Entretien avec Frédéric Dussenne, qui signe la mise en scène d’une création d’Eric Durnez. Leur pièce n’a pas de frontières: « Sokott » est en chacun de nous et partout.

Du 4 au 29 octobre prochain, Rideau de Bruxelles. Tél. : 02 507 83 61. Du 8 au 19 novembre prochain, théâtre de Namur. Tél. : 081 22 60 26.

Frédéric Dussenne (photo, à gauche), metteur en scène et directeur de la compagnie L’Acteur et l’Ecrit, coproductrice de « Sokott » s’attaque de front à l’idée qui, pourtant, est épouvantable : un peuple produit lui-même son dictateur. La bête immonde est en chacun de nous. Dans un village ravagé par les guerres ne restent que les femmes. Parmi elles, la  » Générale « , femme de Sokott, l’ex-dictateur. Chacune se bat pour sa propre survie. Un texte fort et universel.

La scène fait penser à la guerre en Yougoslavie. Vous l’avez identifiée comme telle ?

Frédéric Dussenne : Non. C’est vrai que cette pièce, entamée il y a cinq ans, s’est inspirée du Kosovo. Aujourd’hui, nous l’inscrivons avec Eric Durnez (photo, à droite) dans un lieu furieusement ressemblant à la Belgique, qui sert de métaphores pour d’autres pays. C’est un texte qui pose la question du nationalisme, d’épuration ethnique. Or quand on regarde la Belgique, cela pourrait y être transposé. Mais dans la mise en scène rien n’est réaliste.

Vous parlez de  » tragédie-farce « …

 » Sokott  » relève de la comédie dramatique, de façon un peu shakespearienne. Sont juxtaposées des scènes de farce, quand les femmes ont la trouille, quand le pouvoir manipule et des scènes de tragédie avec la mort, la perte de la famille, l’expérience de la guerre. Quand on est du côté du pouvoir, on est en pleine dérision. Du côté du peuple, c’est la peur, l’acceptation d’un pouvoir fort. Nous produisons nos propres dictateurs, par  » assentiment du pouvoir « . Chacun a une part de responsabilité car pour vivre ensemble, surtout en situation extrême, il faut jongler avec son propre intérêt et celui de la collectivité.

Pourquoi autant de femmes âgées dans cette histoire ?

Nous voulions mettre en avant ces femmes qui, en période de guerre, ne vont pas au combat mais conservent l’instinct de survie, de protection des enfants. Nous voulions des femmes matures, comme Monique Fluzin, Suzy Falk et Janine Godinas, entre autres. Nous insistons sur la vie en société. C’est une pièce  » politique  » d’une écriture très simple, avec des situations limpides, des personnages banals. Mais avec des conséquences extrêmement importantes. Rendre accessible des choses compliquées, c’est montrer qu’elles sont en nous. n

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