Célibataire et marre de l’être ? En cette belle saison, on vous livre un modus vivendi pour aider le destin à provoquer une jolie rencontre… Et l’accueillir en toute sérénité.

Vous imaginez vos congés comme un immense speed dating en bord de piscine ? Premier  » passion  » faux pas !  » Il ne faut surtout pas organiser ses vacances avec cet unique objectif. Mais plutôt penser à se faire plaisir « , raconte Géraldyne Prévot-Gigant, psychopraticienne spécialisée dans les troubles de la dépendance affective et auteure de Le grand amour. Se préparer à la rencontre (Odile Jacob).  » Si le seul but est de trouver quelqu’un, on risque soit la frustration, soit de tomber sur la mauvaise personne (et donc de terminer dans le mur), mais aussi de passer son séjour en mode contrôle… et donc de le gâcher.  » Et puis, qui sait, le rendez-vous fatidique n’est peut-être prévu que pour cet hiver. Alors autant s’éclater et vivre le bonheur d’être là, maintenant.  » Ce qui fait partie du processus d’acceptation de l’instant, du lâcher-prise « , une condition importante, voire essentielle, au jackpot sentimental. Les témoignages de ceux qui ont dégoté l’élu(e) le confirme : c’est en ne cherchant pas (ou plus) qu’on le trouve.

Telle Miriana, qui à l’approche de la cinquantaine, était devenue obsédée à l’idée de finir sa vie sans avoir connu autre chose que quelques coups d’un soir et d’innombrables histoires impossibles.  » J’acceptais des sorties dans l’unique but de faire des rencontres, quand je m’inscrivais à une formation, je regardais d’abord le nombre d’hommes participants, j’étais sur des sites Web spécialisés, j’avais tout le temps un radar allumé dans ma tête.  » Pourtant, le jour où on lui a présenté Pol-Henry, qui partage aujourd’hui son existence, elle ne s’était pas pomponnée comme à son habitude :  » J’ai balancé mes hauts talons, enfilé des vieilles baskets confortables, mis une robe « drôle » et non sexy et pensé « Ce soir, j’ai juste envie de m’amuser » « . Et c’est ce naturel, précisément, qui a fait mouche.  » Comme il ne me plaisait pas particulièrement, j’étais détendue. Et puis, au moment de lui dire au revoir, il s’est passé un truc : ça a fait « bzzzzt » dans mon ventre.  »

LE CÉLIBAT, FORMIDABLE OPPORTUNITÉ

Ne plus être dans l’attente intense et irrépressible du prince charmant (ou de la princesse) est un objectif sensé à atteindre.  » Apprendre à se détacher de ses idées arrêtées, faussées ou sublimées. Cesser la quête d’une rencontre pour remplir un besoin ou un manque (de reconnaissance sociale, de fuite de la solitude, afin d’oublier un ex…) « , suggère Géraldyne Prévot-Gigant qui invite à regarder en face les mauvaises raisons qui poussent à désirer être en couple, pour ensuite faire un sérieux travail de nettoyage, et enfin arriver à être bien avec soi.

