Il ne faut jamais dire jamais, et la recommandation vaut sans doute en mode plus encore qu’ailleurs. Biberonné aux sous-pulls en acrylique, aux pantalons à taille haute et bas évasé – aujourd’hui, on dit  » flare « , en ce temps-là c’était  » pattes d’ef  » – et aux shorts en jersey de velours, vous vous étiez juré de ne céder pour rien au monde à l’appel rétrostalgique des seventies, malgré quelques jolies pièces référencées aperçues en boutiques au cours des années 90 et 2000 ? De boycotter ad vitam aeternam le marron, l’orange ou le jaune moutarde qui ont ripoliné votre enfance, des meubles en Formica de la cuisine au papier peint psyché du salon en passant par le contenu de votre garde-robe ? Autant annoncer la couleur tout de suite, il va falloir revoir votre jugement ce printemps. Démonstration magistrale chez Saint Laurent, où Hedi Slimane présente des collections shootées à l’optimisme, en droite ligne de la dernière décennie des Trente Glorieuses. Vestes en daim ou ponchos sur le dos des messieurs, parés en prime de lunettes rondes et grigris ethniques dans un défilé dédié à Betty Catroux et Loulou de la Falaise, muses du fondateur de la griffe et icônes des nuits parisiennes de l’époque. Chez la Femme, c’est auprès des stars du disco que le génial directeur artistique puise son inspiration, avec des silhouettes jouant sur les mix d’imprimés et n’ayant pas peur d’en faire trop avec tout ce qui brille. Même lame de fond chez Sonia Rykiel ou Gucci, où Frida Giannini, en vraie fan, s’en est donné à coeur joie avant de confier les rênes de la création à Alessandro Michele pour l’hiver prochain.

Et les accessoires ne sont évidemment pas en reste. Qu’on s’improvise reine des dancefloors, néo-hippie, bourgeoise sulfureuse ou amie de la nature, l’éventail des possibilités n’a jamais été aussi large : bijoux folkloriques, ceintures tressées, sacs frangés, pochettes en Lurex ou en croco, turbans métallisés ou capelines romantiques, la saison est à l’éclectisme. Une incontournable, cependant : la sandale compensée. Trop longtemps reléguée aux oubliettes de la ringardise malgré plusieurs tentatives avortées de retour sur la scène fashion, elle tient là sa revanche. A semelle de corde ou de bois, à fleurs ou motif léopard, elle s’impose partout, sans concessions. Et nous oblige à prendre de la hauteur par rapport à quelques souvenirs de jeunesse vestimentairement traumatisants.

Delphine Kindermans

Boycotter ad vitam aeternam le marron, l’orange ou le jaune moutarde qui ont ripoliné votre enfance ?

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