Dans la galaxie des cadeaux de fin d’année, les beaux livres conservent incontestablement une place de choix. En cas de dernière hésitation, Weekend Le Vif/L’Express vous offre ses quinze suggestions sublimant toutes les facettes de l’Art de vivre.

1. Hot couture

De toute évidence, la mode suscite fantasmes et obsessions. A travers un ouvrage richement documenté et truffé de témoignages de grands créateurs, la journaliste Geneviève Lafosse Dauvergne s’est précisément intéressée aux étranges liens qui unissent l’univers du vêtement aux envies les plus inavouées. Le corset chez Jean Paul Gaultier, la fourrure chez Sonia Rykiel, le métal chez Paco Rabanne, le cuir chez Jean-Claude Jitrois… Tous ont ce petit penchant fétichiste qui donne à la mode ce délicieux parfum de scandale. Chaud mais subtilement dosé.

A.H.

« Mode et fétichisme », par Geneviève Lafosse Dauvergne, Alternatives, 192 pages.

2. Les premières audaces

Le rôle de chef de file de la ville de Prague dans l’émergence des avant-gardes artistiques européennes tout au long du XX e siècle serait-il méconnu? C’est la théorie des auteurs – une architecte, une sociologue et historienne d’art – qui envisagent les audaces cubistes, l’Art déco, le surréalisme, avant de montrer à quel point la Prague contemporaine est demeurée un centre important d’innovations. Par ailleurs, l’architecture de la capitale tchèque est un concentré de l’histoire architecturale du siècle qui vient de s’éteindre. Aussi l’histoire politique, artistique et culturelle de ce qui, au fil d’une iconographie de qualité et partiellement inédite, apparaît comme un bijou urbain. Et donne une furieuse envie d’y aller.

A.H.

« Prague », par Jana Claverie et Alena Kubovà, Terrail, 199 pages.

3. Enigmes délicates

Depuis leur apparition vers 1750, les geishas ne cessent d’intriguer et de dérouter. Au travers du prisme d’une magnifique cascade de photographies, d’estampes et de caricatures commentées, cet album tente de percer le mystère de ces poupées vouées au plaisir des hommes souvent riches et puissants. Un univers aux teintes subtiles, aux attraits les plus beaux, aux secrets murmurés dans les maisons de thé. Jalouses, multiples, intrigantes, elles déroutent et font rêver, comme en témoignent les intellectuels occidentaux présents dans cette approche: Loti, Cocteau, Kipling, Miller. Anges noirs ou fantasmes?

A.H.

« Le Crépuscule des geishas », par Didier Du Castel et Claude Estèbe, Marval, 143 pages.

4. Harmonies gourmandes

Conçu par Philippe Faure-Brac, un spécialiste du vin, sacré Meilleur Sommelier du Monde en 1992, cet ouvrage passe en revue une belle palette d’appellations et de préparations culinaires. Au total, près de 200 pages richement illustrées explorent les saveurs et les cépages. L’auteur tord également le cou aux préjugés qui veulent, par exemple, que l’on ne serve pas de vin rouge avec le poisson et donne ensuite des petits trucs pour s’en sortir lorsqu’on hésite à choisir tel ou tel cru. Il conseille ainsi de toujours s’inspirer de la couleur d’un plat pour décider du vin à déguster. Très pratique, ce livre offre également deux index, un pour les mets et l’autre pour les vins, permettant ainsi de proposer à sa table des harmonies qui sont celles d’un expert.

A.H.

« Saveurs complices des vins et des mets », par Philippe Faure-Brac, Editions EPA, 183 pages.

5. Les coulisses des palais royaux

La scène royale en Belgique a de merveilleux et insoupçonnés trésors peu ou exceptionnellement accessibles à Monsieur Tout-le-monde. En dehors du Palais de Bruxelles, en été, et les féeriques serres de Laeken, au printemps, les lieux de la Couronne se dévoilent avec pudeur. L’occasion nous est ici offerte de découvrir, entre autres, la formidable bibliothèque et le théâtre du château de Laeken mais aussi l’envers du décor où apparaissent tous les artisans qui oeuvrent à la sauvegarde et à la pérennité des trésors que renferment ces lieux de notre Histoire.

A.H.

« Aux marches du Palais », par Guy Daloze et Jacques Mercier, photographies de Olivier Polet, La Renaissance du Livre, 176 pages.

