Révélée l’an dernier par Woody Allen dans Le Rêve de Cassandre, Hayley Atwell n’a pas laissé les paillettes de Hollywood lui embrumer la tête. Aujourd’hui, elle illumine l’écran dans Brideshead Revisited dirigé par Julian Jarrold. Portrait d’une graine de grande star.

Il y a, chez Hayley Atwell, un petit côté  » girl next door  » qui la rend attachante, dès le premier abord. Grâce sans doute à son parler vrai, dopé par un sourire à la Julia Roberts, à une certaine décontraction dans l’attitude, aussi, et au plaisir évident qu’elle a à parler – en bien – des films qu’elle tourne et des gens qu’elle aime.  » Si je choisis un rôle, c’est parce que j’ai envie de passer quelques mois de ma vie en compagnie de ce personnage « , confie l’actrice de 26 ans qui incarne l’intrigante Julia Flyte dans Brideshead Revisited, l’adaptation cinématographique du célèbre roman de Evelyn Waugh qui sortira le 26 novembre sur nos écrans (lire l’encadré en page 12). En 1981, déjà, une série télévisée tirée du classique britannique avait cartonné sur le petit écran. Mais pour entrer dans la peau de Julia, cette jeune aristocrate tiraillée entre son amour pour le meilleur ami de son jeune frère, moins bien né qu’elle, et le poids des traditions familiales, Hayley Atwell s’est interdit de regarder le moindre épisode du feuilleton.

 » Nous n’allions pas réaliser un remake d’une série tournée il y a plus de vingt-sept ans, mais une adaptation cinéma d’une histoire magnifique, qui transcende le temps et peut être racontée, encore et encore, de diverses manières, justifie-t-elle. C’est un peu comme Shakespeare. Ce n’est pas parce que Laurence Olivier a un jour été grandiose en jouant Hamlet qu’il faut à jamais s’en tenir là ou se contenter d’imiter ce qu’il a fait. « 

De ce tournage, en grande partie réalisé dans la campagne anglaise, Hayley Atwell garde un souvenir enchanteur.  » Emma Thompson ( NDLR : qui incarne la mère d’Hayley à l’écran) était un peu comme une mère pour nous, détaille-t-elle. Elle a pris tout le monde sous son aile. Nous faisions la fête, nous déjeunions même ensemble le dimanche, on buvait des grands vins, du champagne, c’était extraordinaire.  » Des instants magiques, complices, comme la jolie brune aime à en partager avec ses amis d’enfance qui, précise-t-elle avec un soupçon de soulagement dans la voix, ne font pas de cinéma.  » Nous nous connaissons depuis l’école. Ils ont de vrais boulots, vous savez, dans des bureaux, quoi ( rires). Et ça me fait du bien qu’ils ne soient pas acteurs.  » Même s’il est difficile pour toute cette petite bande de faire comme si Hayley menait une vie comme toutes les autres.  » C’est vrai, quand je leur dis que je viens de recevoir un texto de Keira Knightley avec qui j’ai travaillé sur le tournage de La Duchesse ( NDLR : sortie en Belgique le 9 janvier prochain), ils ne tiennent plus en place « , reconnaît celle que la célébrité est tout doucement en train de rattraper.

Sortie en 2005 de la Guildhall School of Music and Drama, à Londres, Hayley Hatwell, née d’une mère Britannique et d’un père Américain d’origine indienne – ce qui lui a valu de passer durant son enfance plusieurs étés dans des réserves outre-Atlantique – n’a cessé en trois ans d’enchaîner les tournages entrecoupés de passage sur les planches londoniennes.  » Le théâtre, j’y suis viscéralement attachée, insiste celle que l’establish-ment cinéma, toujours pressé d’étiqueter les jeunes talents, a déjà qualifiée de  » nouvelle Kate Winslet « . C’est primordial pour moi. Je n’ai pas peur de dire que c’est à mes yeux ce qui compte le plus dans mon apprentissage du métier d’actrice. « 

Mordue de scène, c’est à Woody Allen qu’elle doit son entrée par la grande porte dans le 7e art au terme d’une audition pour Le Rêve de Cassandre ( 2007) qui n’avait pourtant, pas très bien commencé…  » L’équipe en charge du casting ne nous avait rien dit, ni sur le film, ni sur les personnages, se souvient Hayley Atwell. Nous devions juste délivrer quatre lignes de texte. Et c’est tout. Croyez moi, pour un acteur, il n’y a rien de pire, car vous avez envie de montrer ce dont vous êtes capable, de vous appuyez sur une situation qui vous donne l’occasion de jouer.  » Convaincue d’avoir échoué, la jeune femme reçoit pourtant un coup de fil de New York deux semaines plus tard la conviant à un rendez-vous avec Woody Allen.  » J’ai passé une demi-heure avec lui, poursuit Hayley Atwell. Il était adorable, timide même. Comme moi lorsque je rencontre quelqu’un pour la première fois.  » Pourtant, ces 30 minutes suffiront pour que Woody Allen se laisse séduire et lui confie le rôle d’Angela, une jeune… actrice dévorée d’ambition.

Quand on lui demande si elle a ressenti un  » effet Woody  » sur sa carrière, Hayley Atwell renvoie – dans un grand éclat de rire – la balle à son agent.  » C’est une question pour lui, ça ! Je ne sais pas si j’ai reçu davantage de scripts après ce film. Ce que je peux vous dire, c’est que ma vie personnelle n’a pas changé. Peut-être parce que je suis retournée tout de suite au théâtre après le film. Le bonheur de ce métier, c’est qu’un jour, vous incarnez un personnage dans un monde, un univers particulier. Et le lendemain, vous passez à tout autre chose. « 

Refusant l’étiquette de star – « J’ai fait quelques films, c’est tout  » – Hayley Atwell commence pourtant à sentir peu à peu monter la pression.  » Jusqu’il n’y a pas si longtemps, personne ne me reconnaissait dans la rue, admet-elle. Mais là, tout à coup, je reçois des invitations à des soirées de gens que je ne connais pas, on me demande de faire la couverture d’un magazine. En faisant du cinéma, vous acceptez de vous exposez à une large audience. Vous attirez l’attention sur vous, il faut apprendre à vivre sans se soucier des opinions qui peuvent être véhiculées à votre propos.  » Même lorsqu’elles sont plus qu’élogieuses…

 » Pendant le tournage de Brideshead, je suis littéralement tombé sous le charme d’Hayley, confie Ben Whishaw qui incarne le frère de Julia dans le film. Elle est dotée d’un style et d’une grâce étonnants mais aussi elle sait faire preuve de grandeur d’âme et de sensibilité, ce qui est assez rare finalement.  » Une flamme intérieure qui brille à la ville comme à l’écran.

Tentée par Hollywood,  » mais pas au point de me morfondre à Los Angeles en attendant qu’un rôle me tombe dans les mains, c’est beaucoup trop déprimant « , se défend-elle, Hayley Atwell préfère aller  » où on l’appelle « . Prochaine escale : « Le désert de Namibie où je tourne dans une nouvelle version de la série télévisée Le Prisonnier.  » Un autre mythe à revisiter.

Isabelle Willot

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