Le célèbre artiste floral Daniël Ost est aussi l’auteur de jardins d’exception, inspirés par ses passions japonaises. Le tout premier qu’il a conçu, au début des années 1990, déploie aujourd’hui mille et une séductions.

L es propriétaires de ce jardin de ville, secrètement niché à Saint-Nicolas, se souviennent encore avec émotion de la petitesse des milliers de jeunes pousses de buis qui furent plantées au moment de sa conception par Daniël Ost. C’était au début des années 1990, alors que le célèbre artiste floral belge effectuait ses premiers voyages au Japon afin de maîtriser les formes et la symbolique de l’art végétal nippon.

Pour mener à bien son projet, Daniël Ost va utiliser plusieurs éléments du vocabulaire oriental : les formes taillées en arrondi, presque organiques, l’eau, la pierre. Il se fait que, concours de circonstances, plusieurs tonnes d’anciennes bordures en pierre bleue sont alors disponibles.  » Elles étaient autrefois posées dans ma rue natale, que l’on était en train de refaire, confie le créateur. J’y ai vu une opportunité que je ne pouvais pas laisser passer : réemployer ces pierres à Saint-Nicolas même.  » Quinze ans plus tard, toutes se sont admirablement fondues dans leur nouvel environnement.

Au premier regard, on distingue les éléments essentiels du jardin : des dizaines de formes arrondies, allusions aux azalées de certains temples de Kyoto, un érable japonais (un Acer palmatum Dissectum au feuillage pourpre) et une glycine sur tige qui surplombe un bassin carré rempli d’eau. Mais on ne remarque pas d’emblée des plantes plus discrètes, comme, entre autres, un Ilex crenata, taillé à la manière d’un grand bonsaï, un Pieris japonica, divers bambous, comme, tout au fond Phyllostachys nigra.

Plus perceptibles grâce à leur haute stature, les bouquets de Phyllostachys aurea sont situés à l’entrée du jardin, escaladant les hauts murs des pignons voisins. Car tout ce qui se déploie ici tient en un mouchoir de poche : la superficie occupée est en effet un simple rectangle de 8 m sur 15 m.

 » Les bureaux du maître de maison se trouvent au niveau du jardin, voire légèrement en dessous, explique Daniël Ost. Ils sont ainsi totalement immergés dans la végétation. C’est pour cela que j’ai conçu un faux axe central. Lorsqu’on sort des bureaux, on pense pouvoir aller tout droit, mais, en fait, on butte immédiatement sur un plan d’eau, qui précède la végétation. Le seul moyen de visiter les lieux c’est d’emprunter le sentier périphérique.  »

Les volumes taillés en buis (qui ont été préférés par le propriétaire aux azalées du plan originel) épousent tout en rondeurs des contours différents, comme si l’on avait voulu composer une danse monochrome. Les formes allongées, elles, servent de trompe-l’£il, accroissant virtuellement la modeste superficie des lieux.

Un autre exemple : les pierres qui servent de marches sont aussi utilisées en pavement. Des différences de niveau créent une voie de circulation pour un filet d’eau, un flux laminaire qui à certaines heures du soleil brille comme un miroir.

 » Même si je sais qu’il est perfectible, ce jardin û mon tout premier û est aujourd’hui arrivé à une belle maturité, s’enthousiasme Daniël Ost. Il est devenu conforme aux trois dessins en trois dimensions que j’avais réalisés à l’attention des propriétaires et de ceux qui sont chargés de la taille des buis.  » En écoutant le créateur, on ne peut s’empêcher de songer aux années de patience û toute orientale û qu’il a fallu pour que se révèle enfin ce trésor de verdure, bien caché à l’abri des hauts murs qui l’entourent.

Texte et photos : Jean-Pierre Gabriel

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