Matthias, 40 ans, croit au grand amour mais se méfie des papillons  » car ils s’envolent vite « . Malgré son romantisme façonné par les films de Julia Roberts, il a tenté pendant longtemps de les éviter… Pour être mieux dévoré ! Dernièrement, il a quitté un homme pour un autre. Une histoire éphémère.  » Je suis irrésistiblement attiré alors qu’il ne me convient pas. Probablement parce qu’il y a quelque chose en lui qui me parle et me renvoie à mon enfance, mes désirs… C’est un drôle de combat avec soi-même : savoir que celui qu’on désire nous est toxique mais vouloir y aller quand même.  » Existe-t-il un truc pour éviter de répéter ces scénarios infructueux ? Commencer par ne plus avoir peur de la vie en solo… et l’assumer.  » En vivant positivement la solitude, parce qu’on la remplit pleinement avec ses amis, son job, ses passions, on va dégager autre chose… et attirer une autre catégorie de gens, insiste Géraldyne Prévot-Gigant. Si on aime être seule, cette indépendance, cette liberté, vont être attirantes. Comme une revendication d’une phase qu’on a le droit de traverser, le célibat est une formidable opportunité de faire une exploration de soi-même. C’est un apprentissage qui nous mène vers une relation équilibrée.  » Selon elle, il n’y a pas de hasard : si on enchaîne les personnes non disponibles (parce que mariée, workaholic, vivant à l’étranger…), il est temps de se poser des questions. Notamment sur son propre engagement. Le célibat peut donc être la parenthèse idéale pour se défaire de ses idées limitantes, de ses représentations éducatives qui nous feront reproduire inconsciemment le schéma parental, mais aussi de guérir de ses blessures d’enfance ou… de ses relations passées.  » Pour se préparer, il est important d’ouvrir son coeur et d’être dans un état d’esprit positif, rappelle John Gray, en publiant les prémices de Mars & Vénus avec Guérir de ses blessures affectives pour aimer et être aimé (Les éditions de l’Eveil). Il faut être sûr d’avoir pardonné les erreurs du passé aux autres ainsi qu’à soi-même. Utilisez l’écriture émotionnelle : rédigez une lettre à vos anciens partenaires, pour pleinement les pardonner et leur être reconnaissant de ce qu’ils vous ont apporté.  » Un travail qui n’est toutefois pas toujours évident à faire seul. Une psychothérapie permet d’aller au-delà des mécanismes de défense, de regarder dans des endroits fondamentaux, et surtout d’être accompagné lorsqu’on se confronte à ses parts d’ombres.

AIMEZ-VOUS POUR ÊTRE AIMÉ

L’essayiste américain rappelle dans son ouvrage une évidence : il faut s’apprécier personnellement, avant de l’être des autres. Mais comment faire dans une société où l’on est sans cesse matraqué par des images irréelles de tops parfait(e)s ?  » Il est possible de nous aimer davantage en apprenant à explorer nos émotions et à gérer notre stress. Ainsi, on parvient à accéder à une véritable connaissance de soi qui inclut de l’acceptation et de l’amour de soi.  » Sauf que nos émotions, justement, nous avons appris à en refouler certaines. Différentes selon le sexe. Depuis l’enfance, les garçons sont traités de poules mouillées s’ils expriment peur ou tristesse alors que les filles sont taxées d’hystériques dès qu’elles montrent de l’énervement.

Pour déloger ces frustrations, l’auteur du best-seller envisage l’exploitation des ressorts de la colère qui permet de s’y connecter en pleine conscience. L’idée ? Observez-vous dans un miroir et soyez fâché contre vous. Commencez vos phrases par  » Je t’en veux pour « ,  » Je te déteste pour… « . Parlez fort, hurlez si nécessaire, mais ne vous époumonez pas. Utilisez le  » tu  » et non le  » je  » et, au bout de 2 à 3 minutes de reproches ininterrompus, passez à la motivation. Soyez votre propre guide et commencez vos phrases par  » Je veux que tu… « . Terminez ensuite par des affirmations encourageantes :  » Tu peux le faire « ,  » Tu es génial « ,  » Je t’aime « …  » Mettre la colère en mots et percevoir progressivement les désirs et les sentiments positifs qui se cachent derrière permet de renouer avec l’estime de soi « , précise l’expert. Tout comme l’écriture émotionnelle dont il est particulièrement friand.  » C’est l’exercice le plus efficace et le plus puissant. Il permet de totalement exprimer nos émotions négatives, de révéler nos vulnérabilités et d’avoir conscience de nos désirs. C’est un travail d’éveil intérieur qui développe la compréhension de soi et des autres.  » Raison pour laquelle il la conseille même au sein des couples par le biais d’une missive où l’on ose coucher toute la vérité, avec tact, mais sans rien édulcorer. Une méthode qui fait ses preuves. Parfois naturellement : Gaëlle, 39 ans, avec  » l’homme de sa vie  » depuis quatre ans, règle ses conflits en se forçant à communiquer vraiment.  » Par écrit, c’est plus facile : il y a plus de réflexion. On parle tant de ce qui ne va pas, que du fait que nous nous aimions. J’insiste toujours sur ce point parce qu’il permet de se dire des choses pas forcément agréables dans le respect de l’autre, tout en sachant que cela ne change rien à nos sentiments.  » Idem pour Marie, 33 ans, et Anna, tombées sous le charme au premier coup d’oeil, qui règlent leurs rares disputes en  » rédigeant des lettres à l’ancienne « .

