Fantaisie contemporaine à Paris
Éclectisme et raffinement pour cet appartement parisien. Entrez dans l’univers intime d’un amateur d’artà qui ne manque pas d’humour. Il y a quelques mois, il s’associait au célèbre couturier Pierre Cardin pour lancer Auction Art, une nouvelle maison d’enchères à Paris. Le commissaire-priseur Rémy Le Fur – qui mène avec maestria des ventes atteignant des sommes astronomiques – nous a ouvert les portes de son appartement en balcon sur les Jardins des Tuileries.
» J’ai été piégé, confie-t-il. J’aurais déjà pu le revendre, comme les précédents (depuis un quart de siècle, notre hôte, qui revendique une âme de nomade, déménageait tous les deux ans, parfois à un rythme encore plus rapide)à mais il est magique. Il a des proportions idéales, une exposition parfaite, et offre une vue extraordinaire sur le sud de Paris : des tours de Notre-Dame à celles de la Défense. Sans parler des bonnes ondes qui se dégagent de l’endroità » Voilà pourquoi, depuis trois ans, Rémy Le Fur n’a plus eu la bougeotte.
Niché au sommet d’un immeuble bâti sous le premier Empire, l’appartement occupait autrefois l’étage des chambres de service. Ces pièces mansardées ont d’abord été agrandies, puis réunies, de manière à former un superbe ensemble. » Non, ce n’est pas trop petit, se réjouit le propriétaire. Mais ce n’est pas non plus trop grand. C’est exactement la taille qui me convient. «
La première intervention de Rémy Le Fur a été de rendre à cette résidence sous les toits l’esprit de son époque d’origine. Là où il n’a pas conservé le très simple parquet de chêne existant, il a couvert les sols avec des pierres de Bourgogne et des cabochons d’ardoise. Pour les murs, il a choisi une teinte légèrement grise, comme elle était à la mode sous le Directoire ou sous l’Empire, pareille à celle que Christian Dior affectionnait pour son élégance.
Une entrée, un salon, une salle à manger, un bureau et deux chambresà Pour meubler » son » espace, Rémy Le Fur s’est fié à ses goûts éclectiques. Tous les styles lui plaisent. » Pourvu que les pièces soient de belle qualité « , précise-t-il. Son époque de prédilection ? L’Art déco. Il a ainsi réuni de nombreuses toiles de l’Ecole de Paris des années 1920 à 1940, et possède notamment plusieurs £uvres majeures de Jean Lurçat ou de Jean Souverbie.
L’art africain a également les faveurs du commissaire-priseur tout comme les productions d’après-guerre : il a, par exemple, déniché un fauteuil d’Eero Saarinen, édité par Knoll en 1948, habillé dans son tissu d’origine. » Au soleil des Tuileries, le bleu est en train de passer, épingle-t-il. On dirait aujourd’hui ce fauteuil tendu de jeans. C’est très amusantà «
Notre hôte est également féru d’art contemporain. Avec son amie Valérie Maltaverne, il a fondé une société d’édition de mobilier contemporain, Ymer & Malta. Dans leur écurie, Hubert Le Gall et Cédric Ragot comptent parmi les talents les plus prometteurs.
L’appartement de Rémy Le Fur incarne son insatiable curiosité et ce qu’il appelle sa » boulimie » d’objets. » J’ai commencé à m’y intéresser, lorsque j’avais 12 ans, se souvient-il. Je ne suis pas collectionneur – je trouve qu’une collection a tendance à vampiriser celui qui la constitue – mais je suis un » amasseur » autant qu’un amateur. Les pièces les plus humbles me passionnent au même titre que les plus coûteuses, que je n’ai malheureusement pas toujours les moyens d’acquérir. «
Tableaux, sculptures, photos, meubles ou opus d’art décoratifà Toutes les formes d’expression cohabitent en toute harmonie. Mais cette accumulation magnifique ne serait rien sans l’humour de Rémy Le Fur. Les » animaux » qu’il héberge – le Cheval bleu d’Assan Smati ou le cochon Le Démon dans la peau d’Anne Ferrer – témoignent avec beaucoup d’esprit de son inépuisable fantaisie.
Reportage : Luxproductions. com
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici