Les codes vestimentaires en page 18.

Carnet d’adresses en page 59.

Jennifer Beals, Alex Owens dans le film  » Flashdance « , est redevenue notre idole. Non seulement, en termes de fashion, dans ses années 1980, elle a tout bon. Vingt ans après, elle s’offre, en plus, un revival branché en jouant le personnage principal de la nouvelle série dont on parle aux Etats-Unis. Diffusée depuis janvier dernier en effet, sur la chaîne US showtime,  » L Word  » (L comme lesbiennes) raconte la vie et les amours de jeunes homosexuelles à Los Angeles. Jennifer alias Bette y joue une directrice de galerie en couple depuis sept ans avec Tina. Véritable phénomène de société, on pressent déjà la série culte entre  » Friends et Sex and the City « . Une version  » female  » de la série anglo-saxonne  » Queer as Folk « .

A défaut de pouvoir la découvrir sur nos chaînes, on se repasse  » Flashdance  » pour une leçon de style. Et on emprunte à Jennifer le tee-shirt oversize à encolure bateau qui tombe négligemment sur l’épaule et que l’on porte sur un jeans délavé supertroué. On retient aussi les escarpins rouges avec la jupe en cuir en soirée, le grand pull ou le marcel en journée. Dans le même registre, on épinglera aussi Irene Cara, Coco dans le film  » Fame « , et Leroy (alors joué par Anthony Ray)  » la  » référence pour les hommes : tee-shirt découpé aux épaules avec prénom inscrit sur le torse, mini-short satiné enfilé sur un jogging et rollers aux pieds.

La mode des eighties n’en finit pas de faire son come-back. Mais attention, aujourd’hui, elle nous revient sur le tempo des danseurs, des breakers, du street jazz, de la rue. Une sorte de black attitude pleine de fougue et d’énergie. Pour rappel, les années 1980, c’était à la fois la montée du streetwear, les banlieues qui affirmaient leur identité, mais aussi l’émergence des yuppies. Une société portée par deux cultures, la rue et l’argent. Des années optimistes, des success stories. Une période singulière et glamour soulignée par de la couleur, du clinquant, des filles joyeuses, des garçons à l’allure hip-hop, des working girls. Et portée par l’esprit disco, le strass, le diam’s et le cuir. Une économie prospère, une consommation de masse en croissance. Une période hédoniste aussi, juste avant l’apparition du sida qui changera notre vision de la vie et de l’amour. Le temps béni de l’antidéprime, du paraître, de la réussite, de la légèreté, du mouvement. On croque la vie à pleines dents comme un Pac man, le premier jeu vidéo des consoles Atari devenu, lui aussi, culte, et on affiche son style comme un Rubik’s cube, plein de couleurs et de facettes.

Des couleurs  » piscine  »

Matières fluides, effets seconde peau, la référence à la danse est claire. Avec ses robes tee-shirt, ses leggings et ses jambières, Louise Assomo, 26 ans, une jeune créatrice bruxelloise cherche à refaire à son goût ces années qui parfois en manquaient un peu.  » Jeunes, on détestait ces vêtements à épaulettes, ces gros élastiques pas seyants, ces jeans serrés, la mode se cherchait… « , confie la styliste qui a revisité toutes les séries de l’époque.  » Quand je regarde  » La Croisière s’amuse « , j’y trouve plein d’inspiration, les robes de cocktail, le strass, la couleur bleu pétrole, les grosses broches et même les maillots de bain bandeau en haut et taille basse en bas ! Il y a deux ans, j’aurais trouvé ça très kitsch, mais maintenant, ça m’inspire.  »

On évoque Isaac, le Black de l’équipe :  » C’est dans les années 1980 qu’on a instauré la discrimination positive aux Etats-Unis. Du coup, dans la série, on commence à voir de belles Black élégantes « , note Louise, elle-même d’origine africaine. Sa collection automne-hiver 04-05 mélange les cols bateau, les gros élastiques à la taille, les cols en V plongeants, les manches chauve-souris, les robes bandeau, le satin, le strass, le bleu pétrole des robes cocktail dans l’esprit  » piscine « , les ceintures à grosses boucles vintage, ainsi que les pantalons taille haute qui refont doucement leur come-back. Bref, c’est une revanche que cette ancienne élève de Bishoffsheim prend sur ces années-là, en réexplorant les maudites jupes tube, en réhabilitant les robes bouffantes à la taille ou en féminisant les imprimés de ses années d’adolescente.

