A Nice, Matali Crasset signe une maison aux lignes à la fois contemporaines et ludiques. Pour la première fois de sa carrière, la designer française n’a pas seulement pris en charge le mobilier, mais également l’architecture du bâtiment.

A l’origine de cette réalisation, il y a un terrain en forte pente, en balcon au-dessus de la ville. Son propriétaire, ingénieur spécialisé dans le béton, avait notamment collaboré avec Matali Crasset sur le chantier de l’Hi Hotel niçois. Il avait aimé son travail et désirait lui confier, tant pour le design que l’architecture, la conception de son habitation personnelle.

Pour gagner le site, il faut, pendant des kilomètres, se faufiler au milieu des collines, dans un labyrinthe de ruelles bordées de murs aveugles. Aucune échappée visuelle ne permet de contempler l’environnement méditerranéen des alentours. En bout de parcours, la bâtisse dessinée par la Française se distingue par une allure très contemporaine, des surfaces de couleurs inattendues se découpant sur de grands murs blancs. Au milieu de la façade, on aperçoit une petite porte orange : l’entrée de la villa. Sitôt cette limite franchie, c’est le choc ! Un des plus spectaculaires paysages de la région se dévoile sans crier gare. La ville, la mer, la lumière, le ciel… La vue est grandiose. Une haute baie vitrée – une  » cascade de verre « , comme l’appelle la créatrice – permet de ne rien perdre de la cité blottie au bord de l’eau. Un panorama prestigieux que l’on peut admirer dans le moindre recoin de la demeure. Un vrai luxe.

SANS LIMITES

Pour répondre à la forte déclivité, le projet est conçu comme une succession de plateaux imbriqués les uns en dessous des autres, reliés par des escaliers intérieurs et extérieurs, suivant le relief, ce qui confère à l’ensemble une allure assez verticale. Mais la conceptrice a également souhaité donner à son oeuvre une dimension horizontale en étirant ses volumes et ses fenêtres pour ne rien perdre du spectacle de la baie des Anges. Au final, on pourrait décrire cette construction comme une succession de balcons sur la mer, accrochés à la pente.

Compte tenu de l’activité professionnelle du maître des lieux, Matali Crasset a bien évidemment privilégié le béton. Que ce soit la structure de poutres et colonnes du bâtiment, les escaliers ou la passerelle des chambres, tout est réalisé dans ce matériau moderne. Les murs extérieurs, également en béton, sont peints en blanc, l’étage supérieur étant lui souligné par un beau bandeau orange qui se prolonge en partie dans l’habitation. Cette teinte rythme la volumétrie et lui donne du caractère. Les sols, intérieurs et extérieurs, les bords et le fond de la piscine sont, eux, en béton lissé peint. L’autre matériau dominant est le verre, ce qui donne une impression générale de transparence totale puisque le regard ne rencontre aucun obstacle : baies vitrées immenses, verrière lumineuse sur toute la hauteur de l’immeuble, rambardes translucides au bord des terrasses et sur la passerelle… L’endroit s’ouvre sans réserve sur le paysage, un des plus prestigieux de France et de Méditerranée.

La disposition des lieux est simple. Le niveau intermédiaire est dédié au séjour. Il se compose d’un vaste salon, d’un coin salle à manger et d’une grande cuisine ouverte. Le sol est couvert d’une résine de couleur  » lait de fraise « , comme la surnomme Matali Crasset, ce qui crée un effet inattendu de miroir. Ce grand espace est de plain-pied avec la terrasse, où l’on retrouve d’autres coins – somptueux au coucher du soleil – pour manger un bout ou se détendre. A Nice, on est en vacances toute l’année.

L’étage supérieur, relié au précédent par un escalier qui s’apparente à un origami, est en réalité le rez-de-chaussée puisque c’est par là qu’on entre dans la résidence. On y trouve les chambres des enfants et des parents et leurs salles d’eau. A l’extérieur, la grande terrasse qui prolonge le séjour sert de toit à une salle de jeux en plein air qui communique avec la piscine et ses dépendances, au niveau -2. Cette dernière est entourée d’une plage de béton où la créatrice a disposé des poufs qu’elle a dessinés et qui apportent une touche flashy à l’aménagement.

HUMOUR ET SUR MESURE

En dehors de deux ou trois petits morceaux de pelouses, il n’y a presque pas d’éléments végétaux aux alentours : c’est un parti pris des habitants, peu portés sur la nature. En prolongement du salon, Matali Crasset a imaginé un minuscule jardin japonais qui se résume à un peu de gravier et quelques galets… Minimalisme garanti.

Côté mobilier, beaucoup de meubles ont été élaborés sur mesure par l’auteure du projet. A l’instar des éléments modulables de la grande chambre d’enfants, qui jouent à la fois le rôle de coffres de rangement et celui de bureaux, grâce à des plaques amovibles. C’est aussi elle qui signe la table de salle à manger, les sièges et les suspensions de la terrasse, la cuisine, etc. L’objet le plus singulier de cette maison est probablement le vestiaire suspendu, en face de la porte d’entrée. C’est un placard en métal orange accroché au plafond et qui fait penser à un monte-charge qui desservirait les étages. En réalité, ce n’est qu’une simple – mais amusante – penderie.

L’aménagement se complète par quelques modèles d’autres designers, choisis pour leur sobriété et leurs qualités fonctionnelles. C’est le cas, par exemple, des canapés PS 2012 d’Ikea, des chaises Luxembourg de Fermob ou des tables Yoyo, haute et basse, de Ligne Roset.

Au final, cette première construction érigée par Matali Crasset s’avère colorée, lumineuse, gaie, pleine d’humour et facile à vivre, tant en été qu’en hiver. Nul ne saura jamais si ces qualités, les habitants les doivent à l’architecte ou bien au designer, qui dans ce cas-ci ne font qu’un.

PAR LUXPRODUCTIONS

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