EMMANUEL RYNGAERT

LE CRÉATEUR : diplômé de l'Académie de mode d'Anvers en juin dernier, il est aujourd'hui stagiaire à temps plein chez le Belge Raf Simons. © Debby Termonia

LE CRÉATEUR : diplômé de l’Académie de mode d’Anvers en juin dernier, il est aujourd’hui stagiaire à temps plein chez le Belge Raf Simons.

MATÉRIEL : 6 mètres de toile de coton, bande adhésive colorée.

DURÉE :une très longue journée. » Je ne suis pas un rêveur : mes créations se basent sur des recherches plutôt que sur ma fantaisie ou sur une certaine image de la femme. Je suis surtout fasciné par les technologies de la mode des années 60 et 70, comme les robes en papier ou la Souper Dress d’Andy Warhol, qui m’ont servi d’inspiration pour la silhouette. Je me suis focalisé avant tout sur le traitement du matériau, en créant à l’aide de la bande adhésive une sorte d’effet cuir dans un motif très graphique. La forme générale a été croquée à main levée – normalement, je dessine toujours un vrai patron, mais sachant que cette pièce ne serait présentée que sur un mannequin, ce n’était pas nécessaire dans ce cas précis. Les poches sont là pour faire le lien avec l’idée du vêtement, le modèle lui-même étant assez abstrait…  »

 » Ma signature ? Je dirais peut-être l’aspect graphique et la technologie. Ma collection de fin d’études, par exemple, était entièrement découpée au laser. J’ai même réalisé des chaussures à l’imprimante 3D ! On réserve souvent la technologie aux aspects plus fonctionnels, mais je veux montrer qu’elle peut aussi être décorative. Pour le reste, je ne me préoccupe pas trop de mon identité en tant que créateur. Bien sûr, je perçois une certaine continuité lorsque je regarde l’ensemble de mes réalisations, mais ce n’est pas moi qui vais me lancer dans de grandes analyses.  »

 » Je suis actuellement stagiaire à temps plein chez Raf Simons. Après quatre années d’Académie, où la liberté est totale et où il faut prendre soi-même toutes les décisions, c’est agréable de pouvoir tout lâcher pendant quelques mois pour se concentrer sur l’exécution. Je n’ai pas non plus l’intention de lancer immédiatement mon propre label – je commence d’ailleurs seulement à prendre conscience de tout ce que cela implique en sus de la création proprement dite. Ce sont des questions auxquelles on ne pense pas quand on est étudiant : on imagine un vestiaire et l’exercice s’arrête là. On ne se demande pas si ce qu’on dessine peut raisonnablement être produit, pour ne pas brider sa créativité. Je n’ai pas non plus opté pour ce type de cursus scolaire dans le but d’avoir ma propre marque : c’est plutôt une discipline que je trouve passionnante pour ce qu’elle nous apprend à propos de l’air du temps. Je me verrais parfaitement travailler pour un autre : réfléchir aux codes de la maison et à l’image de la griffe indépendamment de ses goûts personnels est un exercice passionnant, et ce qu’on aime ou pas est alors sans importance.  »

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