Sans doute parce que leurs hivers particulièrement longs et rigoureux y invitent plus qu’ailleurs, les Scandinaves ont dans leurs répertoires linguistiques un mot, difficilement traduisible sans utiliser une périphrase, qui recouvre l’idée de  » jouir de manière douillette des petites choses de la vie « . Véritable antidote à la morosité, l’art de  » å hygge « , issu du norvégien et adopté dans la langue danoise, est décliné à toutes les sauces dans ces pays où l’indice de bonheur national bat des records. Prendre un bain avec des bougies parfumées ? C’est hygge. Profiter d’un week-end en famille dans un chalet de montagne, manger une orange au coin du feu, s’offrir un carré de chocolat entre deux descentes de pentes enneigées, lire le journal le dimanche matin avec son chat ronronnant sur les genoux ? Hygge, encore. On l’aura compris, ce sentiment de plaisir simple et réconfortant, où intervient aussi fortement la dimension sociale – ce qui n’est pas le cas du  » cosy  » anglais, auquel on l’assimile parfois – est avant tout un état d’esprit. Ce qui fait que malgré son orthographe très  » catalogue Ikea  » et sa prononciation compliquée – dites  » u-guèh « , c’est ce qui s’en approche le mieux -, le concept est parfaitement déclinable sous des latitudes moins septentrionales. A nous, dès lors, de voir la tasse de thé chaud à moitié pleine plutôt qu’à moitié vide. Les températures baissent ? Contrairement à ce que l’on aurait tendance à faire spontanément, c’est l’occasion de partir en balade et quitter les atmosphères confinées où stagnent virus et particules toxiques. Surtout quand nos défenses immunitaires sont déjà mises à mal par le manque de luminosité se répercutant sur notre taux de vitamine D. Le soleil se couche à 17 heures ? Au lieu de pester, adoptons un de ces loisirs créatifs dont on connaît les bienfaits sur le mental. Ainsi, le tricot, par la succession répétitive de mouvements qu’il implique, stimulerait la même zone du cortex que le yoga, dont les bénéfices sur le bien-être ne sont plus à démontrer.  » Passé le stade de l’apprentissage, quand le point a été mémorisé, le cerveau bascule en mode méditatif « , précise Pierre Bastoul, coauteur d’un ouvrage sur le sujet.

Bref, cette saison injustement qualifiée de  » morte  » pourrait se révéler idéale pour enfin s’autoriser à vivre. Sans culpabiliser si l’on traîne au lit : c’est notre rythme circadien, cet enchaînement veille-sommeil courant sur 24 heures et hérité des temps ancestraux, qui l’exige à cette période de l’année… et, en outre, nos journées y gagneront en productivité et en bonne humeur – comme tout cela est  » hygge  » !

RÉDACTRICE EN CHEF

(*) Etes-vous prêt pour l’hiver ?

DELPHINE KINDERMANS

CETTE SAISON QUALIFIÉE DE  » MORTE  » POURRAIT S’AVÉRER IDÉALE POUR ENFIN S’AUTORISER À VIVRE.

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