Révélation énergétique de la nouvelle scène rock belge, les Wallons de Hollywood Porn Stars naviguent entre guitares musclées et glamour faussement négligé. Anthony Sinatra, leur beau leader ténébreux, pose en exclusivité pour Weekend. Confessions et coups de flash très tendance

Hollywood Porn Stars,  » Year of the Tiger « , distribué par Bang ! En concert à Zaandam (Pays-Bas), le 8 octobre et à Orne (Normandie), le 21 octobre prochain.

Internet : www.hollywoodpornstars.be

Dans une brasserie bruxelloise, une première tournée pression accueille l’arrivée d’Anthony Sinatra, chanteur-guitariste du groupe Hollywood Porn Stars, auteur d’un excellent premier CD de rock agressif sorti fin 2004,  » Year of the Tiger  » (Bang !). Mannequin d’un jour pour Weekend Le Vif/L’Express dans le décor feutré de l’hôtel Métropole à Bruxelles (voir page 58 à 65), Anthony est aussi le seul membre du quatuor liégeois ayant droit à un nom de famille. Son camarade bassiste qui l’accompagne répond, lui, au simple patronyme d’Eric et comme Anthony, il a 25 ans. Redboy et Benoît, l’autre moitié des Porn Stars, est restée au calme, dans la Principauté. Dégaine du jour : Eric, cheveux courts-longs (Beatles cuvée 1965 revus par Kurt Cobain), jeans seventies et tee-shirt bleuté Spoon (c’est un groupe et non pas une marque). Anthony porte une coiffure Delon (noire/bleue chic) et un début de barbe Gainsbourg (faussement négligée). Le jeune homme est élégant malgré la rigueur d’un sweat gris perlé dissimulant un tee-shirt rouge frappé du nom de Loverboy, groupe dispensable des années 1980.

Weekend Le Vif/L’Express : Qui a nourri vos fantasmes musicaux et donc, inévitablement, vos fantasmes de look ?

Anthony : J’ai longtemps été très Beatles, je le suis toujours d’ailleurs. Leur apparence semblait être en osmose totale avec leur musique. Comme les Ramones, ils ont pratiquement créé leur mouvement. Il me semble important que la musique puisse aussi se regarder. En revanche, les disques de mes parents partaient un peu dans tous les sens : Kim Wilde, Kiss… Pour une soirée Halloween, on s’est d’ailleurs habillés en Kiss : très sympa comme expérience !

Eric : Moi, j’écoutais beaucoup Cure mais je ne me suis jamais retrouvé en  » corbeau  » ( NDLR : look noir et/ou tragique genre fin des haricots). Par contre, j’écoutais aussi Iggy Pop et je me suis souvent retrouvé torse nu ( rires). Cela dit, je ne crois pas avoir été influencé par le look d’un chanteur ou alors je l’ai été par l’absence de look : je pense notamment aux Pixies et à leurs jeans et tee-shirts très banals. On les a récemment vus en concert et Kim Deal (la bassiste) ressemble à une bonne mère de famille !

Vous citez Iggy Pop : il est l’archétype de l’artiste au look fort même si sa garde-robe publique semble très minimaliste.

Anthony : On remarque d’emblée son cul ! Je l’ai touché il y a quelques jours. Je devais le faire, c’était obligé ( rires) ! Au Nandrin Festival, comme dans ses autres concerts, à un moment, il invite les gens à monter sur scène et je peux témoigner qu’il a le cul bien rebondi ( rires). Je regrette néanmoins un peu le manque de naturel de son show : c’est un peu la même bouffe tous les soirs !

Le rock est nourri de fétichisme, de tenues de scène, de pochettes mirobolantes, de tonnes d’images en tous genres !

Anthony : Je suis pour, même s’il faut faire attention à ne pas devenir redondant. Je suis fasciné par tout cela : hier, je pensais acheter le coffret des singles de Blondie uniquement parce que les pochettes originales sont reproduites et que Debbie Harry y paraît, plus que jamais, comme une icône…

Eric : Cure et les Beatles ont, par exemple, des images fortes : ils donnent une idée claire de qui ils sont. Sur le long terme, cela compte beaucoup…

Quel contrôle votre maison de disques exerce-t-elle sur votre image ?

