La Française Florence Cestac fut l’une des premières, avec Claire Bretécher, à faire de sa vie de femme le fil rouge de ses BD. Elle a publié cette année Le Démon du soir ou la ménopause héroïque, qui fait suite au Démon de midi et au Démon de l’après-midi. Soit les aléas de la vie de Noémie, son double de papier qui vieillit en même temps qu’elle. Une pionnière, et un exemple pour beaucoup d’auteures.

Quelle est la part de fiction et de réalité dans votre Démon ? La part de Florence dans Noémie ? Doit-on le lire en pensant que vous avez dû affronter un cancer du sein ?

Pour le Démon, le pourcentage est de 85 % autobiographique et le reste est constitué par diverses anecdotes de mes copines préférées. Noémie c’est beaucoup moi, mais j’ai choisi ce prénom car je n’en connais aucune. Et non, je n’ai pas eu de cancer du sein, mais dans mon entourage, beaucoup de femmes ont été confrontées à cette angoisse que l’on doit affronter tous les deux ans : la mammographie de dépistage.

Vous suivez avec les albums du Démon différentes époques dans la vie d’une femme… Comment vous est venue cette envie ?

J’ai écrit Le Démon de midi car j’ai vécu la chose à l’âge de 40 ans avec un enfant de 3 ans, et pour moi cet album a été thérapeutique et m’a beaucoup aidée à remonter la pente. Je ne me rendais pas compte à l’époque que je touchais un vrai sujet de société. Les femmes autrefois n’étaient pas familiarisées avec la bande dessinée, qui était plutôt destinée aux jeunes garçons. Elles sont maintenant décomplexées et de plus en plus nombreuses. Et c’est très bien.

Pensez-vous que votre Démon du soir, comme les deux albums précédents, puisse être considéré comme de la BD  » engagée  » ? Voire féministe ?

Féministe, oui, toujours un peu, car dans les gènes de la soixante-huitarde que je fus ! C’est Claire Bretécher qui a ouvert la brèche, et c’est une évolution logique de la société. Comme la bande dessinée est devenue un mode d’expression populaire, c’est normal qu’elle soit concernée par cette mutation.

Peut-on dire que vos BD sont l’exact contraire des  » BD girly  » ? Que pensez-vous de ces bandes dessinées de femmes d’ordinaire jeunes, sur des sujets généralement futiles ?

Je suis incapable de faire du girly car ça correspond effectivement à la vie des jeunes filles de maintenant. Et ce qu’elles racontent est le reflet de la société moderne. On aime ou pas, c’est comme ça…

Pensez-vous qu’il y a encore des tabous ou des vérités sur la vie des femmes à faire entendre aux hommes ?

Je m’inspire de mon quotidien et il n’y a aucun sujet qui ne puisse être abordé tant que l’on fait ça sans vulgarité ni agression envers les autres. Mais les sujets traités dans les Démon ne sont pas les plus délicats auxquels je me suis frottée. Le plus difficile, je crois que ça a été La véritable histoire de Futuropolis (NDLR : maison d’édition mythique dont elle fut une des fondatrices) car il ne fallait heurter personne.

Le Démon du soir ou la ménopause héroïque, par Florence Cestac, éditions Dargaud.

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