Directeur artistique du maquillage Givenchy depuis dix ans, Nicolas Degennes se pose plusieurs fois par an dans la Ville rouge. Un endroit dont il aime la magie hors du temps. Mais aussi l’énergie. Visite privée.

Lorsqu’ il parle de Marrakech, Nicolas Degennes a coutume de dire que chaque visiteur y découvrira ce qu’il a envie d’y trouver. Les boîtes de nuit et les bars branchés pour les uns, un rêve des Mille et Une Nuits pour les autres. Et pour lui, les charmes d’une ville familière dans laquelle il se pose, toujours avec le même bonheur, depuis plus de vingt ans.  » A mes yeux, la beauté de Marrakech, ce n’est plus ce que l’on voit en surface lorsque l’on vient en touriste, confie le directeur artistique maquillage de Givenchy. C’est la vie de mon quartier, celle de mes voisins, le quotidien que l’on vit au rythme du chant des muezzins. « 

Un lieu où il réussit à arrêter le temps.  » A Paris, c’est très compliqué de faire le point, entre le bureau qui appelle, les séances de maquillage en studio, les coups de fil, l’Internet, le mouvement permanent, insiste Nicolas Degennes. A Marrakech, je peux me concentrer, travailler déjà sur les collections de 2011 et 2012. C’est l’un des rares endroits où j’arrive à dessiner. C’est ici aussi que je  » digère  » tout ce que j’ai pu voir à travers le monde, au fil de mes voyages, dans les expos, les magazinesà La lumière est tellement belle. Alors l’inspiration vient, naturellement.  » Plus que tout, Nicolas Degennes apprécie la douceur, la lenteur des ruelles de Bab Doukkala au détour desquelles se cache sa maison. Il aime y disséquer les contrastes tranchés d’une cité en pleine évolution. L’éclat vibrant du soleil et les lucioles vacillantes des bougies. Le luxe d’un spa précieux à deux pas d’un hammam traditionnel.  » En plein soleil, lever les yeux vers l’Atlas, regarder la neige et se dire que la nature n’est pas si mal foutue que cela, finalement, s’enthousiasme le créateur. C’est passionnant de découvrir de nouvelles choses tout en constatant que l’essentiel est encore là. « 

Cette ville, à l’énergie si belle, Nicolas Degennes vous en dévoile ses recoins préférés.  » Des lieux où il est si facile de philosopher « , sourit-il. Visite privée.

La place Jamaâ El Fna

C£ur vibrant de la Ville rouge, elle accueille chaque année plus d’un million de visiteurs à l’affût des conteurs, dresseurs de singes et charmeurs de serpents.  » Pour profiter comme les Marocains du merveilleux coucher du soleil, des sourires et des rires, il faut y aller tôt. Il y a trop de touristes le soir. Les Marrakchis soupent vers 18 heures. C’est à ce moment-là que l’on s’amuse, que le folklore s’animeà « 

Le Jardin Majorelle

Dans ce jardin créé par le peintre français Jacques Majorelle (1886 -1962) et acquis par Pierre Bergé et Yves Saint Laurent, des plantes – des cactus surtout – venues du monde entier côtoient une architecture traditionnelle marocaine teintée de bleu outremer.  » J’adore y aller tôt le matin, lorsqu’il n’y a quasiment personne. Y passer une heure, avec un bouquin. Prendre trois ou quatre cactus en photo et repartir avec ce bleu plein la tête. « 

www.jardinmajorelle.com

Riad Malika

 » Il est très bien situé dans le quartier de Bab Doukkala. J’y suis beaucoup descendu quand j’ai commencé à venir régulièrement à Marrakech. Je m’y installais pour travailler. Et c’est grâce à ce riad et à son propriétaire que j’ai découvert ma maison. J’aime bien l’élan de ce lieu. Le fait aussi que les choses n’y soient pas complètement marocaines. Qu’il y ait un mélange d’artisanat traditionnel, de design des années 70, de toiles extrêmement précises. La déco y est rassurante. Ce riad possède aussi une annexe à Oualidia, une station balnéaire ( NDLR : sur la côte Atlantique, à 212 km de Marrakech), absolument sublime si l’on veut découvrir le Maroc. La maison en particulier est dotée d’un jardin qui donne directement sur la crique. Ici, la mer est douce et la plage incroyable. Il y a du vent tout le temps, c’est fatigant. Mais j’aime bien cette fatigue : je la trouve saine et rassurante à la fois.  »

Riad Malika, 29, Arsat Aouzal, Bab Doukkala. www.riadmalika.com

Mustapha Blaoui

La boutique de décoration incontournable de Marrakech.  » Mustapha, c’est toute l’élégance du Maroc. Dans la manière qu’il a de vous recevoir, de vous laisser visiter, regarder chaque détail. Chez lui, les choses se passent doucement. Ma maison est modeste, je n’avais pas envie d’une reproduction de palais. Mais j’ai acheté quelques objets chez lui, des luminaires notamment. La nuit, ces lustres diffusent des ombres fascinantes. C’est à la nuit tombée que le Maroc prend toute son intensité. J’adore allumer ma maison, vers 17 heures, la lire à la lueur colorée des bougies. C’est un moment de sérénité. « 

Mustapha Blaoui, 144, rue de Bab Doukkala, Bab Doukkala.

Le souk de Bab El-Khemis

Une sorte de marché aux puces – autour et alentour de la porte Bab El Khemis – pas du tout touristique où s’échangent des vêtements, des petits gadgets utilitaires sans oublier des meubles et des objets anciens.  » L’ambiance y est formidable. J’y vais pour croiser les gens, croiser la vie davantage que pour chiner. Observer le grouillement, comprendre ce qui fait que les choses avancent. Regarder les visages aussi : ici, la marque laissée par un pansement – un petit accident de la vie – sur une peau tannée par le soleil peut devenir extrêmement belle. C’est encore un endroit où l’on rencontre très peu  » d’étrangers « , un lieu vrai, qui dure. « 

Le hammam Bab Doukkala

 » C’est un lieu typiquement marocain, loin des circuits touristiques. Il n’est pas mixte et il faut respecter les horaires dédiés aux femmes et aux hommes. C’est un hammam extrêmement chaleureux, très sombre, dense, loin des grands décors, un endroit plus doux, plus humain, plus simple. Comme j’aime en croiser de temps en temps. Mais en même temps je serai très curieux lorsque je retournerai à Marrakech d’aller faire un tour au spa Shiseido de La Mamounia qui vient de rouvrir après trois ans de rénovationà

Hammam, rue de Bab Doukkala (près de la mosquée), Bab Doukkala.

Le Foundouk

 » Ce restaurant, c’est mon QG ! J’aime beaucoup les gens qui tiennent cet endroit, j’aime le coin de la médina où il est situé. C’est amusant surtout la nuit. La ville grouille de monde et vous arrivez dans ce Foundouk, c’est comme un havre. Ici, la déco est en perpétuelle évolution. Chaque fois que j’y passe, quelque chose a changé. La carte, aussi, est particulièrement savoureuse. Dans ma maison, j’ai la chance d’avoir quelqu’un qui cuisine pour moi et qui me prépare une cuisine marocaine familiale. La meilleure qui soit ! « 

Le Foundouk, 55, Souk Hal Fassi, Kat Bennahïd. www.foundouk.com

Par Isabelle Willot

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