Caractéristiques des blessures printanières lorsque l’on entreprend de mettre de l’ordre dans son jardin, les petites éraflures au niveau des bras, des mains ou des chevilles nous laissent sur la peau une série de petites cicatrices désagréables mais nécessaires.

Réveillez-vous ! semblent nous dire les ronces en nous gratifiant de ces meurtrissures sans importance.

Journaliste au Figaro, Bertrand de Saint Vincent, procède de la même façon. Anticonformiste dans une époque très consensuelle, sa plume égratigne. En quelques pages ou quelques lignes, elle épingle, gratte, nous interpelle.

Nous pensions être tranquilles avec nos certitudes, nos engagements ou nos coups de c£ur, au gré de son abécédaire, nous voici bien secoués.

Regard sans concession sur l’état de notre petit monde, ses Fragments d’impertinence (Plon) n’épargnent personne. Ni ses amis, ni ses ennemis, encore moins sa famille.

De l ‘Abbé Pierre applaudi comme un top model dépenaillé pour sa collection d’hiver, à Theo Van Gogh assassiné pour trop de vérité, de Michel Drucker vendu avec chaque télévision à Jacques Chirac, dernier roi fainéant sans oublier Anna Gavalda, baptisée S£ur Sourire ou FrançoiseHardy si discrète qu’on ne voit plus qu’elle, sans oublier GeorgeSand bisexuelle, écologiste, utopiste et furieusement tendance, ses portraits sont cruels mais minutieusement ciselés.

Ses mots font mouche. De la télé à la politique, de l’air du temps aux littérateurs, des concepts à la mode aux nouvelles trahisons, il ne laisse rien passer.

Que ce soient les Vraies gens, nouvelle pépite des experts médiatiques ou le Sac en plastique cloué au pilori en passant par le Vélib’, demi-heure renouvelable de liberté surveillée, il passe tout au crible de son irrévérence.

Pourtant, si Bertrand de Saint Vincent flingue à tout va, il le fait toujours avec élégance. Parfois même avec tendresse ou quelque nostalgie. Il est méchant, certes. Mais, jamais gratuitement. C’est tellement rare que l’on en redemande.

Bertrand, je t’embrasse**.

(*) Chaque semaine, la journaliste et écrivain Isabelle Spaak (Prix Rossel 2004 pour son roman d’inspiration autobiographique Ça ne se fait pas, Editions des Equateurs) nous gratifie de ses coups de c£ur et coups de griffe.

(**) Voir page 191, la notice sur Omar Sharif qui déteste qu’on lui serre la main.)

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