Au cour des Caraïbes, la Guadeloupe palpite au rythme de son riche héritage créole. La beauté des paysages est également une véritable invitation pour tous les amoureux d’une nature miraculeusement préservée.

La Guadeloupe, aussi appelée l’île-papillon, est formée par deux îles reliées par une langue de terre. Les ailes sont deux mondes que tout oppose. La partie nord, appelée Grande-Terre, est en réalité la plus petite des deux. Son relief se veut plus plat et son climat plus sec. A Grande-Terre se trouve la capitale Pointe-à-Pitre et des champs infinis de canne à sucre, souvenir des années glorieuses: aux XVIII e et XIX e siècles l’industrie sucrière fit la prospérité des colons. C’est là aussi que s’alignent Le Gosier, Sainte-Anne et Saint-François, les plus connues et sans doute les plus belles plages de sable blanc de l’île. Au sud, Basse-Terre, plus verte et plus sauvage, est traversée par une chaîne de montagnes culminant avec la Soufrière, un volcan dont le sommet se perd dans les brumes à 1 467 mètres d’altitude. Une forêt tropicale de 300 km² s’étend à ses pieds pour former le Parc national de la Guadeloupe. Racoons (ratons laveurs endémiques de la Guadeloupe) et agoutis y jouent à cache-cache auprès des chutes d’eau féeriques qui déposent sur la végétation luxuriante un léger voile d’humidité. Désireux de reprendre en main leurs destins qui est aujourd’hui indissociable du tourisme et soucieux de préserver leur patrimoine culturel et naturel, les habitants de la région ont mis en place en 1998 « une marque de confiance ». Elle est attribuée à toutes initiatives et entreprises respectant les critères de l’écotourisme, lesquels se résument par « montrer tout en protégeant ».

Les voyageurs qui recherchent des alternatives tranquilles et authentiques, loin du tourisme de masse sont ici gâtés. Contrairement aux idées reçues, cette façon de « se mettre au vert » n’est ni plus chère, ni destinée uniquement aux jeunes ou aux sportifs. Elle est juste garante de découvertes et d’aventures respectueuses de l’environnement naturel et humain. Pour vivre différemment, la première étape consiste d’abord à choisir un logement dans de petits hôtels familiaux, en chambre d’hôtes ou en flat loué chez l’habitant. Ce genre de logement se retrouve à Basse-Terre, notamment le long de la côte sous le vent. L’occasion de se familiariser avec l’architecture antillaise.Une architecture rompue aux caprices de la météo, se voulant solide et alternant maisons de maître à galerie ou à vastes auvents et cases créoles toujours gaies et exubérantes. A l’image même des Antilles, ces habitations sont également un véritable festival de couleurs avec des bleus comme le ciel et la mer, du blanc comme le sable des plages, du vert cocotier ou encore des jaune et or comme le soleil qui domine tout ici.

La magie du quotidien

Vivre un moment parmi les Guadeloupéens, c’est aussi partager leur univers parsemé de rires, de chants et de surnaturel… A l’approche de Noël, des haut-parleurs diffusent alors les chansons festives. Dans les églises des bourgs, les mamies et leurs petits-enfants se réunissent pour « chanté Nwel ». La nature n’est pas en reste avec toute l’année, le chant nocturne des petites grenouilles envahissant l’air et berçant les rêves. Un petit lézard rose baptisé « margouya » est considéré comme porte-bonheur, mais il est bien le seul. Les Guadeloupéens sont en effet très superstitieux. Vous ne verrez donc jamais de linge sécher la nuit tombée. On a trop peur que les « soucougnans », des fantômes maléfiques, s’en emparent. Et si vous apercevez un drôle de sac contenant un poulet et quelques herbes pendus à un carrefour, surtout n’y touchez pas… Le « kenbwa », d’origine vaudoue est une pratique quelque peu tombée en désuétude mais qui imprègne toujours les mentalités.

Les caprices de la géographie et le hasard des conquêtes coloniales ont aussi doté la Guadeloupe d’îles attenantes comme la Désirade, Marie-Galante, Saint-Bathélemy, Saint-Martin ou encore, toutes proches, les îles des Saintes.

