Elle n’a que 24 ans, mais la carrière de Carole Wilmet se dessine déjà à grands traits. Ses illustrations crayonnées, caractérisées par quelques taches de couleur, embellissent de plus en plus de pages de magazines de par le monde. Dont celles du Vif Weekend.

A l’école déjà, Carole Wilmet ne pouvait s’empêcher de dessiner.  » Pour écouter ce que le prof disait, il fallait que je focalise mon attention visuelle sur autre chose. Cela m’aidait à me concentrer « , raconte la jeune femme, longs cheveux bruns, minois à croquer, short en jeans et baskets en toile inusable aux pieds.

Dans ses cahiers de cours, elle esquisse régulièrement trois nanas : Sonia et sa dégaine rock’n’roll, Danielle, un brin intello, et Natasha, la fashion victim légèrement frivole.  » Sans doute retrouvait-on une partie de moi en chacune d’elle « , reconnaît celle qui, à l’époque, n’hésite pas à mettre en scène ses trois compères dans son travail de fin d’études de rhéto, option Arts d’expression. Recette gagnante, qui séduit tant les profs que les élèves.

 » A posteriori, je trouve ces dessins vraiment pourris. On voit très bien que je n’avais aucune notion, en termes de proportions, par exemple. Les mains sont trop grosses, la tête trop petite… Encore maintenant, j’apprends et je progresse tous les jours. Mais il est vrai que je ne sais pas s’il y a un âge où l’on est entièrement satisfait de ce que l’on produit…  »

Qu’importe les doutes, ses croquis ne cessent de plaire, que ce soit dans des magazines belges – Le Vif Weekend était d’ailleurs le premier à lui commander plusieurs illustrations -, brésilien, français ou luxembourgeois. Sans oublier des collaborations avec des marques renommées, comme Giorgio Armani, Diesel ou Zalando. Ses crayonnés en ombres et nuances captivent, le plus souvent dans des jeux de noir et blanc, relevés par quelques taches de couleur.  » J’aime quand le résultat n’est pas tout à fait net, comme non fini.  »

Si la Liégeoise d’origine a choisi d’étudier le graphisme à Saint-Luc, l’Ecole Supérieure des Arts de Liège, ses quelques cours d’illustration lui ont toutefois donné envie de troquer la souris d’un ordinateur pour un crayon.  » J’ai ensuite envoyé des mails de candidature, sans trop y croire. Et tout s’enchaîne depuis, assez naturellement « , se réjouit Carole Wilmet.

Travailleuse solitaire, la dessinatrice se glisse chaque jour, à heures régulières, derrière sa table d’architecte. Des crayons éparpillés partout, quelques rares feuilles abandonnées et un ordinateur, élément indispensable pour dialoguer avec le monde.  » Sans Internet, ma carrière n’aurait jamais pu voir le jour « , considère-t-elle, confortablement installée dans un petit appartement cosy, qu’elle partage depuis quelques mois avec son amoureux, à Attert, un village situé au nord d’Arlon.  » J’ai toujours su que je ne resterais pas vivre à Liège. J’avais envie de campagne, d’un coin tranquille, d’être entourée d’arbres et d’animaux. Même s’il n’y a qu’un magasin de tracteurs et un distributeur de pain aux alentours, je ne me sens pas isolée. On a pas mal d’amis qui habitent la région et la frontière luxembourgeoise n’est qu’à trois kilomètres, ce qui offre pas mal de facilités, professionnellement parlant.  »

Son inspiration, Carole Wilmet la trouve partout. Via les gens qu’elle observe en rue. Via les photos de mode qu’elle trouve par centaines sur le Net. Ou via le travail de certains artistes, comme l’affichiste et peintre tchèque Alfons Mucha, la tatoueuse et illustratrice Alison Casson, le Belge MyDeadPony ou encore l’Australienne Kelly Smith.  » Toutes ces influences ont un impact sur mon travail. Le Web fourmille de portfolios intéressants, d’idées nouvelles ou de vidéos, images, chansons… Tant de choses auxquelles on a un accès direct et qu’on emmagasine chaque jour. D’une manière ou d’une autre, ces sources d’inspiration finissent forcément par se retrouver sur le papier. Le principal est de les analyser, éventuellement de les critiquer, mais surtout de les réinterpréter et de parvenir à créer quelque chose qui soit le fruit d’une réflexion personnelle.  » Et qu’importe, pour cela, si l’illustratrice évolue en plein coeur de New York, Paris… ou d’une petite commune ardennaise.

PAR CATHERINE PLEECK

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content