Situé dans un quartier londonien qui bouge, cet ancien gymnase d’une école victorienne a été transformé en appartement-showroom dédié au design contemporain. L’architecture y est volontairement des plus épurées pour servir d’écrin discret aux meubles et objets exposés.
Ancien refuge pour artistes et créateurs de mode déjantés, Shoreditch est aujourd’hui un quartier très hype de la capitale britannique où se bousculent galeries, restaurants et autres hôtels branchés. C’est dans ce cadre en pleine mutation, sur Hoxton square précisément, que Valerio Campo et Sam Praat ont posé leurs valises et décidé de partager leur passion commune pour le design en ouvrant, en 2008, la Gallery Fumi, une adresse à contre-courant où se croisent concepteurs de renom et talents émergents et qui s’est vite fait une place sur la scène arty londonienne.
L’antre du duo prend place dans une vieille salle de sports scolaire dont les murs en brique, peints en blanc, offrent un beau contraste avec le parquet en chêne. La hauteur sous plafond de six mètres, aux antipodes de ce que l’on trouve habituellement dans les maisons victoriennes, valorise parfaitement les oeuvres présentées, d’autant que l’endroit est baigné de lumière. Ici, l’harmonie naît du mélange des styles et… tout est à vendre. Sam et Valerio ont le goût du détail et la sélection de leur décoration, toujours en mouvement, mise sur la simplicité : des objets uniques ou en séries limitées, aux qualités tant fonctionnelles qu’esthétiques, et qui apportent une rigueur sophistiquée à leur logement. L’atmosphère est au final très léchée, mais elle garde aussi un caractère décontracté, un peu old school même.
MUSÉE VIVANT
Les travaux de restauration ayant été effectués par le propriétaire de cet immeuble classé, le tandem n’a en réalité eu qu’à installer ses meubles. Ici, les réalisations iconiques voisinent avec celles de créateurs en devenir et c’est l’ensemble du mobilier qui délimite les différentes entités de l’unique grande pièce de vie. De très belles portes-fenêtres amovibles en chêne peuvent également servir de cloisonnement si l’ambiance du moment le requiert… » Certains de nos clients sont déçus lorsque nous leur expliquons que ces coulissants ne peuvent être vendus, d’une part parce que nous ne le souhaitons pas, mais surtout parce qu’ils font partie du patrimoine et sont donc protégés « , s’amuse Sam Praat.
Pour accéder à ce » temple » du design, il faut montrer patte blanche… ou être invité ! Une fois passé » les formalités « , l’entrée se fait par un petit couloir qui mène au vaste séjour… où se télescopent travail et oisiveté, les objets changeant de rôle au fil de la journée. On repérera dans cet intérieur, où l’architecture disparaît pour laisser le décor parler, un paravent géant en bois sculpté réalisé par Zoé Ouvrier et, non loin de là, le canapé en velours Boa imaginé par les frères Campana. Son tressage souple lui donne un air de nid géant où se lover le soir venu. Au plafond, un lustre sculptural imaginé par Tuomas Markunpoika laisse, lui, filtrer la lumière à la manière d’un prisme. Les signatures célèbres ou moins connues se bousculent aux quatre coins de l’habitation, de Max Lamb à Hilda Hellström, en passant par Thomas Lemut, Eelko Moorer ou encore Claudio Colucci. » Nous avons quelques fois du mal à nous séparer de tout cela « , avoue Sam Pratt.
DANS LE DÉTAIL
A droite de l’entrée, le volume de la cuisine américaine, ouvert sur le salon et niché sous l’escalier de la mezzanine, est rythmé par de nombreux placards et tiroirs de rangement. A l’étage, la chambre est peinte en blanc du sol au plafond. Tel un repaire immaculé haut perché, elle donne sur le séjour et profite ainsi de son éclairage naturel. Petite, mais incroyablement chaleureuse, claire et épurée, elle privilégie, elle aussi, le design, qui dialogue ici avec quelques articles chinés au cours des nombreux voyages des habitants. Au-dessus de la tête de lit vert émeraude signée Gio Ponti et provenant du Parco dei Principi Grand Hotel à Rome, on trouve Angel, une très belle photographie en noir et blanc de Caroline Becker. En face, près de la salle de bains, sur une petite commode art & craft, on aperçoit un dessin de Chagall et une vasque d’Ettore Sottsass.
S’ils vendent aujourd’hui des créations contemporaines qui leur plaisent à tous les deux, Sam et Valerio ont d’abord été collectionneurs de mobilier des années 60 et 70. » Depuis quelque temps, nous travaillons essentiellement avec des artistes qui utilisent d’anciens savoir-faire artisanaux, ce qui souvent donne à leur production une puissance inédite qui nous séduit tout particulièrement « , précise encore Valerio. L’inattendu et l’inédit n’effraient décidément pas ces deux galeristes qui ont fait de leur foyer l’écrin du talent des autres.
www.galleryfumi.com
PAR LUXPRODUCTIONS – TEXTE : CAROLE SCHMITZ
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