De projet en projet, François Marcq confirme avec maestria ses talents d’architecte d’intérieur contemporain. Il a ouvert à Weekend les portes de son appartement bruxellois. Un havre de paix au milieu de la ville.

Carnet d’adresses en page 131.

L a porte à laquelle il faut sonner pour pénétrer chez François Marcq est celle d’un garage. Certes, celle-ci est de belle facture, mais basse, comme l’est tout autant la pièce qu’elle dévoile et qui servait autrefois à mettre une petite berline à l’abri. Il faut traverser cet espace tampon, clos par deux surfaces en verre mat, et ouvrir une porte pivotante pour découvrir l’univers du célèbre architecte d’intérieur belge. Il y a tout d’abord la pièce principale, haute de plafond, dépouillée, meublée de quelques pièces choisies. De la végétation verdoyante signale la petite cour arborée. Et en contrebas, on devine la cuisine rouge vif et son plan de travail en Inox. L’escalier qui y mène, creusé dans le sol, conduit aussi à la chambre, d’un blanc immaculé. En face, une très belle photographie de Hervé Charles apporte une explosion de couleur.

Montois de naissance, diplômé de l’école Saint-Luc à Tournai, François Marcq multiplie les projets. Il a entre autres réalisé l’aménagement du restaurant Lola, une des enseignes phares du Grand Sablon, à Bruxelles. Un endroit résolument contemporain dans ses lignes et couleurs… qui fêtera ses 10 ans l’année prochaine. D’autres commerces portent aussi sa signature, comme les boutiques Olivier Strelli.  » Je ne suis pas un personnage public, assure pourtant François Marcq. J’aime une certaine réserve. C’est sans doute cette discrétion qui émane des lieux qui m’a séduit lorsque j’ai acquis cet appartement, qui communique avec la rue par la seule double porte du garage. Il s’agit de l’ancien atelier d’un garagiste enclavé dans le tissu urbain, auquel j’ai pu joindre une sorte de chambre de bonne, située un demi-niveau sous celui de la rue.  »

Avant de s’installer, François Marcq a entrepris des travaux de fond, comme excaver pour créer une hauteur suffisante dans la pièce devenue cuisine. De la même manière, il a créé un mur de soutènement dans le jardin qui permet de dégager la vue depuis la chambre.  » Ce petit îlot de quelques mètres carrés, je l’ai voulu zen, poursuit-il. D’ailleurs, les plantes sélectionnées sont toutes deux asiatiques : des bambous de 6 m de hauteur et un ginkgo biloba, un arbre millénaire qui, avantage non négligeable, supporte très bien l’air et le climat de la ville.  » Pour couvrir le sol, François Marcq a préféré des galets blancs au gravier des jardins japonais. Outre leur forme intéressante, ceux-ci agrandissent visuellement l’espace, apportent de la lumière et mettent en évidence le siège  » Thinking Man’s Chair « de Jasper Morrisson (Cappelini).

 » J’aime surtout regarder ce jardin éclairé le soir, confie François Marcq. Que ce soit depuis le salon et, davantage encore en lisant un livre, allongé sur le lit.  » Située sous le niveau du sol, la chambre monacale, simplement colorée par la tête de lit rectangulaire, laquée couleur gris bleu, est reliée à la salle de bains par un petit couloir étroit. Celui-ci permet de marquer le passage du clair au sombre, tout en maintenant une même volonté de dépouillement. Sobre, la salle de bains l’est aussi dans ses lignes pures. Le bois sombre du mobilier y tranche avec le béton brut. Et pour agrandir l’espace, un grand miroir a été placé sur le mur à côté de l’évier.  » Il me manque encore une note de couleur, regrette François Marcq. Quelque chose qui amène de la gaieté. Je pense à la faire intervenir par le biais du porte-essuies, une longue barre à installer près de la baignoire.  »

La couleur est bien présente, en revanche, dans la cuisine, avec cette grande surface rouge û un panneau de MDF laqué û qui encadre et délimite le plan de travail signé Bulthaup revêtu d’Inox et d’aluminium. Quelques vases jaunes et rouges viennent compléter cette diversion dans un espace aveugle. Pour y faire pénétrer l’air et û un peu û de lumière, l’architecte d’intérieur a découpé un rectangle dans le sol du salon, créant ainsi une sorte de fenêtre. Le mobilier de la cuisine a lui aussi été sélectionné avec beaucoup de soin. Autour de la table ronde de Knoll, on trouve notamment des chaises grillagées de Bertoia.

Dans le salon, la liste des designers et créateurs est impressionnante : Isamu Nogushi pour une lampe en papier japonais, Tojo, la lampe des frères Castiglioni, Nagato, le tabouret de Christian Liaigre, un siège de Arne Jacobsen, les fauteuils de la marque Dunbar…  » Ce qui m’importe avant tout dans le choix des mobiliers ou des objets, c’est qu’ils soient entrés dans l’histoire, qu’ils ont en quelque sorte fait leur maladie, note François Marcq. Ce sont des éléments contemporains, mais devenus intemporels à nos yeux.  » Mais le véritable art de l’architecte d’intérieur est d’abord de créer l’ensemble, de dessiner les volumes. Parce qu’il aime s’entourer de sobriété, François Marcq n’a fait aucun compromis de type décoratif.  » Je déteste le camouflage, conclut-il. Ainsi, j’ai gardé, partout où il y en avait, le béton brut, avec les traces du coffrage. Au sol, c’est aussi du béton, une chape à la finition lissée appliquée avec une machine qu’on appelle l’hélicoptère. Et puis, tous les murs sont peints en blanc.  »

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content