Barbara Witkowska Journaliste

L’un pour Elle, l’autre pour Lui… Ils portent le même nom. Voici les duos parfumés, mariés pour le meilleur et cohabitant en parfaite harmonie.

D édier un parfum à une ville ? Yves Saint Laurent a eu l’idée, le premier, de baptiser l’un de ses jus Paris. Aujourd’hui, c’est un autre grand de la couture qui célèbre sa ville natale. Paul Smith adore Londres pour sa personnalité  » schizophrène « . D’un côté, l’histoire et la tradition, de l’autre, la folie, l’extravagance et l’excentricité. Le même esprit dualiste envahit sa mode. Un seul exemple : un costume pour homme est taillé dans un tissu d’excellente qualité, la coupe est plus que parfaite, les finitions sont irréprochables. A l’intérieur ? Une doublure violet vif insolent, comme un petit clin d’£il, un petit secret un peu fou à partager avec le couturier. Et puisque Paul Smith habille l’homme et la femme, il y a London pour Elle et London pour Lui. Dans la version féminine, les notes fraîches de citron et de seringa chahutent les accords plus suaves de feuilles de lilas, de jasmin et d’héliotrope. Mais la vedette est tenue par le patchouli qui évoque si bien l’ambiance des années 1960 du  » swinging London « . Paul Smith est un grand romantique. La version masculine est teintée de la même nostalgie. Le vétiver, en souvenir d’une époque  » hippy-happy « , est admirablement entouré par la mandarine verte, les feuilles de violette et la lavande. Les flacons sont inspirés des fioles d’apothicaires anciens, superbement recolorés par Paul Smith, en rouge profond pour Elle, en bleu cobalt pour Lui. Dernier clin d’£il ? Les très chics boîtes tubulaires où sont glissés les flacons. On aperçoit en relief un ancien plan de Londres. Si, en l’étudiant, l’envie vous prend d’y effectuer un city-trip, sachez que les endroits chéris de Paul Smith sont le Holland Park, où courent des lapins en liberté, le Sir John Soanes’s Museum, avec sa collection de bibelots réunie par l’architecte éponyme, et le Chelsea Physic Garden.

Le chic à l’italienne

Le nom de Salvatore Ferragamo fait penser, tout d’abord, à la chaussure. A la célèbre ballerine créée pour Audrey Hepburn en 1954, notamment. Mais aussi à ces escarpins d’une élégance suprême, arborés par les stars hollywoodiennes. Titillée par cette renommée, la griffe florentine a élargi, au fil des ans, son univers, avec des collections de prêt-à-porter de luxe et d’accessoires. Le tout empreint du même esprit de sophistication subtile. Deux fragrances lumineuses viennent aujourd’hui ajouter la dernière touche raffinée et ensoleillée. Leur nom, Incanto, signifie  » enchantement « . Un seul mot pour synthétiser l’esprit italien, fait de magie, de légèreté, d’insouciance et de nonchalance. Plus qu’un accessoire de mode, Incanto s’inscrit dans la durée et dans l’intemporalité. Chez Ferragamo, à la tendance, on préfère l’attitude. Dans la version féminine, la pêche, le lys rouge de Florence, le jasmin, la pivoine et l’ambre tissent un voile parfumé moelleux et sensuel, comme nappé par la chaleur du soleil italien. Incanto au masculin ? Il a choisi la bigarade de Sicile et les notes somptueuses boisées de cyprès de Toscane.

Timides s’abstenir !

Avec Roberto Cavalli, on quitte l’univers chic et discret pour aborder l’autre facette de la mode italienne : extravertie, extravagante, exubérante, très show of, très glamour, un peu trash et, surtout, résolument sexy. Le pétillant quinquagénaire n’impose aucune limite à sa créativité. Ses coupes audacieuses et ses impressions sur cuir sont époustouflantes. Ses patchworks épatent par des tourbillons de couleurs et de motifs enflammés. Les héroïnes et les héros de Roberto Cavalli assument pleinement leur look hippie déjanté et avancent dans la vie d’un pas ferme, en n’ayant peur de rien. Le couple parfumé Just Cavalli ? Audacieux et déluré. Le flacon, un objet  » cavallien « , est un bloc, moitié en verre, moitié en Plexi-glass. Côté face, l’imprimé zébré, côté pile, imprimé pythonné. Rose pour Elle, bleu pour Lui. Imprévisible et coquine, elle piège son amoureux avec les notes provocantes, caressantes et sensuelles de cannelle de Ceylan, de feuilles de bambou, de fleur d’abricotier et de vanille de Madagascar. Lui, en bon macho italien, il lui offre un c£ur iris-musc-épices, tendre, enfiévré et inoubliable.