Dans son atelier d’Uccle, qu’elle partage avec Nathalie Lermytte, une autre styliste qui travaille sur des tournages de films et de clips publicitaires, Louise Assomo écoute le George Michael des premiers hits, avec ses costumes blancs repris par Dolce & Gabbana cette saison et portés par le footballeur David Beckham. La résurgence, chez Vuitton, des doubles-croisés jusqu’alors enterrés, des diner jackets et de l’esprit cocktail, et, dans un autre genre, le retour des Perfecto et des pins chez Helmut Lang ne lui ont pas échappé non plus.

Aujourd’hui, Louise Assomo, qui enfant, voulait être danseuse, habille la chanteuse Geike du groupe Hooverphonic, vend ses vêtements au magasin Baby Beluga à Anvers et chez Idolls à Amsterdam, et travaille pour des tournages de films ou de clips publicitaires sur commande.

Ces séries télévisées qui nous inspirent

C’est plutôt à  » Fame  » que Yolande se réfère lorsqu’elle évoque sa garde-robe. Mannequin à l’agence IMM et étalagiste dans une boutique de dessous féminins à Bruxelles, la jeune femme mise sur la couleur : rouge, fuchsia, turquoise, jaune. Elle compte, aussi, une belle palette d’escarpins. Pour soigner son look eighties, cette jolie métisse de 25 ans suit quelques règles vestimentaires de base : le jean très délavé et surtout très taille basse ( » ça je sais c’est pas très eighties « ), le top découpé à l’encolure ou tombant sur l’épaule, le soin porté aux accessoires û les créoles, la ceinture, le bandana en foulard û mais surtout les couleurs flashy, les collants multicolores, les jambières, la tunique au- dessus du pantalon… A Madonna de la grande époque, elle a emprunté les bas déchirés et les collants résille.

 » J’ai toujours aimé ces années-là, clame-t-elle. Pourtant pour moi cela ne correspond pas à une nostalgie, j’étais trop jeune. Ce sont des années de libération où tout le monde se lâchait, où les gens étaient plus libres, où les couleurs explosaient.  »  » Pour nous, c’est les années  » Flashdance  » et  » Punky Brooster « , poursuit Sandrine, qui évolue également dans le milieu du stylisme. Je trouve ce style rigolo à la limite du mauvais goût mais surtout pas coincé.  » Plus punk rock que streetwear, Sandrine se promène avec une mini-jupe écossaise qu’elle a associée à un top fluide rose pâle. Et des bottines noires rehaussées de guêtres en cuir, très 1980.

Sandrine et Yolande aiment bien piocher tant dans les chaînes à la mode que dans les fripes où elles dénichent des pièces d’époque. Car à Bruxelles aussi, des marques et des boutiques branchées surfent cette saison sur la vague eighties. Ainsi Denim Addict qui propose, dans sa collection d’été, une ligne de tee-shirts à l’effigie des héros de séries télévisées. Ou chez Up and wear, par exemple, située à deux pas de la rue du Bailli à Ixelles, dont le propriétaire est un trentenaire fan des années 1980. Débardeurs résille de Pepe Jeans, robe en tulle et coton de Diesel style lab, robe tee-shirt de Michiko Koshino, robe en coton à rayures de chez Combo, tee-shirts Wrangler bicolores pour hommes et femmes, visières, casquettes filet, jeans ultraserrés Lee, Wrangler ou Levis Red… Tout baigne ici dans la mode d’il y a vingt ans.

 » Bien sûr, on est toujours nostalgique de son adolescence mais de plus lorsque j’ai fait mon choix au salon Bread and Butter de Berlin, il n’y avait que du style inspiré des 80’s « , affirme Miky. Du funk en fond sonore ravive nos souvenirs. Micky déballe les derniers tee-shirts vintage Mickey de chez Ink and Paint. Des pièces collector qui existent en version tee-shirt coton à col rond (vendu il y a quelques mois à la boutique Colette à Paris) et en version strassée option épaule dénudée pour les femmes ou sweat-shirt noir pour hommes. Des vêtements 100 % nostalgie qui se sont vendus comme des petits pains dès le premier jour.

Un mouvement dans le droit fil d’une mode qui a fait craquer aussi les marques françaises comme Naf Naf, qui édite cet été un tee-shirt  » The Love Boat « . Ou  » Ringard de luxe « , une collection parisienne, spécialisée, elle aussi, dans la nostalgie des séries télévisées  » Dallas « ,  » Dynastie  » et  » Magnum « , et qui n’hésite pas à afficher Joan Collins ou Tom Selleck sur des tee-shirts, des babouches, des sacs ou des lunettes.

Agnès Trémoulet

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