur déco, à l’essai. Le temps d’un minitrip dans un hôtel de charme, pensé par une grande star du design.

Longtemps, sous l’appellation  » hôtels design  » se cachaient des lieux d’une pâleur clinique ou leurs pendants rococo peuplés de lustres en cristal noir et de fauteuils baroques couleur pain brûlé. Les tendances kitsch et minimalistes ont heureusement vécu. L’heure est désormais aux formes organiques, aux matières chaleureuses, aux objets chinés, aux chambres habitées par l’âme du designer – une star bien souvent – qui en a pensé la déco. Ces néo-adresses chics, malgré la taille parfois imposante de certains établissements, nous donneraient presque l’illusion d’entrer chez eux. On n’a pas trouvé mieux pour découvrir et tester ces meubles et accessoires griffés – des liseuses, des lits, des baignoires – mis en situation quasi réelle. Comme dans les pages mode d’un magazine, le stylisme fait rêver. À défaut d’oser le total look proposé, on peut au moins s’en inspirer. Tour d’horizon des meilleures adresses  » hotel sweet home  » du moment.

L’urbain. L’exercice était loin d’être facile : comment donner de l’âme à ce qui jusque-là était le siège social d’une banque et en faire un hôtel 5-étoilesà d’inspiration orientale, au c£ur de Barcelone, sans tomber dans le kitsch à deux sous. D’emblée on est subjugué par l’atrium en majesté sur lequel s’ouvrent les 98 chambres. Patricia Urquiola a travaillé plus de trois ans sur ce projet fou, en partenariat étroit avec les éditeurs – B&B Italia, De Padova, Flos, Morosoà- qui depuis des années lui font confiance. Dans les chambres, c’est le blanc crémeux qui domine, réveillé par les éclats lumineux avant-gardistes des lampes Caboche créées par la designer pour Foscarini. Les garde-robes laquées, les écrans de bois et de tissus rappellent l’héritage asiatique de la chaîne hôtelière. À ne pas manquer non plus dans le lobby, auquel on accède par un pont suspendu surplombant le restaurant Blanc : les tapis en laine et soie faits main pour la firme Tai Ping et les d’£uvres d’art de l’artiste chinois Huang Yan. Dépaysement garanti.

www.mandarinoriental.com

Le néo-provençal. (1.) et (2.) C’est à l’ombre des cyprès d’un parc de 11 000 m2 que se cache le Sezz Saint-Tropez, entièrement aménagé, comme son grand frère parisien, par le designer français Christophe Pillet.  » Il s’agissait de créer un hôtel simple, calme, paisible qui évoque sinon la maison de famille, au moins la maison de vacances, explique-t-il. Nous sommes à Saint-Tropez et nulle part ailleurs. Je joue donc avec les  » aspérités locales  » tout en refusant l’exotisme. Lier le dedans et le dehors, jouer avec des sensations, des émotions a été pour moi un souci constant.  » Tout ici est mis en scèneà pour avoir l’air naturel. Les 35 chambres – des bungalows ouverts sur des terrasses et des jardins privatifs – aux murs en béton structuré sont toutes meublées de créations exclusives de Christophe Pillet pour Emeco, Duravit, Porro, Boffi… Sa scénographie épurée joue à fond la carte rétro, tendance Mad Men, ponctuée par quelques notes de marron foncé, de bleu ciel et de safran.

www.hotelsezz-sainttropez.com

L’iodé. (3.) et (4.) En acceptant de ressusciter l’une des gloires hôtelières du bassin d’Arcachon, Philippe Starck a laissé de côté ses codes de luxe habituel. Dans le lobby conservé à l’identique, le bois sombre, les fresques et le mobilier d’époque semblent se souvenir des stars de la Belle Époque – acteurs, peintres, écrivainsà – qui autrefois ont fait les beaux jours de La Corniche. Dans les chambres qui ouvrent toutes sur un panorama de cartes postales, le lit parfois surmonté d’un miroir s’appuie sur un petit bureau. Sur l’étagère qui parcourt les murs en hauteur, des  » objets traces  » comme aime les appeler Starck – des bonbons, des pommes, des assiettes, des éventails – se mêlent à des photos anciennes, des £uvres d’art récentes et beaucoup de livres.  » Des témoignages de vie et d’envies, supports d’une divagation féconde « , assure le créateur français qui a aussi truffé les lieux de  » totems  » (une huître, un bac, une pinasse, un verre ballon et une dune) en aluminium massif coulé et poli, comme autant de symboles surréalistes de la région.

www.lacoorniche-pyla.com

L’exotique. (1.) et (2.) D’abord, il y a l’incroyable localisation de la propriété : à front de mer des Caraïbes sur l’île de Vieques, au large de Porto Rico. Une terre protégée sur laquelle s’ébattent encore des troupeaux de chevaux sauvages. Plus qu’un hôtel, le W Retreat & Spa est un  » resort  » comme disent les Américains. Le mot d’ordre de la créatrice espagnole Patricia Urquiola est  » l’élégance rustique  » : pour composer ce décor chaleureux, la star du design n’a pas hésité à mêler des matériaux recyclés et de l’artisanat local à des meubles réalisés sur mesure par le fabricant B&B Italia, des sofas signés Moroso garnis de coussins moelleux XXL, des chaises de jardin Kettal et les lampes métalliques Allegretto de l’Atelier Oï pour Foscarini suspendues en majesté dans le lobby où le bois – des lattes brutes de différentes nuances – est omniprésent. Des imprimés multicolores réveillent les murs beiges et blancs des 157 chambres et suites, toutes pourvues de balcons ou de patios privés. Au-dessus du lit, un ventilateur à pales accentue le côté vintage chic de l’endroit, renforcé encore dans la salle de bains par la baignoire en acier peint créée par Agape – et commercialisée sous le nom deà Vieques – surmontée d’une rainshower tropicale.

www.whotels.com/vieques

Le modeux. (3.) et (4.) C’est au c£ur du faubourg Saint-Honoré, à Paris, que le décorateur Didier Gomez a conçu ce cocon très couture, annexe de luxe du Sofitel qui ne comprend que des suites et un appartement (22 au total). Considérant que chaque acte de création doit s’inscrire naturellement dans l’environnement, le designer a voulu rendre hommage à la mode, en s’inspirant de l’élégance des salons des grandes maisons françaises. L’ivoire, le noir et le gris donnent le ton, sublimés par de petites touches d’or, de cristal et d’améthyste. Les grands miroirs, les bergères, les pilastres et les lambris racontent le siècle des Lumièresà with a twist. Le contraste naissant de la juxtaposition de tapis graphiques et de magnifiques photographies signées des plus grands noms de ces dernières décennies.

www.sofitel.com

Par Isabelle Willot

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