Ancrée dans la tradition des habitations ibicenca, cette maison de vacances coule des jours heureux avec la modernité. Dans un site naturel envoûtant, tournée vers la mer, elle déploie crescendo son architecture pointue et son extrême confort contemporain.

Arrivez donc par le sentier sauvageon ébouriffé de cistes, de pins et de genévriers, et la demeure vous semblera tout naturellement ancrée dans la pure tradition des habitations ibicenca. Mais elle aime l’aventure, la surprise des départs et l’excitation des voyages. L’entrée serait-elle donc une passerelle ? Soudain la finca se jette dans les vagues de l’audace, tire des bords avec la modernité, tend vers le sud ses terrasses tels des ponts de navires, hisse des voiles de blancheur, arrime solidement ses mâts de chêne sur le béton et vogue, libre et téméraire, vers la vie au grand large. Mille fois encore sur l’horizon à perte de vue, par les coursives d’un style bien trempé, elle laissera ricocher le regard, ébloui par cette croisière de l’architecture à la rive de la Méditerranée.

Retrouver l’esprit finca sur la façade nord et arriver crescendo vers le contemporain en intégrant dans le site une architecture pointue, telle fut l’idée maîtresse du cabinet d’architecture parisien ayant £uvré sur cette maison de vacances d’Ibiza. En osant deux longues et vastes terrasses, comme lieux essentiels de vie, résolument tournées au sud vers la mer, et chaloupées comme des navires avec des rambardes triangulaires esprit pont de bateau et des câbles en Inox tendus sur des supports en métal galvanisé. La réussite des lieux tient aussi à l’esprit méditerranéen et naturel du jardin conçu par la paysagiste Caty Heunoumont, et la bonne implantation de la piscine en contrebas. Juste un grand bassin à débordement en béton lissé, teinté en gris foncé pour donner du vert à l’eau, structuré par des murets en pierre vive et des plages en pente douce en en lattes de maracanduba. Audacieusement, un studio pour les amis, façon loft méditerranéen, a été aménagé comme une grotte sous la piscine. A l’abri d’un brise-soleil, maintenu par un poteau en sabine, les baies vitrées s’éclipsent dans le mur en béton poli et peint. L’esprit architectural est omniprésent et paresse encore sur deux chaises longues en bois de palette signées des designers ibicenco Buste et Roger.

L’enjeu architectural était aussi d’allier pour la maison un extrême confort avec un esprit visuel, non fini et des détails affûtés. Ainsi, les murs extérieurs en sable et ciment se rehaussent de reprises plus foncées et d’arêtes vives pour encadrer les ouvertures, osent la finition brute de percées carrées dissimulant des éclairages et font coulisser la totalité des volets en chêne réalisés sur mesure, montés sur des cadres galvanisés. Et les cinq portes tableaux de s’ouvrir sur la terrasse du haut, qui tel le pont supérieur d’un navire déroule un sublime espace salon-salle à manger rythmé par six colonnes en chêne.

S’étirant sur toute la longueur de la maison, s’offrant le luxe d’un accrochage de l’horizon par cinq ouvertures strictement encadrées de galvanisé et ventilant facilement la vie dedans-dehors, la vaste pièce qui éblouit le regard, à peine franchi la porte d’entrée, est loin d’avoir reproduit les volumes cloisonnés des fincas… Même si elle leur a emprunté le traditionnel plafond en sabine, tout en l’allégeant de blancheur. Ce blanc omniprésent et de rigueur sur toutes les lignes, des canapés houssés aux lampes de lecture réglables signées Andrée Putman pour Ecart International, joué à égalité avec le chêne clair verni mat ou l’Inox de la cuisine professionnelle, par-delà la coursive d’accès aux chambres. Là, sous la hotte suspendue à des filins, un unique bloc rassemble d’un côté le froid en quatre modules réfrigérants et, à l’opposé, un piano pour cuisiner comme un chef, l’£il toujours rivé sur la terrasse et la mer… Seule touche de couleur, un patchwork de tapis jeté sur le sol en béton lissé.

Toute la personnalité de l’architecture s’appuie sur l’insolite parti pris des porches sous influence maritime. Comme pour la terrasse du haut, celle qui dessert les chambres et salles de bains est ancrée par six colonnes en chêne taillées sur mesure par un artisan en mâts de bateau, elles-mêmes arrimées sur des socles en granit. La promenade se poursuit comme sur le pont d’un navire, avec un plancher en maracanduba, un bois d’Amérique du Sud. Voiles au vent et fauteuils Starck houssés… les chambres alignées dans l’intimité de l’esprit cabine partent chaque matin pour une croisière vers le large.

La créativité s’empare aussi des espaces bains. Telle cette vasque façon ancienne bassine en fonte d’aluminium soudée sur un plan de toilette en verre, dessinée par le designer Julien Rondino. Un panneau mural en miroir où vient s’encastrer la robinetterie Vola ne perd pas un reflet de la formidable échappée mer tandis qu’un radiateur Acova passé chez un décapeur puis galvanisé a pris le ton de l’architecture des baies vitrées. Une autre douche aux murs et au sol en béton teinté et poncé laisse encore couler l’eau dans l’épaisseur du mur où vient s’infiltrer doucement une vasque en granito signée du même Julien Rondino. Les chambres, elles, adoptent des lits créés spécialement pour les lieux, dissimulant des coffres suspendus en chêne sous des montants en galvanisé et imaginant deux oreillers rigides en mousse en guise de tête de lit. Une simplicité exemplaire !

Françoise Lefébure

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