Hanté par ses mythes, ses légendes et le souvenir des Chevaliers de la Table ronde, renommé pour la qualité de son accueil, le pays de Galles offre des balades vivifiantes au cour de ses splendides parcs naturels.

Guides pratiques en page 82.

 » C roeso i Gymru -Welcome to Wales !  » Le premier contact avec cette terre au profil rude, quelque peu mystérieuse et que d’aucuns assimilent encore trop souvent à l’Angleterre, débute par ce panneau d’accueil, flanqué d’un dragon rouge. S’il est écrit dans la langue des druides ainsi qu’en anglais, rien en revanche ne semble marquer officiellement l’entrée du pays de Galles. Reste ce fossé presque symbolique creusé par Offa, puissant roi saxon qui souhaitait matérialiser au viiie siècle, la frontière entre les territoires conquis et ceux des Welsh, ces  » farouches étrangers « , les Gallois. Aujourd’hui, passé la limite territoriale historique qui se fait bien discrète, le paysage change radicalement. Au gré des innombrables vallons et collines, entrecoupés ici d’un lac endormi ourlé de forêts, là fendus d’une cascade sauvage, il se métamorphose en un écrin de verdure plein de fraîcheur, où ondulent doucement, maillés de superbes bocages, d’innombrables prés piqués de blancs moutons.

Une nature incomparable diront ses habitants,  » exceptionnellement pittoresque  » si l’on s’en réfère au nombre de régions classées et à ses trois Parcs nationaux. Tous témoignent du souci commun d’en protéger les trésors. Avec le Snowdonia National Park au nord, enlacé par les bras de la mer, et celui des Brecon Beacons au sud, flamboyant à la fin de l’été quand la bruyère est en fleur, le pays de Galles a de quoi ravir les amateurs de randonnées. Il est d’ailleurs conseillé d’opter pour cette formule car leur beauté ne se dévoile que lentement. Le regard ne pourra se poser sur ces vastes étendues qu’une fois arrivé au sommet. Là où alternent landes et tourbières, là où la roche cambrienne, plus vieille que le monde, porte encore les stigmates des glaciers qui l’ont usée. A l’ouest, le Parc du Pembrokeshire qui s’ouvre sur les criques et les baies rocheuses, complète ce tableau bucolique en étirant à perte de vue des plages, parmi les plus préservées d’Europe.

Victoire du dragon rouge

Si Gymru, le  » Pays des amis  » est celui des amoureux de la nature et des grands espaces, il est aussi celui des légendes. Passé et présent s’y mêlent aussi intimement que mythe et réalité. En chantant les aventures des Chevaliers de la Table ronde, les bardes du Moyen Age ont dépeint ce pays peuplé de personnages héroïques et de créatures surnaturelles. Certes, ils ont magnifié les exploits d’Arthur et de Merlin, mais ces héros ont bel et bien existé. La littérature médiévale n’a fait que puiser dans la tradition celtique pour idéaliser ses chevaliers et glorifier leur loyauté envers le roi. Pour ce qui est de la réalité, leurs faits d’armes se sont joués sur ces collines, au pays des Bretons. Car l’antique Bretagne, entre-temps devenue  » Grande « , était le pays légitime de ce peuple celte dont les descendants habitent le pays de Galles actuel. Lors des invasions barbares, au vie siècle, leurs redoutables cavaliers ont permis de freiner l’avance des Angles et des Saxons.

La toponymie locale est très éloquente à leur sujet. Les vestiges très anciens sont innombrables, notamment les mégalithes de l’âge du bronze, qui portent le nom d’Arthur. Alors qu’ici le surhomme se serait assis sur une colline, là, il aurait tué un monstre. L’emplacement où ce dernier réunissait ses chevaliers autour d’une table mythique ne serait autre qu’un amphithéâtre romain. Même son fougueux cheval semble avoir laissé un peu partout trace de son passage. Le grand roi épris de la belle Guenièvre aurait enfin caché un trésor fabuleux. Mais prenez garde, prévient la légende, celui qui mettra la main dessus sera tellement ébloui qu’il ne retrouvera jamais la sortie de la grotte… Veillé par les fées, Arthur dort d’un sommeil profond aux côtés de ses Chevaliers, mais tous attendent son réveil pour entreprendre de nouvelles épopées fantastiques.

