Entre parenthèses

© NICOLAS BALMET

Est-ce que j’aurais voulu être un artiste ? C’est une question que je me pose parfois, et la chanson de Starmania n’y est certainement pas pour rien : figurez-vous que le disque est sorti l’année précise où je poussais mes premiers cris. En 1978, donc. Une année également marquée par les décès successifs de Claude François et de Jacques Brel qui, l’air de rien, m’ont énormément marqué : le premier m’a appris qu’un téléphone pouvait pleurer, et le second m’a fait pleurer tout court. Mes parents, eux, se sont penchés au-dessus de mon berceau en me répétant :  » Il y a une place à prendre, fiston. Une relève à assurer…  » Des voeux qui, hélas, n’ont guère été exaucés. Je n’ai jamais fait mon numéro, à Rotterdam ou à Rio, pour pouvoir être un anarchiste et vivre comme un millionnaire. Non, au lieu de ça, j’ai mangé des Chipitos et joué à la Nintendo.

Notre vie sociale déchante, mais le printemps chante. En attendant que les violons s’accordent, on pimente notre quotidien comme on peut… et comme on veut.

Aujourd’hui, ma première fille, elle non plus, n’a pas l’air d’être puissamment attirée par les projecteurs. Il faut dire que l’année de sa naissance, en 2005, la personnalité la plus célèbre ayant passé l’arme à gauche, ce fut Jean-Paul II. Alors oui, j’aurais adoré qu’elle développe la faculté de transformer l’eau en vin et d’autres talents du genre. Mais disons qu’à l’heure qu’il est, son seul point commun avec le pape, c’est sa passion pour Pâques. Enfin, les oeufs de Pâques. Qu’elle mange par poignées entières en regardant l’intégrale de Harry Potter, vautrée dans le canapé. Dieu que son école me manque.

Désormais, je place tous mes espoirs en ma seconde fille, qui s’apprête à fêter ses 2 ans et demi, et qui montre des signes très encourageants dans des disciplines insoupçonnées. Certes, elle ne transforme pas non plus l’eau en vin. Mais elle est très forte pour transformer une maison en boxon, par exemple. Et comme par magie, une simple phrase comme  » c’est l’heure de faire dodo  » devient  » LOL, même pas en rêve « . Je sens que ce joli môme a du génie plein l’esprit. La raison coule de source : l’année où elle est née, en 2017, c’est le plus grand, le plus fort et le plus captivant de tous les artistes qui a tiré sa révérence, alias Johnny Hallyday. Autant dire qu’en matière de succession (non, je ne parle pas de son testament, ne revenons pas là-dessus), il y avait une sacrée place à prendre. Le genre de place qui mérite clairement qu’à l’heure d’écrire ces lignes, je sois en train d’essayer de convertir mon divin enfant à des arts en tous genres. Je la fais chanter ( » si tu ne vas pas dormir, tu n’auras pas de Vache qui Rit « ), je lui montre les rudiments de la peinture abstraite (voir photo ci-jointe) et je l’initie à la littérature classique allant de Tchoupi à Oui-Oui. Mon voeu le plus sincère ? Qu’elle finisse par maîtriser l’art… de choisir la vie qu’elle veut. Qu’elle ait du succès dans ses affaires. Qu’elle ait du succès dans ses amours. Et son bureau en haut d’une tour. Parce que la seule chose qui est vraiment importante pour moi, c’est de partager avec vous, chers lecteurs, la chanson de Starmania que j’ai en tête depuis ce matin.

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