Anthony : Elle nous a laissé une liberté totale question musique, fringues, pochette. Si on nous demande de faire ceci ou cela, on fera le contraire, c’est sûr ! On prend bonne note de leurs conseils mais il n’y a pas de  » fabrication  » dans l’air.

Depuis le renouveau de la scène rock belge avec dEUS au début des années 1990, tous les groupes – à l’exception de Ghinzu – se sont construits presque exclusivement sur une absence de look…

Anthony : Les premières photos de Hollywood ne sont sorties que quelques mois après le premier EP. Et elles avaient été prises devant le garage de mes voisins, tu vois le genre ! D’accord, on prend soin de nous, mais on ne se force pas ! Il faut rappeler aussi que Hollywood Porn Stars n’était, au départ, qu’un  » side project  » au nom racoleur et mystérieux. On a voulu, y compris sur scène, prolonger le cliché déjà entrepris par le nom. Cela dit, on a vite abandonné l’idée d’être tous les quatre habillés pareils. Disons que l’on veut être aujourd’hui  » présentables « …

D’où votre collection de costumes…

Eric : A la brocante à Liège, il y a moyen de trouver des trucs biens ! Ça commence à 10 -15 euros. J’ai même acheté des pompes qui coûtent 50 cents et je te défie d’en trouver des pareilles !

Anthony : On a d’ailleurs joué à un mariage avec des costumes trouvés à la brocante : un triomphe ( rires) ! Tout ça pour dire que je suis prêt à faire une autre session de mode pour Weekend avec des fringues de brocante. Ce sera très classe !

Justement, Anthony, quelles sont tes premières impressions sur cette séance de mode organisée par notre magazine ?

Anthony : Disons que le fait que le photographe soit un ami a fait la différence. Je lui ai fait vraiment confiance. J’aurais préféré que l’on fasse la séance avec tous les membres du groupe – ce qui n’a pas pu se faire à cause de nos emplois du temps respectifs – mais c’était une chouette expérience de rencontrer ce monde de la mode qui a des idées. Il y a évidemment des similitudes entre musique et mode dans le fait de se mettre en scène. Cela dit, je ne me sens pas particulièrement à l’aise en essayant dix mille trucs alors qu’on me prend en photo. C’est un brin gênant. Ma première réaction en voyant les photos a été de dire  » Ce n’est pas moi ! « . Mais c’est un jeu, comme lorsque je pose pour des photos de vacances pour ma tante…

Il y a une photo, celle au foulard à pois, visiblement inspirée par Bryan Ferry !

Anthony : Je tenais à lui ressembler ( rires) ! A part ça, j’ai demandé à ce qu’on ne me  » touche  » pas trop pour ces photos. Le coiffeur-maquilleur est un peu venu pour rien, en fait ! J’ai toutefois un avis critique à émettre sur les vêtements : Giorgio, tu fais des vêtements trop larges ! Je flottais dans mon small ! Pourtant, je suis très pro-Italie, mais sur ce coup-là, j’ai été déçu ( rires) !

Dans la vie de tous les jours, avez-vous le réflexe consommateur, le truc de l’acheteur compulsif ?

Anthony : Je ne suis pas un type de marques. Mon exigence est d’être simplement bien dans mes vêtements ! Je peux passer des mois sans acheter quoi ce soit parce que j’aime avoir le coup de foudre. Donc, je n’achète pas par  » besoin « . Je peux d’ailleurs parfaitement rester avec des trous aux chaussures pendant des mois, quitte à avoir l’air d’un clodo, et puis partir une semaine à Londres et ramener des tas de vêtements.

Eric : Moi, j’ai toujours envie d’acheter plein de choses, mais généralement, ce sont des disques, des BD, des bouquins. Je ne me suis pas encore mis à acheter du parfum, mes besoins sont très modestes ( rires) !

Propos recueillis par Philippe Cornet

 » Hollywood Porn Stars n’était, au départ, qu’un  » side project «  » au nom racoleur et mystérieux. On a voulu, y compris sur scène, prolonger le cliché déjà entrepris par le nom.  » Anthony Sinatra, leader du groupe.

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