On peut penser bio pour son bien-être perso sans voter nécessairement écolo. Dans ce cas, on est  » égologique « , prisonnier entre écologie et égocentrisme.

Evidemment, la trouvaille fera sourire, même si son côté  » gadget  » cache, en réalité, une belle dimension pratique. En Grande-Bretagne, le Lion Quality Eggs – un organisme de contrôle de la qualité des £ufs – s’apprête en effet à commercialiser un produit  » thermochromatique  » ( sic), histoire d’optimaliser le breakfast de millions de Britanniques ( www.brittegg.co.uk). En clair, cet £uf d’un genre nouveau laissera apparaître, au moment de sa cuisson dans l’eau bouillante, un logo sur sa coquille en fonction de la saveur souhaitée (mollet, coque ou presque dur). Plus besoin de minuterie ni de calcul savant, l’encre spéciale de cet £uf intelligent informera le consommateur lambda de la fin de cuisson idéale.

Rigolo et utile. Mais pas vraiment indispensable pour Eric Walger, éleveur de volailles à Etueffont, en Franche-Comté. Car cet agriculteur français a eu l’idée de développer un autre service étonnant, plus  » bio  » que  » techno  » en matière d’£ufs frais. Surfant habilement sur la vague de la traçabilité alimentaire, cet amoureux de la vie au grand air a lancé un  » contrat poule  » pour tous les citadins déconnectés de la nature ( http://ferme-des-echancees.over-blog.com). Un contrat de 52 euros qui prévoit le parrainage d’un gallinacé spécifique et l’envoi hebdomadaire, à domicile, de ses £ufs (6 par semaine) pendant dix mois. Durant cette période, le parrain peut rendre visite à sa poule et s’assurer de ses bonnes conditions de vie à la campagne. Libre à lui, à la fin du contrat, de la laisser sur place pour renouveler éventuellement l’expérience ou de la reprendre à la maison, vivante ou sacrifiée dans l’optique d’un délicieux gueuleton !

Originale, l’initiative a évidemment suscité l’engouement des habitants des villes avoisinantes et pourrait, à terme, s’étendre à d’autres régions de France et de Belgique. Car les foules citadines ont, d’une part, de plus en plus envie de connaître l’origine des produits qui se retrouvent dans leur assiette et, d’autre part, expriment davantage le désir de rétablir le lien effiloché avec Mère Nature. En les rendant acteurs de leur propre consommation, ce fameux  » contrat poule  » s’inscrit donc dans cette nouvelle tendance comportementale que l’on pourrait qualifier d' » égologique  » : un sens de l’écologie au quotidien ramené à soi, histoire de penser d’abord à son bien-être personnel. Egocentrique, certes, mais écologique quand même.

Dans ce courant frais du  » cela a été pondu près de chez vous « , les Anglo-Saxons ont déjà franchi l’étape suivante puisqu’ils peuvent désormais acheter des mini-poulaillers 100 % citadins. De couleur vive et caractérisées par un design très branché, ces boîtes Eglu se révèlent idéales pour élever deux poules en ville et espérer déguster, chaque matin, des £ufs frais à domicile ( www.omlet.co.uk). Notez au passage la dimension humoristique du nom de la maisonnette pour gallinacés urbains : Eglu est un joli mot-valise qui mélange les notions d’£uf ( » egg  » en anglais) et d’igloo (phonétiquement  » iglu  » dans la langue de Shakespeare). Lancé en Grande-Bretagne, ce produit est désormais disponible aux Etats-Unis et, malheureusement, pas encore dans nos contrées. Mais cela ne saurait tarder, d’autant plus que certains sites de fans commencent à pulluler (comme, par exemple, www.eglu.com).

Encore faut-il aimer avoir une poule chez soi. Car on peut être  » égologique  » sans avoir envie d’être nécessairement apprenti fermier. Dans ce cas, on attendra patiemment l’inauguration, chez nous, d’un autre concept  » vert  » qui sera bientôt lancé en Grande-Bretagne : le Farmer’s City Market, une nouvelle chaîne de petits supermarchés qui seront uniquement fournis par des agriculteurs et des éleveurs locaux ( www.farmerscitymarket.com). Dans les rayons : fruits, légumes, pâtes fraîches, poissons et viandes bio à la traçabilité irréprochable, le tout dans un environnement  » rassurant  » avec caddies et possibilités de paiements par carte bancaire. Le marché modernisé, en quelque sorte. Le bonheur était jadis dans le pré. Il est désormais urbanisé.

chaque lundi matin, vers 9 h 45, dans l’émission  » Bonjour quand même  » de Jean-Pierre Hautier sur La Première (RTBF radio) et également sur le site www.lapremiere.be dans la rubrique Podcast.

Frédéric Brébant

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