Du Millennium Bridge aux plateaux de tournage des studios Warner Bros, l’ombre d’Harry Potter plane sur Londres. Week-end dans les pas du sorcier.

SAMEDI 10H

On savait le château de Poudlard ensorcelé pour ne pas attirer l’attention des Moldus. Dans la vraie vie, il se cache dans une ancienne usine aéronautique recyclée en studios de cinéma. Dans le hall d’entrée, la file  » de ceux de 10 h  » est déjà longue. Dans la queue, une fillette arbore fièrement l’uniforme complet de Gryffondor. D’autres agitent une baguette, ajustent un chapeau de sorcier. Le temps de jeter un coup d’£il au placard sous l’escalier – celui qui servait de chambre à Harry -, la visite peut enfin commencer par un arrêt tampon dans une petite salle de cinéma. À l’écran, Daniel Radcliffe, Rupert Grint et Emma Watson rappellent que, comme la plupart des personnes présentes aujourd’hui, ils ont grandi avec Harry Potter. Le gros plan final sur la porte de la Grande Salle se confond comme par magie avec les véritables battants en bois massif qui se cachaient derrière la toile. Le groupe se déverse entre les longues tables couvertes de vaisselle, les pas résonnant sur le sol en pierres du Yorkshire. La réalité rencontre de front la fiction, tant la reconstitution est parfaite. Un copier-coller de Lavande Brown chargée de nous expliquer le fonctionnement des lieux montre du doigt le premier costume porté par Daniel Radcliffe qui semble minuscule, les armoiries de Poudlard scellées dans le mur du feu ouvert avant de nous envoyer, en roue libre, vers le hangar principal.

10H30

La scénographie ne suivant pas du tout la chronologie des huit films, c’est à celui qui fera la plus étonnante découverte. Saviez-vous que Drago Malefoy – alias Tom Felton – devait passer trois heures par semaine chez la coloriste pour garantir la blondeur parfaite de sa mèche ? Qu’en dix ans, 6 000 éclairs ont été dessinés sur le front de Daniel Radcliffe ? Qu’il a fallu filmer – puis faire adopter – 40 chatons différents pour le décor éc£urant de girlytude du bureau de Dolores Ombrage ? Que plus de 200 tableaux ont été peints à la main, l’un d’eux représentant Minerva McGonnagal, jeune fille ? Que sur les étagères de la classe de potions du professeur Rogue trônaient en permanence un bon millier de fioles toutes remplies d’ingrédients bizarres alors que dans les chaudrons mijotaient de vraies soupes délicieuses ? Qu’il a fallu plus de six mois de dressage pour que les différentes chouettes blanches jouant le rôle d’Hedwige apprennent à voler avec une lettre dans le bec ? Que la taille des lits à baldaquin dans la chambre des garçons de Gryffondor n’a jamais changé, obligeant les acteurs à se recroqueviller sous les draps au fil des années ? Au milieu du circuit, un panneau promettant plus d’une heure d’attente ne décourage pas les plus fanatiques, prêts à patienter le temps qu’il faudra pour se faire prendre en photo un balai magique entre les jambes.

12H

Sous le porche du plateau extérieur, une autre file s’est déjà formée : ici, on sert des bières au beurre à la chaîne, comme aux Trois Balais ! La quantité de mousse crémeuse et sucrée qui recouvre le liquide augmente au fur et à mesure que le verre se vide. Le Magicobus, la Ford Anglia volante et la moto avec side-car d’Hagrid grandeur nature se disputent l’attention des plus jeunes, fatigués de regarder sans toucher. Ça se bouscule aussi pour sonner chez les Dursley. Dans le deuxième hall couvert, les gamins s’éternisent devant les vitrines du Chemin de Traverse, rêvant sans doute d’y faire leur shopping de rentrée des classes. Les plus grands, eux, restent hypnotisés devant la maquette à l’échelle 1 : 24 du château qui passe du jour à la nuit sur un cycle de quatre minutes.

14H

Dans le magasin d’Ollivander, les milliers de baguettes qui s’empilent affichent toutes le nom d’un membre de l’équipe de tournage : tous sont ici sur le même pied que Gary Oldman ou Ralph Fiennes. Reste à réussir l’épreuve de la traversée de la boutique de souvenirs presque aussi ensorcelante que l’établissement de Farces pour Sorciers Facétieux de Fred et George Weasley. Ceux qui n’y trouveraient pas leur bonheur finiront la journée au troisième étage du grand magasin de jouets Hamleys, l’un des rares shops autorisés à vendre du merchandising signé H.P.

DIMANCHE 10H

Les fans des huit films savent que de nombreuses scènes ont été tournées en plein c£ur de Londres. Rendez-vous donc le lendemain avec nos guides, Becky et Ferry, sur Leicester Square, à deux pas du cinéma Odeon, où ont eu lieu toutes les premières mondiales, pour arpenter les spots magiques bien cachés dans la capitale britannique. Passage obligé dans la ruelle piétonne de Cecil Court qui servit d’inspiration à J.K. Rowling pour son Chemin de Traverse. Le seul endroit au monde où l’on peut échanger ses livres sterling contre de la monnaie de sorciers ! Après un détour par Trafalgar Square où échouent Harry, Ron et Hermione poursuivis par les Mangemorts, au début des Reliques de la Mort, cap sur le quartier des ministères – naturellement c’est là que se trouve aussi celui de la Magie – où fut installée le temps de quelques prises une cabine téléphonique rouge au coin de Scotland Place. C’est par cet ascenseur secret – il suffit de former 62442, soit… MAGIC pour descendre – qu’Harry pénètre dans le ministère en compagnie d’Arthur Weasley.

11H

Impossible d’oublier la spectaculaire destruction du Millennium Bridge par les Mangemorts dans les premiers plans du Prince de Sang-Mêlé ! Depuis le bateau qui nous emmène sur la Tamise, le pont a l’air de tanguer. Devant l’entrée du Borough Market, ambiance Allée des Embrumes, c’est face à la devanture de la fleuriste Chez Michèle relookée pour l’occasion que se gare le Magicobus lorsqu’il dépose Harry au Chaudron Baveur, dans Le Prisonnier d’Azkaban.

13H30

Avant d’essayer d’encastrer un chariot à bagages dans les murs de St Pancras, dernier stop dans les passages couverts de Leadenhall Market où déambulent Hagrid et Harry dans le premier film. C’est là que se niche l’entrée du Chaudron Baveur, repeinte en bleu vif, où le jeune sorcier découvrira les gens de  » son  » monde. Une face cachée de Londres avec balais magiques, grimoires enchantés, chouettes et crapauds de compagnie. À condition, comme le dit Hagrid, de savoir où chercher.

PAR ISABELLE WILLOT

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