Auteure et scénariste ayant collaboré, entre autres, avec Luc Besson et Fabien Onteniente, elle scrute la société française qui, pour elle, ne fait que dérailler. L’élection du président Nicolas Sarkozy a, par exemple, une incidence terrible sur le couple de son héroïne. Comment résoudre ce problème ?

Petite fille vous vouliez devenir…

Scénariste et réalisatrice. Avec mon cousin Frédéric et son frère, on écrivait des pièces de théâtre, qui étaient montées à Noël. L’entrée était payante ( rires) !

Être la cousine de Frédéric Beigbeder, est-ce une chance ou un poids ?

Avantage et inconvénient. Parfois ça m’ouvre des portes, mais certains le détestent.

Écrire rime avec…

Escrime. J’écris une musique à partir d’une voix intérieure. Seule à ma table, je tente de résoudre les conflits avec moi-même ou les questions que je me pose sur la société.

Le mot que vous détestez ?

Célibat et rupture. Digne de mon héroïne, Léa, j’aimerais que les choses durent toute la vie, or ça semble impossible à notre époque.

Votre plus grande peur ?

Je n’ai peur de rien. Ma mère étant serbe, nous étions à Belgrade quand la guerre s’est déclenchée. J’ai vu des morts dans la rue, alors après ça…

Vos vices ?

Je fume trop et je suis  » no limits « .

L’amour, c’est…

Je crois à la communion de deux âmes, à la fidélité des esprits, non des corps. Mieux vaut avoir mal que de ne rien vivre ! J’ai horreur des gens qui se gardent d’aimer. Les ruptures sont violentes, mais on se pose les vraies questions sur soi, le couple et le monde.

Le monde est-il enchanteur ou désenchanté ?

Totalement désenchanté, tragique, affreux. Faute d’idéaux et de valeurs, la société est en perdition. On est tous largués dans ce vide existentiel.

Une femme modèle ?

Colette pour ses écrits et sa vie, d’autant que mes grands-parents l’ont connue. Coco Chanel, Sagan ou Catherine II de Russie. J’aime ces femmes libres, indépendantes et féministes avant l’heure.

Quel rôle a Paris Hilton dans ce livre ?

Cette Barbie lisse pourrait être une £uvre d’art contemporaine. À travers elle, on contemple notre propre vide. Paris incarne la société consumériste, qui prend et jette les vêtements ou les mecs.

La ville de Paris est-elle vraiment  » une ville qui se meurt  » ?

À force d’être touristique, elle chasse ses habitants. Mais il reste des lieux vivants comme Saint-Germain, l’Alcazar, le Baron, le VIP et Rosa Bonheur, aux Buttes de Chaumont.

 » La révolution est en marche, il suffit d’y croire « , dites-vous.

J’ai vécu jadis dans une communauté hippie, où j’ai connu le manager de Bob Dylan. Aujourd’hui, j’aspire à une révolution des esprits. Si on continue, on va droit dans le mur ! Il faut croire aux utopies, sinon c’est la fin de tout.

Larguée en périphérie de la zone politique et autres petits désordres organiques, par Géraldine Beigbeder, Albin Michel, 233 pages.

KERENN ELKAÏM

« Je fume trop et je suis  » no limits « . »

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