Weekend Le Vif/L’Express : Un vent nouveau souffle sur Gucci. Comment avez-vous marqué la rupture avec votre prédécesseur, Tom Ford ?

Frida Giannini : Tout est arrivé très naturellement et très facilement, sans aucune stratégie quelconque. Quand vous êtes directeur créatif, vous mettez beaucoup de vous-même dans votre travail. Vous avez une âme et une partie de votre personnalité se reflète dans les collections… Or, il y a une grande différence entre Tom et moi ! C’est un homme, je suis une femme. Il a 47 ans, j’en ai 36. Il est américain, je suis italienne. Cela dit, je ne voulais pas tout changer, parce que je ne pensais pas qu’il faille le faire à 100 %. Je trouvais juste naturel de me référer à ma génération et de m’inspirer des femmes qui m’entourent.

Comment apporter de la fraîcheur et marier la tradition Gucci ?

J’essaie de respecter la marque le plus possible. Les archives, les icônes – du logo jusqu’à la référence équestre -, tous ces éléments sont très importants pour moi, ils m’aident. Mais je veux les rafraîchir, les entraîner vers une nouvelle vie. D’une manière plus sensuelle. J’ai toujours dit que je voulais changer le mot  » sexy  » en  » sensuel « . Car ma vision est moins agressive. Et puis la société a changé, je ne vois plus de femmes comme dans les années 1990, en tailleurs noirs, protégées par deux bodyguards ! Je rencontre plutôt des femmes qui ont un job fabuleux et une famille, une vie, des hobbies et un cerveau, pas seulement de belles jambes.

Vous évoquiez une  » moderne masculinité  » à propos de votre défilé Homme. Qu’est-ce que cela signifie ?

Un homme moins sérieux, même si c’est un manager ou un type important ! Il peut être brillant mais aussi ironique et sourire. C’est ça, être un homme moderne pour moi. Et la part féminine, je la trouve intéressante, elle est cette connexion entre nous et eux. J’aime jouer avec des inspirations plus féminines pour l’Homme – les broderies, les imprimés, les chemises à fleurs, les mors sur les tee-shirts, sur les vestes en cuir. Et combiner les éléments qui viennent des deux mondes, mâle et féminin.

Etudiante, quels étaient vos créateurs favoris ?

C’était au milieu des années 1990, j’adorais Helmut Lang. Tous les Japonais. Et Martin Margiela. Même si, à cette époque-là, Gucci était déjà dans mon esprit… Et bien sûr, j’aimais Tom Ford.

Quels sont vos projets ?

Continuer à tout construire. Notamment le monde de l’homme. Parce que les hommes sont de plus en plus demandeurs, qu’ils accordent de plus en plus d’importance à la mode, aux accessoires, aux parfums, aux soins cosmétiques.

La mode, c’est une obsession ?

Oui, si vous faites un métier comme celui-ci, vous êtes obsédé, nécessairement ! Votre esprit est toujours en train de travailler, de penser  » what’s next  » et vous avez sans cesse une tonne d’idées… J’ai un bloc-notes près de mon lit, je me réveille souvent en pleine nuit et j’écris ce qui me passe par la tête, tout de suite. Je ne veux rien oublier.

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