6. Universel par excellence

Parmi les « histoires » antiques qui constituent notre héritage, celle d’Eros et Psyché fait preuve d’une réjouissante vitalité. Le Romain Apulée donna sa forme définitive à un mythe venu du monde grec. Fable érotique pour les uns, allégorie religieuse pour les autres, le thème affiche une polysémie qui garantit son universalité. L’album s’attache à sa représentation dans l’art occidental, depuis la fin du Moyen Age jusqu’au préraphaélites à la fin du XIX e siècle. S’inspirant du répertoire classique, source inépuisable de suggestions, chaque époque aura développé sa propre figuration, avoué ses fantasmes ou ses interdits. Vitraux, tapisseries, sculptures, peintures, gravures en témoignent.

A.H.

« Eros et Psyché », par Sonia Cavicchiolo, Flammarion, 255 pages.

7. Bijoux de rêve

En joaillerie, les créations actuelles rivalisent d’imagination et ne cessent de nous surprendre. Pourtant, c’est toujours avec un plaisir fou qu’on (re)découvre les parures des grands maîtres du passé. Dans ce beau livre, magnifiquement illustré, défilent les pièces les plus somptueuses et les plus étonnantes, signées Boucheron, Cartier, Lalique, Van Cleef & Arpels ou encore Castellani, Hancock, Falize ou Vever. Des textes érudits complètent admirablement l’éblouissante iconographie.

A.H.

« Maîtres Joailliers », sous la direction de A. Kenneth Snowman, éditions Thames & Hudson, 264 pages.

8. Le passé vu d’en haut

Les images sont époustouflantes. Emouvantes aussi. Curieusement inattendues. Ne connaît-on pas, en effet, la plupart de ces sites archéologiques mis en scène dans cet ouvrage? Qui n’a déjà vu, du moins dans un magazine ou à la télé, Carnac, Jérusalem, Olympie, Agrigente, Pompéi, Palenque, Sumatra ou la Grande Muraille de Chine? Qu’est-ce qui rend donc ce beau livre si précieux, si ce n’est son angle de vision, celui-là même auquel le simple quidam accède rarement. Pas moins de septante vestiges de l’humanité ont été saisis, en effet, du ciel. Une opération de synchrétisme visuel destinée à répondre de manière originale à notre insatiable recherche des traces du passé. Pour nous permettre de ne pas nous égarer dans l’anonymat du présent non plus. Cette passionnante relecture grâce à la photo aérienne est l’un des plus étonnants voyages que l’on puisse faire. Soudain, tout s’éclaire, l’archéologie renaît dans toute sa flamboyance et son authenticité. Un vrai bonheur.

A.H.

« L’Archéologie vue du ciel », Hazan, 254 pages.

9. Le génie de Michel-Ange

La décoration de la chapelle Sixtine, à Rome, a constitué l’une des aventures picturales les plus fantastiques de toute l’histoire de l’art. Elle se compose de deux cycles majeurs réalisés par le peintre et le sculpteur Michel-Ange: la voûte avec ses représentations de l’Ancien Testament (1508-1512) et le mur de l’autel (1536-1541) avec son formidable « Jugement dernier ». Empreints tout à la fois de puissance mais aussi d’une grâce ineffable, les protagonistes de ces scènes y sont peints avec une incroyable expressivité par l’artiste qui témoignait d’un génie égal tant en sculpture qu’en peinture. Restaurées depuis le début des années 1980, les parois de la chapelle Sixtine ont fait l’objet de nouvelles études qui ont confirmé la complexité du programme confié à Michel-Ange. A l’aide de nombreuses photographies, dont de formidables gros plans, le texte de Marcia Hall nous entraîne au sein de ces deux cycles, qui s’imposent comme des chefs-d’oeuvre de l’Humanisme, caractéristique de la Renaissance.

A.H.

« Michel-Ange et la chapelle Sixtine », par Marcia Hall, La Renaissance du Livre, 240 pages.

10. A l’oeil nu

Célèbre pour ses clichés sous-marins et animaliers, le photographe italien Carlo Mari investit cette fois un univers tout aussi étrange et fascinant où la violence et la douceur fusionnent admirablement. Le corps humain est en effet au centre du superbe livre « Animal Man » où le masculin et le féminin se répondent joliment dans un infatigable jeu de pouvoir et de séduction. Harmonieusement distillés, la couleur et le noir et blanc s’alternent avec raffinement pour glorifier des nus parfaits et envoûtants. Animal, mais pas trop.

