Méditer : une bonne résolution pour la rentrée ? Dans le VIPland, tout

le monde s’y met : de David Lynch à Gwyneth Paltrow. Philosophie de la liberté, thérapie de bien-être ou simple hobby bobo ? Le phénomène est tel qu’ on se pose la question avant de se décider.

Si vous croisez le chemin d’un people, surtout américain, qui déclare ne pas pratiquer la méditation, prière de nous contacter. À longueur d’interview, on trouve en effet, avant le plein de légumes antioxydants au farmers’market et le cours de Pilates, une bonne grosse demi-heure consacrée à la méditation.  » Nouvelle  » obsession made in VIPland, qui touche Eva Mendes, Gwyneth Paltrow et Angelina Jolie, pour les jeunes femmes, Clint Eastwood, David Lynch, du côté des stars vieillissantes. Tout ce joli petit monde démarre la journée assis en tailleur, le dos bien droit, sur son zafu (coussin), avant d’engloutir une bonne tasse d’infusion de graines de sarrasin. On flaire l’effet de mode, l’attrape-bobo-gogo, avant de pousser un cran plus loin. Et si ça racontait quelque chose ? Et si méditer rendait plus heureux ? On a donc lu et questionné, et – un peu – pratiqué, pour tâcher d’y voir plus clair.

MÉDITER POUR QUOI FAIRE ?

 » Le but n’est pas de s’élever, mais de se poser sur la terre. Ici et maintenant. On ne s’intéresse qu’au fait d’être. Juste être, pas être une mère, une femme, un mari… Les bienfaits sont basiques – calmer le stress, éviter la dépression, se détendre – et plus profonds – faire de ses faiblesses des forces, tenir ses émotions à distance.  » Tentant, non ? C’est le résumé qu’en fait Fabrice Midal, philosophe et fondateur de l’École occidentale de méditation (1). Récemment, il a fait salle comble dans un théâtre du Gymnase transformé en centre de méditation pour l’occasion, en plein boboland parisien. Elodie, 36 ans, raconte :  » Je suis venue par curiosité. Je pratique le yoga depuis dix ans. J’ai eu envie de passer à la vitesse supérieure en tâchant d’atteindre la paix de l’âme !  » Psychiatre à Sainte-Anne, centre hospitalier au c£ur de la capitale française, et grand méditant, Christophe André pense, lui, que sa discipline favorite  » développe les émotions positives et nous habitue à une acceptation bienveillante du monde « . On peut donc décider de s’y mettre pour parvenir au bien-être et à la sérénité, d’où le lien évident avec le yoga, ou pour répondre à un appel spirituel.  » Cet appel est souvent inconscient, mais il est toujours là, en filigrane « , avance Nadège Amar, qui donne des cours au centre Qee, à Paris. Un lieu lumineux et élégant, pas new age pour un sou, où s’enseignent la méditation aussi bien que le Pilates.

ÇA SE PASSE COMMENT ?

La première fois, c’est un peu étrange. Il ne faut pas avoir honte de se concentrer sur le taupe du vernis Chanel aux orteils de la demoiselle à votre droite, qui arrive, elle, à rester parfaitement immobile. D’ailleurs, nous, on n’a pas réussi à tenir en tailleur pendant quarante-cinq minutes. Ça vient avec le temps. David Lynch, dans une vidéo en ligne où on le voit interviewé par David Servan-Schreiber (le célèbre neuropsychiatre, décédé le 24 juillet dernier, intégrait la méditation parmi ses outils thérapeutiques dans son best-seller Anticancer), raconte à quel point il a été transfiguré dès sa première séance. C’est sans doute pour cela qu’il est David Lynch. Une séance, que l’on soit dans une pratique bouddhiste, hindouiste ou dans une tambouille £cuménique, commence généralement par un prof, ou maître, qui prononce quelques mots, un genre de prière au débit très, très lent, et, surtout, par un travail de respiration par le ventre. Comme l’explique Anne Ducrocq, auteure de La Méditation :  » Les pensées arrivent comme un cheval au galop. Le bruit mental incessant nous empêche de trouver le calme intérieur qui est indissociable de l’être. Un seul remède : la respiration. Car les pensées, les émotions qui pourraient venir parasiter l’instant ne doivent faire l’objet d’aucun effort, pas même celui d’être chassé.  » Puis le maître fait sonner un petit gong et c’est parti pour trois quarts d’heure de méditation, parlée ou silencieuse.

POURQUOI ÊTRE GUIDÉ ?

Et d’ailleurs, le faut-il vraiment ? Certains vous disent qu’il suffit de lire quelques ouvrages de référence (notre sélection en page 26) et de commencer doucement : dix minutes au lever, tous les deux ou trois jours, puis davantage, puis tous les jours. Mais ça, c’est oublier que vous n’êtes pas Gwyneth Paltrow.  » Chez moi, le réveil sonne à 7 h 15. Il faut préparer le petit déj’ des enfants puis débarrasser la table. Je n’ai personne pour m’aider et je travaille comme tout le monde, beaucoup, et cinq jours sur sept « , confie une jeune mère de famille débordée qui a tenté de se lancer seule. En vain. Méditer, c’est du boulot. Parfois, on a mieux à faire, ou pas le temps.  » Avant que ça ne devienne une routine, un besoin, une hygiène, il faut être dans une pratique. Qui peut consister en des exercices de visualisation ou d’association d’idées « , précise Nadège Amar. Le principe de la méditation guidée est de se laisser faire, sans forcer.

LA MÉDITATION, UNE RELIGION ?

Oui et non. Toutes les méditations de l’Histoire, passée comme présente, sont intimement liées au fait religieux : mantras de l’hindouisme et du bouddhisme, koan (maximes) dans le bouddhisme zen, méditation de lettres hébraïques dans le judaïsme. Même chez les chrétiens, on médite ! Les premiers étaient les Pères du désert (retirés dans les déserts d’Égypte, de Syrie et de Palestine à partir du IVe siècle après Jésus-Christ). Et de grands saints comme Thérèse d’Avila ou Ignace nous ont légué leurs méthodes. Pour autant, la méditation n’est pas une prière. Et son but n’est pas le salut de l’âme après la mort, mais une recherche de justesse, d’être à soi et au monde ici et maintenant. Et d’arriver à cet état de pleine conscience où l’on observe ses émotions en spectateur, sans jamais en être l’esclave. C’est de vivre l’instant présent, sans chercher à ce qu’il soit tel qu’on aurait voulu qu’il soit. Une méditation  » réussie  » change à jamais celui qui la pratique. Plus prosaïquement, Nadège Amar admet ne pas s’être mise en colère depuis plus de trente ans. Qui ne rêve pas de cela ? Et il ne s’agit pas pour autant d’une autosatisfaction béate.  » Au contraire, c’est bien parce qu’on est en paix soi-même que notre écoute d’autrui est meilleure.  » Méditation : nouveau yoga ou vraie sagesse ?

(1) www.ecole-occidentale-meditation.com

PAR ELVIRA MASSON

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