Peintre, décorateur et costumier de théâtre et d’opéra… On pourrait ajouter bien d’autres facettes encore au talent de Thierry Bosquet. Rendez-vous dans sa maison d’artiste, à Bruxelles, pour fêter les noces de l’ancien et du nouveau.

L’univers de Thierry Bosquet se déploie en deux petites demeures qu’il a habilement réunies par un élégant passage en verre doublé d’une véranda pleine de charme. La première maison constitue son habitation tandis que l’autre abrite à la fois son atelier et un espace où il peut mettre ses créations en situation.

Ce créateur à l’aura internationale a surtout £uvré pour le théâtre, le ballet et l’opéra. Il a travaillé deux décennies à la Monnaie, à Bruxelles, mais également en Allemagne, en Italie, en Russie, aux États-Unis. À la fois décorateur et costumier, il est aussi, et peut-être avant tout, un peintre qui s’exprime au travers de toiles, de fresques et de peintures murales. Sa philosophie ?  » Un homme de théâtre n’est pas aussi animé par la même quête de vérité qu’un antiquaire ou un collectionneur, explique-t-il. Je ne recherche pas nécessairement des choses de valeur. Et si je ne trouve pas ce que souhaite, je le fabrique, je le compose, parfois en partant d’éléments vrais. « 

En poussant la porte d’entrée de la première de ses deux maisons, on découvre d’abord une grande salle à manger.  » La base des boiseries murales est totalement authentique, confie Thierry Bosquet. Ces grands panneaux se trouvaient dans un pavillon de concierge attenant à l’ancien atelier de la Monnaie, rue du Marais. Quand on a tout démoli, j’ai pu les récupérer. Mon apport se trouve dans les parcloses, les séparations entre les panneaux : je les ai fait fabriquer et je les ai peintes de manière à former un ensemble cohérent. « 

Cette pièce, éblouissante avec son incroyable farandole de bougeoirs et de bougies allumées, fait immédiatement penser au baroque, le style de prédilection de Thierry Bosquet.  » Ma période préférée de l’Histoire commence avec Fran-çois Ier et la Renaissance française, et s’achève avec la Révolution « , pointe l’artiste. On ne s’étonnera donc guère que Versailles soit son modèle suprême. Dans cet ensemble, ses  » morceaux choisis  » sont Le Grand Trianon pour l’architecture extérieure et les appartements de Louis xv.  » La France et l’Italie constituent mes grandes références, s’enthousiasme-t-il. En Italie, j’aime, bien entendu, certains palais romains, mais Venise est la ville de mes rêves. Je l’adore parce qu’elle est un monde en soi. « 

On retrouve un mélange de ces influences dans la véranda qui communique avec la salle à manger. Les murs sont ouvragés de bas-reliefs en plâtre.  » C’est un de mes amis qui les réalise en partant de moules anciens, que je sélectionne, révèle Thierry Bosquet. Une fois encore, maintenir l’unité d’une époque m’importe peu, c’est l’ensemble qui m’intéresse.  » On remarque aussi deux lanternes vénitiennes et quantité de miroirs :  » Ils ne sont pas là pour se regarder mais simplement pour agrandir visuellement l’espace. « 

L’antre de l’artiste se niche dans la maison-atelier. On y pénètre en empruntant le passage de verre, qui offre un avant-goût du jardin. Une pièce – la salle des maquettes – a été entièrement conçue autour des opus majeurs de Thierry Bosquet. Ses murs sont entièrement habillés d’armoires vitrées qui contiennent en tout 26 loges, chacune d’entre elles étant occupée par une mise en scène d’intérieur dont l’époque varie du xvie siècle à la Révolution française.

 » Comme décorateur de théâtre, on doit nécessairement réaliser des maquettes de nos projets. La technique m’était donc connue. Mais je me suis pris au jeu. En fait, je crée en miniature les palais que je n’ai pas la possibilité de réaliser en grand. Lorsqu’on est habitué à l’éphémère de la scène, peu importe la vérité des matériaux. Les boiseries peuvent très bien être du simple carton peint. « 

C’est à l’étage de cette maison-ci que Thierry Bosquet se retrouve dès que son agenda le lui permet. Mêlant toutes les techniques – moulage, peinture, sculpture, couture -, il façonne chaque élément avec la plus extrême précision.  » Je crois davantage au travail en profondeur, conclut-il, à la répétitivité qu’au génie. « 

PAR JEAN-PIERRE GABRIEL

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