Du denim dans les collections les plus chics, de la fourrure ou de fines doudounes en été… Une fois de plus, ce printemps, la mode prend le contre-pied des usages. Logique : depuis toujours, elle aime aller là où on ne l’attend pas. Explorer des territoires inconnus, se détourner des conventions pour sans cesse surprendre. Son apparition sur les scènes mondiales est d’ailleurs à l’image de cet esprit de contradiction qui est aussi sa raison d’être. Ainsi, la haute couture, exception française jalousement préservée, fut lancée par…. un Britannique. Au milieu du XIXe siècle, Charles Frederick Worth décide en effet de montrer ses modèles dans un salon, portés par de vrais mannequins, rompant pour le coup avec la tradition de la présentation sur patron ou sur buste. Le premier défilé était né. Mais le précurseur ira plus loin dans la professionnalisation de son art en mettant sur pied la Chambre syndicale de la confection et de la couture pour dames et fillettes, dont l’appellation a certes (un peu) évolué mais qui reste la gardienne du temple de la mode parisienne. Amazing, isn’t it ?

L’Italie, elle, doit pour beaucoup son statut de centre névralgique de la fashion aux Américains. Dans l’immédiat après-guerre, alors que le pays est à genoux, à la fois victime du conflit et des années sombres du fascisme, le Plan Marshall investit massivement dans sa relance économique. Entre 1947 et 1951, plus de 250 millions de dollars, dont une bonne vingtaine dédiés à l’industrie textile. Giovanni Battista Giorgini, homme d’affaires florentin doté d’une solide expérience dans le secteur, d’un précieux carnet d’adresses et d’une bonne dose d’audace, organise alors dans sa ville des défilés mettant les savoir-faire locaux à l’honneur, et y convie les acheteurs des enseignes de luxe du nouveau continent. Cinecittà, la Dolce Vita et les stars hollywoodiennes sous le charme joueront également leur rôle, rendant la péninsule définitivement incontournable dès que l’on parle de glamour – même si Florence a depuis cédé la place principale à Milan.

Quant à New York, qui a ouvert ses shows aux journalistes en pionnière, ou Londres, dernière à avoir rejoint la danse et fière de sa réputation d’avant-gardiste, elles sont tout aussi capitales sur l’échiquier modeux aujourd’hui. Démonstration et adresses cultes dans ce numéro inédit, consacré à ces quatre hauts lieux de l’élégance et de la créativité.

Delphine Kindermans

Cet esprit de contradiction qui est aussi sa raison d’être.

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