A.H.

« Animal Man », par Carlo Mari, éditions de La Martinière, 160 pages.

11. L’étoffe de Paris

L’histoire de Paris est surprenante a plus d’un égard. L’historien de l’architecture, Bernard Marrey, nous propose de la découvrir sous un angle aussi original qu’intéressant. En effet, à travers ce bel ouvrage il nous convie à un fabuleux voyage dans la Ville lumière en nous détaillant par le menu les matériaux dont sont faits les bâtiments parisiens. Bois, pierre, fer, plâtre, verre, brique et béton se conjuguent à l’infini pour donner naissance à un patrimoine architectural d’une incroyable richesse.

A.H.

« Matériaux de Paris », par Bernard Marrey, Parigramme, 160 pages.

12. Les mystères de Qumrân

L’aventure a commencé en 1947. Elle a pour héros des bédouins qui font paître leurs troupeaux de chèvres en Judée, à proximité de la mer Morte. Et qui trouvent, dans le creux d’une falaise rougeâtre, des manuscrits exceptionnels. Autant de fragments rédigés entre le III e siècle avant Jésus-Christ et le I er siècle de notre ère: rien moins que des passages de l’Ancien Testament, des apocryphes bibliques et des témoignages sur le groupe religieux qui s’était ancré alors dans le désert, les Esséniens. Cet ouvrage, richement illustré, est en tous points précieux. Non seulement il nous apporte sur cette période un point de vue historique et géopolitique, mais il dévoile un savoir religieux, linguistique et scientifique passionnant, fruit d’heures, d’années passées sur ces étonnants extraits de rouleaux qu’un groupe de juifs pieux avait recopiés patiemment il y a des siècles. Dans le seul but de transmettre un héritage qui nous est d’autant plus indispensable qu’il éclaire cette époque clé au tournant de notre ère et qui représente bel et bien le berceau du christianisme.

A.H.

« Les Manuscrits de la mer Morte », par Farah Mébarki et Emile Puech, Editions du Rouergue, 239 pages.

13. Ici l’ambre

Né de la mer, tabernacle d’organismes et d’insectes fossilisés, l’ambre passe encore pour un présent des dieux, détenteur de pouvoirs surnaturels. Son histoire nous entraîne presque cinquante millions d’années en amont de la nôtre, moment de sa formation dans les grandes forêts de l’ère tertiaire, pour rejoindre les artistes qui l’ont transformé en véritables chefs-d’oeuvre. Bijoux, objets de culte, inclusions d’animaux mais aussi élixirs ou pommades, l’ambre se prête à de multiples et précieuses métamorphoses. Sa route passe par la Pologne et la Lituanie, entre Varsovie et Cracovie ou entre Vilnius et la mer Baltique.

A.H.

« La Route de l’ambre », textes de Patrick Geoffroy et photos de Christophe Dubois,Le Félin, 137 pages.

14. Podiums africains

De Madame Carven à John Galliano, en passant par Yves Saint Laurent et Christian Lacroix, la majorité des grands couturiers occidentaux se sont inspirés, un jour ou l’autre, des tissus et des couleurs de l’Afrique. Mais que sait-on vraiment de la mode africaine? Journaliste au magazine « Amina », la Sénégalaise Renée Mendy-Ongoundou a consciencieusement creusé le sujet et concentre les résultats de son investigation dans un ouvrage qui rend enfin hommage aux silhouettes « made in Africa ». Ses « Elégances africaines » mettent non seulement en valeur le travail de créateurs audacieux, mais rendent surtout à ce continent oublié une visibilité textile trop souvent occultée.

A.H.

« Elégances africaines », par Renée Mendy-Ongoundou, Alternatives, 141 pages.

15. Indiens d’aujourd’hui

L’art réalisé par les diverses tribus indiennes (Apaches, Navajos…) qui peuplent le sud-ouest des Etats-Unis est essentiellement connu pour ses productions artisanales. Pourtant un art actuel, tant pictural que sculptural s’y épanouit aussi, mais il reste méconnu. Ce livre, qui retrace les origines de la peinture indienne et présente plusieurs artistes d’aujourd’hui, permet de lui donner une place plus juste au sein de l’art américain actuel.

A.H.

« L’Art contemporain des Indiens du sud-ouest des Etats-Unis », par Catherine Baldit, La Renaissance du Livre, 150 pages.

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