SE LAISSER SURPRENDRE

Avant de pouvoir se réjouir de se chamailler avec l’être aimé, il faut le reconnaître. Tous ceux qui l’ont trouvé sont unanimes pour dire qu’il est essentiel de  » ne pas faire de profil de candidat(e) recherché(e) « . Gaëlle conseille  » d’aller au-delà des apparences « . Miriana,  » de lâcher ses idéaux impossibles « . Amandine, heureuse en couple depuis quinze ans, propose  » d’être indulgent(e) et ne pas chercher dans un homme/une femme les qualités qui ne peuvent se trouver que dans quatre différent(e)s « . Mais également de rester soi.  » Faire du charme ou des efforts pour plaire, ça ne signifie pas aller jusqu’à (se) faire croire qu’on est quelqu’un d’autre. Dire franchement qui on est, et demander à l’autre d’en faire autant, permet d’être rapidement fixés « , souligne Marie. Vous avez peur de faire fuir votre conquête en étant naturel(le) ?  » Si elle fuit c’est que ce n’est pas la bonne, rassure Géraldyne Prévot-Gigant. On en parle de moins en moins, mais succomber à quelqu’un qu’on ne connaît pas, ça arrive. Le grand amour est assez spontané et immédiat. S’il se barre, c’est qu’il a soit une phobie, soit qu’il n’a pas réglé ses problèmes, soit que ce n’est pas lui. Car la bonne personne, elle est tellement contente de vous avoir trouvé(e) qu’elle ne part pas comme ça. Il ne faut jamais craindre de faire fuir un rendez-vous, ça permet de garder confiance en soi.  »

Parce que c’est précisément sur ce point qu’on reconnaît  » the one  » : à son évidence. Miriana a entendu sa voix intérieure lui souffler  » c’est ma place  » ; Marie a su qu’elle voulait des enfants avec Anna au bout de deux semaines ; Gaëlle continue de vivre cette sensation étrange de  » s’être trouvée  » ; Catherine, 36 ans, a pensé très vite que sa nouvelle romance n’était pas comme les autres :  » La force des sentiments, le besoin insubmersible de se voir, l’intimité presque immédiate.  » Vivez, souriez, profitez. Soyez le plus naturel possible.  » Le grand amour ne se contrôle pas, il se déclenche comme ça, qu’on soit en jogging ou en tenue de gala, conclu Géraldyne Prévot-Gigant. On ne peut jamais prédire : on ne le sait que lors du contact. Une évidence : ça roule, ça coule, c’est fluide « . C’est lui, c’est elle.

Le grand amour. Se préparer à la rencontre, par Géraldyne Prévot-Gigant, Odile Jacob, 235 pages.

Guérir de ses blessures affectives pour aimer et être aimé, par John Gray, Les éditions de l’Eveil, 172 pages.

PAR VALENTINE VAN GESTEL

 » Le célibat est une formidable opportunité de faire une exploration de soi-même.  »

 » Dire franchement qui on est, et demander à l’autre d’en faire autant, permet d’être rapidement fixés.  »

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