Partir sur une île paradisiaque pour développer un nouveau projet de société idéale. On en a tous rêvé.  » Tribewanted  » va l’exaucer.

A première vue, l’aventure ressemble à un improbable mélange de la fameuse série  » Lost « , du jeu de télé-réalité exotique  » Koh-Lanta  » et du roman  » Lord of the Flies  » ( » Sa Majesté des Mouches « ) du britannique William Golding. Avec, reconnaissons-le, une pointe d’idéalisme très  » flower power  » bercé par de nouveaux désirs légitimement écotouristiques. Accrochez-vous, le concept est génial et presque à la portée du premier quidam venu. A condition d’avoir au minimum 18 ans et de figurer parmi les 5 000 candidats au départ. Le cadre, d’abord : une île paradisiaque et quasi déserte de l’archipel des Fidji, en plein océan Pacifique. L’envie, ensuite : relever le pari de créer une nouvelle communauté d’individus, issus des quatre coins du planisphère, sur un territoire vierge et a priori idyllique. La philosophie, enfin : tirer les leçons des erreurs du passé pour développer un projet de vie commune dans le plus grand respect de l’environnement. Bref, reconstruire une structure sociale inédite dans le courant très tendance de l’écologiquement correct et de la belle fraternité entre les peuples. Le décor de rêve en plus. Bien sûr, il y a des règles à respecter. Et sur www.tribewanted.com (traduisez  » on recherche une tribu  » !), le projet est décortiqué en long et en large dans sa superbe utopie par Ben Keene, son concepteur. Comme, par exemple, l’organisation des séjours sur place. Car les 5 000 heureux élus n’habiteront jamais tous ensemble, en même temps, sur Adventure Island (telle qu’elle a été momentanément baptisée). Trop dense, trop risqué. En revanche, chaque membre fera bel et bien partie intégrante du développement de l’île. Et c’est là que réside toute la force du projet : un audacieux mélange de réel et de virtuel, un dosage subtil de participation citoyenne sur le Net et sur la terre ferme. Concrètement, la grande aventure débutera lorsque les 5 000 cartes de membres auront été vendues (pour l’instant, il en reste un peu plus de 4 000 à écouler). Trois options possibles : la catégorie  » Nomads  » (173 euros pour un an et un séjour d’une semaine sur l’île), les  » Hunters  » (346 euros pour deux ans et deux semaines de séjour) et les  » Warriors  » (519 euros pour trois ans et trois semaines sur place). Mais indépendamment du statut choisi, chaque membre de la tribu aura toutefois le droit de participer équitablement à la  » construction  » de l’île. Des décisions cruciales telles que le choix du nom, la priorité des projets à mener et la désignation de chefs de la tribu seront prises par cybervote à partir de l’ordinateur personnel de chaque membre. Ensuite, les heureux élus auront l’opportunité de se rendre une (deux ou trois) semaine(s) sur leur Adventure Island selon un calendrier judicieusement défini par les chefs afin que le nombre critique de 100 visiteurs en même temps ne soit jamais dépassé. Dans quel but ? Rien n’est obligatoire ! Car chacun peut, au choix, participer activement à la mise en place des premiers logements, partir à la pêche pour le repas du soir ou bronzer sur la plage, tout simplement. Sacré, le respect de la liberté individuelle compte en effet parmi les priorités de l’aventure, au même titre que le développement harmonieux de la tribu avec le biotope de l’île (à ce sujet, les initiateurs du projet ont prévu de travailler avec un spécialiste de l’organisation www.climate.care.org). Au-delà de l’audace évidente de l’initiative, c’est toute une nouvelle réflexion sur le tourisme, le time-sharing et l’approche des loisirs qui se dessine tout doucement ici et qui transcende finalement le phénomène des cybertribus sur le Net. En choisissant cet épisode inédit de  » Lost « , version écolo idyllique, les acteurs du projet inaugurent ainsi une nouvelle manière d’être ensemble, à la fois réelle et virtuelle, dans une espèce de rite collectif qui symbolise l’illusion d’un grand village mondial réduit à quelques hectares paradisiaques. C’est beau, certes, mais attention, la bête sauvage qui sommeille en nous n’a peut-être pas dit son dernier mot…

Retrouvez Frédéric Brébant chaque lundi matin, vers 9 h 45, dans l’émission  » Bonjour quand même « , de Jean-Pierre Hautier, sur La Première (RTBF radio).

Frédéric Brébant

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