Les élitistes

Il y a les fashion victims et puis les autres. Les premiers suivent la tendance à la lettre et, à chaque saison, craquent pour une panoplie d’accessoires et d’objets que l’on définit aujourd’hui comme  » must have « . Les autres, plus individualistes, se moquent des tendances et préfèrent les valeurs sûres, des objets beaux et qualitatifs qui traversent les décennies sans la moindre ride. Le stylo Montblanc, par exemple. La griffe allemande l’accompagne d’un parfum, appelé à Individuel. Le jus bleu-argent glacé coule dans un bloc de verre. Au-dessus d’un col en argent trône un imposant cabochon, siglé de l’étoile Montblanc. L’écriture de la fragrance est virile, élégante et affirmée. La bergamote de Calabre, auréolée de romarin et de lavande, signe une belle ouverture. Dans le c£ur, chaud et onctueux, se bousculent le géranium, la fleur d’oranger, la violette et le jasmin, relayés, en finale, par un sillage boisé plein de caractère. Voici sa compagne, Individuelle Femme, habillée de rose. Composée comme un poème romantique, elle s’écrit avec des baies roses, des groseilles mûres, des pétales de rose et de fleur de lotus. Pas de sillage boisé. Juste un soupçon de vanille et un nuage de musc. La féminité à l’état pur.

Les jus de joaillier

Quand Bulgari a commencé à flirter avec les parfums, il a choisi pour fil conducteur le thé. Le thé blanc, le thé vert ou encore le thé Masala ont contribué au beau succès de quelques fragrances élégantes et précieuses. Puis est apparu Blu. Décliné au féminin et au masculin, il a dévoilé une autre facette du talent du joaillier romain qui a joué sur le contraste chaud-froid. Pour Elle, les accents frais et glacés du gingembre et de la glycine se mêlent à la chaleur de la vanille et de l’acacia. Pour Lui, la même fraîcheur de gingembre est associée à la profondeur veloutée de la fleur de tabac. Voici une nouvelle version, plus intime, de ce duo surprenant. Blu Notte pour Femme et pour Homme, enrichis de notes gourmandes de chocolat, se font plus caressants et plus chatoyants. En prime, quelques gouttes de Vodka pour Elle, quelques accents denses et intenses de bois de wengé pour Lui.

Séduction à l’espagnole

Une fragrance espagnole, c’est plutôt rare. Le couturier galicien Roberto Verino est apprécié dans son pays pour ses coupes sobres, nettes et classiques qu’il agrémente de détails ludiques et fantaisistes, empruntés aux cultures du monde entier. Ses parfums s’appellent VV , tout simplement, pour dire Verino et Vie. Le féminin, tout d’abord. Pour lui construire une personnalité bien distincte, caractéristique de l’Espagne, le couturier a fait appel à Alberto Morillas. Le célèbre compositeur espagnol a abandonné l’architecture classique en triangle (notes de tête, de c£ur et de fond) et a opté pour une forme sphérique où toutes les notes jaillissent à l’unisson et tourbillonnent joyeusement dans une harmonie totale. Dans ce cocktail, on hume des agrumes, des épices exotiques, l’enivrant jasmin et des accents boisés de santal et de musc. C’est à la fois dynamisant, plein de souffle et terriblement féminin. En version masculine,  » VV  » réunit des agrumes, un voluptueux bouquet de roses et de violettes, ainsi que des notes très sensuelles de bois de cèdre, de patchouli et d’ambre gris. Tout aussi intense et énergique que son alter ego féminin, il est aussi terriblement viril.

Fragrance coup de foudre

Loris Azzaro avait un charisme magnétique et fascinant. Séducteur-né, il a dédié sa vie à l’éloge de la séduction, aussi bien dans sa mode que dans ses parfums. Visit, le dernier parfum qu’il a créé, est un masculin. Son écriture ressemble à l’histoire d’un coup de foudre, interprétée olfactivement par un départ vibrant et épicé et un fond suave et caressant d’ambre gris et de musc. Mais l’essentiel est dans le c£ur. Le cèdre bleu du Liban, le bois de gaïac et l’arbre à encens font chavirer les sens. Alors, pour y répondre en beauté, voici Visit pour Elle. Un soupçon de piment, une overdose de rose et de jasmin sur un lit boisé et ambré…

Une nouvelle Cologne unisexe

L’Eau de Cologne retrouve ses lettres de noblesse et devient très tendance. Profitant de cet engouement, Roger & Gallet, qui connaît cet univers sur le bout des doigts, propose une Eau raffinée et délicate, baptisée en toute simplicité Cologne. En guest star ? L’oranger sur toutes ses facettes. L’odeur des feuilles, des fleurs et du bois d’oranger flirtent avec les accords fruités de la mandarine, du basilic et de la verveine, du jasmin et de l’ambre clair. Résultat ? On a l’impression de se promener dans un beau jardin en Espagne, par une journée tiède et lumineuse. Le flacon, sobre, simple et luxueux par son poids de verre, est coiffé d’un bouchon facetté vert évoquant le feuillage de l’oranger. Destinée à l’homme et à la femme, Cologne est une des très belles réussites de cet automne. ( Disponible à partir du 2 novembre prochain.)

Barbara Witkowska

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