En concevant l’architecture et la décoration de restaurants et de bars branchés à Miami, le créateur français Stéphane Dupoux révolutionne la scène américaine du design. Gros plan sur un architecte-designer aux idées extralarges.

En Floride, et plus spécialement à Miami, les beautiful people les plus en vue du moment ont désormais établi leurs quartiers généraux au Nikki Beach, au Pearl, au Strand, au Touch ou encore à l’Opium Gardens. Le point commun de ces endroits d’exception fréquentés assidûment par la jet-set ? La patte d’un jeune créateur français qui, un beau jour, sur un coup de tête, a quitté l’hexagone pour succomber au charme inoxydable du fameux rêve américain…

Parti de rien ou presque, Stéphane Dupoux s’essaie à bien des métiers avant de trouver sa vocation. Pourtant, dès sa plus tendre enfance, il manifeste un intérêt plus que certain pour l’art et la création.  » Cela n’a rien d’étonnant puisque j’ai grandi, dans le sud de la France, au sein d’une famille d’artistes, explique le créateur. Mon oncle, mon grand-oncle et mon grand-père étaient aquarellistes… Je dessinais déjà à l’âge de 6 ans et, à 10 ans, je réalisais mes premières sculptures. A 11 ans, j’ai monté mon premier business. Je construisais des chaises miniatures à l’aide de pinces à linge en bois que je collais et vernissais. Je les garnissais avec des petits coussins en tissu provençal confectionnés par ma grand-mère avant de les vendre sur la plage.  » Stéphane Dupoux poursuit ensuite des études classiques avant de se tourner vers les mathématiques, la physique et la chimie. Bien vite, il se rend compte qu’il n’est pas fait pour cela. Il plaque tout et s’installe à la montagne pour devenir professeur de ski. Il exerce ce métier avec passion pendant cinq ans. Puis, à l’âge de 25 ans, des amis l’invitent à séjourner chez eux, en Floride, à l’époque de Noël.  » Je suis tombé amoureux de la région et je ne suis jamais rentré en France… Pendant deux ans, je me suis contenté de m’amuser. Ensuite, j’ai commencé à travailler dans le secteur de la construction, tout au bas de l’échelle. Je faisais du plâtre, posais des carreaux, etc. Petit à petit, j’ai commencé à monter une petite entreprise de peinture murale spécialisée en fresques et en trompe-l’£il…  »

Au fil du temps, le créateur gagne la confiance de ses clients et commence à dessiner et à fabriquer des meubles. Il réalise des projets de plus en plus élaborés jusqu’au jour où on lui propose de participer à un show de design. Bingo, il est élu meilleur designer du show. Fier de ce succès, il constitue un dossier sur son travail et l’envoie à l’American Society of Architects and Designers afin de présenter le concours d’architecture. Sa candidature acceptée, il s’investit à fond dans ses études et décroche le diplôme d’architecte-designer.  » De fil en aiguille, j’ai commencé à aménager des lieux publics dans le secteur de l’hôtellerie et de la restauration. Tous les endroits que je concevais avaient du succès et il y a eu un effet boule de neige. La majorité des lieux que j’ai créés à Miami comptent toujours parmi les plus branchés du moment et j’ai été rapidement propulsé dans le monde du design et de la hype…  »

Le secret de son succès ? Donner une âme et une énergie à un endroit en le meublant en trois dimensions tout en jouant avec les volumes, les espaces, les couleurs et les matériaux de façon ludique et originale.  » J’aime mélanger les époques pour créer un espace temps. Mon rêve le plus cher ? Que les gens qui fréquentent mes établissements s’y sentent bien et souhaitent y rester. Je n’ai jamais chercher à attirer une clientèle branchée car il n’y a pas de formule magique pour la séduire. C’est un concours de circonstances, il se fait que ma façon de travailler lui plaît. Un ami psychologue m’a dit que je lui offrais tout simplement quelque chose qu’elle ne connaissait pas encore !  » Une certitude cependant : les endroits aménagés par Stéphane Dupoux sont toujours très originaux et affichent une identité très forte. L’année passée, par exemple, le créateur a remporté le prix du meilleur designer pour le Pearl à Miami, un endroit au look très seventies évoquant un peu le film culte de Stanley Kubrick  » 2001 Odyssée de l’Espace « . Entièrement blanc, ce restaurant baigne dans une douce lumière orangée qui donne bonne mine et fait que les convives se sentent beaux. Les impressionnants sièges en forme de coquillages sont recouverts de fourrure orange, une création aussi amusante que séduisante. Autre concept décapant, le Cielo, construit à New York pour des fans de musique des années 1970.  » La musique et les seventies constituaient naturellement les ingrédients de base du projet. J’ai recréé l’atmosphère d’un studio d’enregistrement à l’aide de rondins de mousse tapissés d’alcantara en dégradés de couleurs. Ils donnent une impression de confort très cosy et insonorisent en outre parfaitement la salle.  » Le Cielo vient d’ailleurs d’être nominé au concours du meilleur design, de la meilleure musique et de la meilleure atmosphère de l’année.

Pour la discothèque Opium Gardens, Stéphane Dupoux a développé le thème asiatique mais en lui conférant un côté résolument contemporain.  » Pour ce projet, j’ai projeté le passé dans le futur pour avoir une meilleure compréhension du présent. J’ai décoré l’endroit à l’aide de tapisseries, de lanternes chinoises géantes, de masques et de bouddhas pour créer une utopie spirituelle synthétisant l’idéalisme ancien et l’effervescence moderne.  »

Après avoir conquis les Etats-Unis, où il va encore créer trois nouvelles tours pour Donald Trump, Stéphane Dupoux vient de poser le pied en Europe en ouvrant un bureau à Paris. Actuellement, il planche sur un concept d’hôtel design en Pologne et sur un projet encore top secret à Londres. Si vous aimez son style fou, réjouissez-vous, car le créateur souhaite vivement apposer sa griffe sur un endroit branché en Belgique.

Serge Lvoff

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