Une culture. Notre pudeur occidentale sera peut-être heurtée, choquée mêmeà Mais, au Japon, le sexe relève du domaine sacré et fait partie de la culture ancestrale !  » Tout le monde parle de ce pays à travers ses arts martiaux, son esprit zen. C’est une approche coupée de la réalité, affirme Agnès Giard, auteur du livre Les objets du désir au Japon (*) et de deux autres opus sur l’érotisme nippon. Là-bas, le même idéogramme – sei – désigne les mots  » sexe  » et  » vie « . On ne peut donc séparer la culture  » noble  » de l’aspect prosaïque et charnel.  »

Des symboles. A y regarder de plus près, les rites japonais sont en effet amplement connotés.  » Dans les coutumes qui entourent la culture du riz, par exemple, les femmes doivent chevaucher des espèces de phallus géants pour porter chance aux récoltes, illustre l’auteure. Et, lorsqu’on pénètre dans un sanctuaire Shinto, on passe par un portail rouge sans battants qui symbolise le vaginà  » Le mont Fuji, quant à lui, dissimule également, une forte signification sexuée.  » Ce volcan sacré – en réalité la plus haute  » montagne  » du pays -est un symbole phalliqueà C’est pourquoi on le retrouve notamment sur les boîtes de préservatifs (6.).  » Quant à l’élégant parapluie, que les touristes s’empressent de ramener de leur voyage, il a une signification bien ambiguë.  » A l’instar de notre c£ur, il représente l’amour, le fait de chercher refuge l’un contre l’autre.  » Résultat : proposer à une femme de la protéger sous son parapluie, peut être pris pour une technique de séductionà Voire davantage puisque le parapluie peut évoquer, par sa forme, le mont Fuji !

108 objets. De ces symboles érotiques à n’en plus finir découlent des objets étonnants. Agnès Giard a rassemblé, dans son ouvrage, 108 de ceux-ci (3., 4., 5., 7. et 8.)– une allusion aux 108 désirs humains répertoriés par la culture japonaise – tantôt anodins, tantôt véritables sextoys. A travers ceux-ci, elle raconte le Japon à sa manière. A l’image du Daruma (2.), cette statuette sans bras, ni jambes. Selon la légende, ce personnage resta neuf ans devant un temple où il ne pouvait pénétrer et finit par percer de son regard la porte d’entrée. Dès lors, les yeux devinrent un symbole phallique et, aujourd’hui, cette poupée est utilisée comme amuletteà  » On retrouve aussi cette tradition du regard perçant dans les mangas : lorsqu’un personnage est excité, ces yeux lui sortent réellement des orbites « , ajoute la spécialiste. La main (1.) est également, au Japon, bien plus connotée que chez nous,  » car le plaisir féminin est beaucoup mieux pris en compte, observe Agnès Giard. Dès lors la star nationale des films X n’a pas commercialisé des phallus en silicone à son effigie – comme aurait pu le faire Rocco Siffredi – mais bien une main !  » Comme quoi, des objets qui pourraient être considérés comme futiles, ou vulgaires, peuvent révéler l’étendue d’une culture millénaire.

(*) Les objets du désir au Japon, par Agnès Giard, Drugstore, 336 pages. Sortie prévue le 5 décembre prochain.

Par Fanny Bouvry

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