Entre passé et design, Helsinki, capitale de la Finlande, offre un kaléidoscope de paysages et de sensations uniques au monde. Bienvenue dans une ville où la terre, le ciel, la forêt et la mer ont sculpté le paysage.

On nomme ce lieu Viapori, Suomenlinna ou Sveaborg en suédois. Mais on l’appelle plus communément encore Suomenlinna-Sveaborg, du nom de la forteresse que l’on aperçoit au loin, lorsqu’on arpente les quais de la place historique de Kauppatori, siège du palais présidentiel. Les Helsinkiens ne cachent d’ailleurs pas une certaine tendresse pour cette véritable île-sentinelle qui jadis protégeait le c£ur d’Helsinki. L’Estonie n’est en effet qu’à 90 kilomètres et la resplendissante Saint-Pétersbourg accessible en quelques minutes grâce aux compagnies privées d’hélicoptères qui traversent la Baltique. Aujourd’hui, les Russes y viennent tout simplement passer une agréable soirée mais, autrefois, on se méfiait terriblement de leurs convoitises pour Helsinki, capitale de la Finlande et annexée depuis quelque 600 ans par les Suédois. Ce sont eux qui pour protéger cette perle de la mer de toute atteinte étrangère avaient déjà eu l’idée en 1748 de construire cette forteresse maritime, véritable  » Gibraltar du Nord  » comme l’affirme encore les Helsinkiens.

Suomenlinna, l’île-forteresse

Aujourd’hui, loin du tumulte de la capitale, l’île, truffée de galeries et de lieux secrets, n’abrite pas de grand tumulte malgré la présence d’une garnison militaire. L’église a été reconvertie en phare et les habitations modestes, complétées de quelques commerces et d’une école maternelle, lui assurent une certaine autonomie. Une petite communauté d’artistes y a trouvé refuge. Très prisé des promeneurs du dimanche, le lieu à l’ambiance feutrée par la neige, ne s’anime que grâce aux cris des enfants.

De Suomenlinna, il ne faut qu’une petite dizaine de minutes à peine pour rejoindre en bateau le continent. Et découvrir de loin le dôme de la cathédrale luthérienne d’Helsinki dédiée jadis à Saint-Nicolas, patron des navigateurs et des marchands. C’est l’architecte prussien Carl Ludwig Engel, l’un des artisans de la cité, qui en a conçu les plans. Il a donné son nom à un des cafés situés face à la place du Sénat. Ici, bien au chaud, on vient refaire le monde entre amis, lire son journal, et à l’arrière de l’établissement suivre en hiver des séances de luminothérapie pour soigner son moral ! Le centre historique d’Helsinki se concentre à deux pas du débit de boisson, autour de la place du Sénat. Un très bel ensemble architectural néoclassique du xixe siècle rassemble la cathédrale, l’université et sa bibliothèque, ainsi que le Sénat. La ville s’enorgueillit aussi de posséder de très beaux bâtiments de style romantique ou moderne. Mais rien de son passé le plus reculé, les maisons de bois du vieux Helsinki ayant brûlé dans les nombreux incendies qui ravagèrent la ville durant la guerre opposant les Suédois et les Russes entre 1808 et 1809.

Sur la presqu’île de Katajanokka s’élève d’ailleurs un superbe héritage de la domination russe : la cathédrale orthodoxe Ouspenski construite en 1868 dans l’un des plus beaux et plus vieux quartiers de la ville, une pièce massive montée de briques rouges au toit vert-de-gris coiffé de clochetons dorés.

Au lendemain de la Révolution de 1917, la Finlande acquiert son indépendance. Le jeune Etat que l’on nomme Suomi en finlandais continue à entretenir des liens étroits avec la Russie que l’on retrouve dans le centre historique d’Helsinki, si proche de celui de Saint-Pétersbourg. Une similitude qui n’avait pas échappé au réalisateur britannique David Lean venu tourner ici, dans les années 1960, quelques scènes du film mythique  » Le Docteur Jivago « .

Alvar Aalto, visionnaire d’Helsinki

Carl Ludwig Engel n’est pas le seul architecte à avoir contribué au panache d’Helsinki. Le Finlandais Alvar Aalto a laissé à la ville un fabuleux héritage, dont le rayonnement a largement dépassé le cadre du pays. La ville lui doit son imposant palais Finlandia terminé en 1971 en bordure de la baie de Töölö, mais aussi des réalisations contemporaines, à Tampere, Jyväskylä, Seinäjoli, Oulu, Rovaniemi en Laponie et à Turku, une charmante cité à quelques heures de train d’Helsinki. A cinq kilomètres de la capitale, Espoo, construite dans les années 1960, s’affiche comme le véritable pôle de la haute technologie finlandaise. Alvar Aalto y a érigé l’Institut de technologie dont l’une de ses façades prend la forme surprenante d’un amphithéâtre, tandis que les bâtiments avoisinants proposent une parfaite osmose entre la roche, le bois, le béton et la mer.

La mer, elle, s’infiltre dans les moindres recoins de la capitale finlandaise. L’hiver venu, elle brouille même tous les repères en présentant une surface glacée qui s’étend sur des kilomètres, à travers le golfe de Finlande. La très faible teneur en sel de l’eau explique ce phénomène de glaciation totale. Pour pouvoir naviguer, les Finlandais sont passés maîtres dans la construction de gigantesques brise-glaces qui n’ont de cesse d’écumer les océans gelés. Dans le golfe de Finlande et en hiver, ils sont ainsi pas moins de trois à opérer à tous moments afin de garder libres les accès portuaires de la ville. Quand la glace n’est pas broyée par ces monstres d’acier, la mer gelée accueille les plaisirs de la glisse, véritable sport national, qui permet aux Helsinkiens de se déplacer aisément d’un quartier à l’autre.

Le design, l’empreinte de la Finlande

Livrés à un combat puissant contre un climat très rude, les Finlandais ont gardé dans leur vie quotidienne une belle simplicité et un grand sens pratique. Un esprit qui a marqué le travail de leurs designers comme Ahti Taskinen, avec son banc en forme de barque, et Volorhen, qui utilise des matériaux bruts tels que le bois, le verre, la céramique ou le textile imprimé de motifs dépouillés.

Sanoma, une grande tour de verre contemporaine, abrite le Design Forum, un lieu d’exposition permanent qui permet à de jeunes artistes, dont des designers, d’exposer leurs talents, une occasion unique de faire connaître leur travail.  » Dans un petit pays comme la Finlande, le vie culturelle est vraiment vitale « , souligne la photographe Heli Rekula, dont quelques £uvres ont été acquises par le musée d’Art contemporain Kiasma d’Helsinki, construit, lui, il y a une quinzaine d’années par l’architecte américain Steven Holl. Les jeunes talents peuvent compter aussi sur l’appui de l’école supérieure des Arts et du Design, l’un des plus vastes établissements du genre dans toute la Scandinavie, qui favorise l’omniprésence de l’art dans la vie quotidienne. Autant d’atouts qui font d’Helsinki une capitale unique au monde.

Reportage : François-Xavier Béchard

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