La route de la canne

Grande-Terre peut se visiter en un jour ou plus, selon l’humeur. A l’extrémité est, la Pointe des Châteaux est semée de récifs spectaculaires. Lorsque l’on grimpe jusqu’à l’immense croix de la Mission, on peut admirer la dentelle de roches balayées par les vents. La route N 5 en direction du nord permet de se diriger vers Le Moule. On y croise quelques ruines de moulins à vent qui servaient autrefois à l’industrie sucrière. Il y a deux cents ans, le bourg était un important port dont il ne reste que les canons rouillés d’une poudrière et un littoral déchiqueté par les vagues. L’ancien fief de l’aristocratie coloniale a pourtant gardé tout son charme. Les vieilles bâtisses explosent de couleurs. C’est aussi l’une des quatre dernières communes à posséder une grande usine sucrière dénommée Gardel et une distillerie Bellevue où l’on produit les célèbres rhums Damoiseau. Plus au nord, on peut se baigner dans les eaux émeraude du lagon de la Porte d’Enfer ou encore admirer les panoramas du haut de la Pointe de la Grande Vigie. Sur le chemin du retour, il faut obligatoirement s’arrêter au cimetière de Morne-à-l’Eau pour voir les étranges tombes chapelles toutes décorées de carrelages blanc et noir et pour déguster la spécialité locale, le crabe « touloulou » ou « barbe »…

Marais marin

L’espace qui sépare à l’ouest les deux parties de l’île se nomme le Grand Cul-de-Sac marin. C’est le royaume de la mangrove où règnent les palétuviers rouges et leurs racines aériennes. C’est aussi le paradis pour plus de 80 espèces d’oiseaux et au moins autant de poissons. 80% des espèces vivant dans la mer tropicale avoisinante passent, à un moment ou un autre de leur vie, dans cet écosystème particulier pour se nourrir ou se reproduire. Pour découvrir cet espace fragile et protégé, il suffit de glisser en silence dans le labyrinthe végétal en kayak ou en VTT des mers (sorte de pédalo aménagé)… Après ce moment de pure nature, on peut se prélasser sur une plage de rêve sur la côte ouest de Basse-Terre à Deshaies. Ce bourg possède aussi un jardin botanique superbement aménagé qui abrite notamment l’ex-propriété de Coluche.

Pointe-Noire, un autre bourg au charme désuet de la côte sous le vent, héberge un artiste réalisant des fresques de sable coloré mais aussi la maison du cacao et surtout un parc aquacole où l’on peut tout apprendre sur le « ouassou », une écrevisse locale. De l’oeuf à la magnifique crevette d’eau douce aux pinces bleues, des écloseries aux grands bassins en plein air, on y suit toutes les étapes qui précèdent l’arrivée dans les assiettes de ce met d’exception du terroir guadeloupéen.

Le sentier des arômes

Sur la route d’Acomat, la caféière Beauséjour permet au visiteur de découvrir une autre industrie qui connut son âge d’or à la fin du XVIII e siècle. En 1775, les caféières, essentiellement installées ici sur Basse-Terre, ont exporté en France métropolitaine jusqu’à 4 000 tonnes de café arabica. Cette variété se comptait parmi les quatre plus grandes de ce monde avec le Moka éthiopien, le Blue Montain et le Jamaïquain. A Beauséjour, la belle maison de maître bâtie en haut d’un morne (colline en créole) recrée quelques scènes de la vie d’antan. On peut se balader sur la propriété et déguster un excellent café cultivé et préparé selon des méthodes ancestrales. On y savoure aussi des mets délicats sur une terrasse avec vue sur la jungle tropicale. Le visiteur pourra également se baigner dans le bassin enchanteur d’une chute d’eau, ici appelée « saut » qu’elle soit à Acomat ou sur la route de Petit-Bourg, sur les hauteurs de la Lézarde… C’est qu’il y a encore tant à découvrir entre les célèbres chutes du Carbet non loin de la Soufrière et tout au sud, le passionnant Parc des Roches gravées. Avant de quitter ces lieux enchanteurs, il faut à coup sûr se lancer dans une balade sous-marine au sein de la réserve dédiée à Jacques-Yves Cousteau. Les eaux cristallines autour des îlets Pigeon sont peuplées – à 5 mètres de profondeur – d’une faune et d’une flore d’une richesse et d’une beauté inouïe. Poissons clowns, perroquets, sergents-majors, trompettes et tant d’autres plus colorés les uns que les autres ondulent joyeusement entre les gorgones, coraux et éponges… Pour explorer cet éden sous-marin, rendez-vous sur la plage de sable noir de Malendure. Clubs de plongée et bateaux à fond de verre vont et viennent de l’aube au couchant…

Reportage: Sophie Dauwe [{ssquf}]

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