Outre les invasions barbares, les Gallois ont aussi vu débarquer chez eux les Irlandais, les Vikings et les Normands. Leur histoire, tumultueuse, a forcément laissé des traces. En témoignent les nombreux châteaux-forts médiévaux et autres places fortifiées de toutes les époques, faisant aujourd’hui partie intégrante du paysage gallois. Un record même pour l’Europe, leur nombre tournant autour des 400 ! Des plus romantiques, comme les ruines de Carreg Cennen gisant sur le bord d’une falaise – un ensemble de toute beauté -, aux géants suffisamment intacts pour être inscrits au Patrimoine mondial de l’humanité, Harlech est de ceux-là. Construit par les Anglais, le robuste château dont les qualités défensives avaient valu la réputation d’être imprenable, tombera cependant aux mains d’Owain Glyndwr, un chef gallois rebelle qui se fit couronner prince de Galles. Le titre, symbole de l’impérialisme anglais, était alors exclusivement réservé au premier fils du roi d’Angleterre. Malheureusement, Harlech fut repris par les ennemis de toujours, une défaite qui devait apporter l’humiliation à tout un peuple. Le prince, contraint à se cacher dans les montagnes du Snowdon semble toujours vivant, du moins dans le c£ur des Gallois, puisqu’il est devenu la figure emblématique du mouvement nationaliste.

Splendeur d’autrefois

Mais les montagnes galloises ne recèlent pas que des moutons ou des repaires en ruine. Dès le début de l’ère industrielle, les gisements de fer et le charbon du Sud insufflèrent au pays un essor considérable. Au plus fort de son activité houillère, le pays de Galles produisait le tiers des exportations mondiales de charbon. Lampe à la main, pas moins de 271 000 gueules noires descendaient chaque jour au fond. Pour relier ces exploitations minières à la mer, il fallut aménager un canal. Celui de Brecon et de Monmouthshire bordé d’un chemin de halage se faufile encore de nos jours à travers une campagne intacte. Ceci pour le plus grand bonheur des amateurs de promenade en péniche tirée par des chevaux. Témoin de toute cette époque prospère, près de Blaenafon, s’ouvre la mine de Big Pit. Elle a été convertie en musée après deux cents ans d’activité. Coiffé d’un casque à la lampe frontale, un ancien mineur vous emmène dans les entrailles de la Terre, là où se sont tués au travail hommes, enfants et chevaux. Aujourd’hui parmi toutes les nouvelles activités économiques, le tourisme semble être le plus prospère. Ainsi, le Pays est devenu célèbre pour ses petits trains à voie étroite. Ils datent de la même époque, lorsque les machines à vapeur servaient à acheminer les richesses de la mine vers la mer. Le premier voyage eut lieu entre les localités de Merthyr Tydfil et Abercynon. Aujourd’hui, pas moins de huit itinéraires ont été réhabilités. Des vieilles machines vous transportent au travers de paysages des plus spectaculaires.

Dans le nord, l’industrie de l’ardoise, propre au pays de Galles, a subi un sort à peu près identique. En arrivant à Blaenau Ffestiniog, les énormes amoncellements de pierres noires ne manquent pas de surprendre. Les cent cinquante ans d’activité extractive ont laissé là des cicatrices. Jadis prospère, la région faisait vivre des milliers de familles d’ouvriers et d’artisans qui ont donné un toit à des millions d’autres. Aujourd’hui Gloddfa Ganol, la plus grande mine d’ardoise au monde tourne au ralenti. Ici aussi, le tourisme a permis une reconversion favorable. A Llewedd et Llanberis, les artisans découpent devant le visiteur de vraies tuiles d’ardoise traditionnelles. Servant autrefois à acheminer la production vers le port de Porthmadog, construite spécialement à cet endroit, la voie ferrée restaurée ramène à présent à toute vapeur les visiteurs d’un jour vers la côte, traversant, une fois encore, un superbe décor de montagnes.

La ville du livre

En dehors des grands espaces sauvages, le pays de Galles et ses habitants se rencontrent au travers des nombreuses petites bourgades qui ont conservé leur caractère typique et rural. Pubs, commerces, Bed & Breakfast réservent le meilleur accueil aux visiteurs de passage. Au pied du Black Mountain, la charmante petite ville de Hay-on-Wye est de celles-là. Depuis quelques dizaines d’années, elle s’est spécialisée dans la vente de livres d’occasion au point d’être aujourd’hui renommée dans le monde entier. Les librairies y sont légion et chaque année s’y tient le grand Festival de la littérature. Un dicton local prétend qu’à travers le monde, chaque éditeur travaille pour Hay-on-Wye. Un panneau bilingue à l’entrée de la ville rappelle qu’elle est jumelée, of course, à Redu en Belgique.

Reportage : Marc Fasol /

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