AUTEURE DE CHANEL L’ÉNIGME PARU CHEZ FLAMMARION, LA JOURNALISTE A EU ACCÈS À DES ARCHIVES EXCLUSIVES QUI POSENT UN AUTRE REGARD SUR LA VIE DE LA CRÉATRICE PENDANT L’OCCUPATION.

Comme vous le dites vous-même dans l’introduction de votre enquête, plus d’une centaine de livres ont déjà été écrits sur Coco Chanel. Tout n’a donc pas déjà été dit sur elle ?

Au fil des vingt années pendant lesquelles je me suis intéressée à sa vie pour écrire mes livres – celui-ci est le troisième que je lui consacre – je n’ai eu accès à certains papiers que lorsque les archives concernant la guerre ont été peu à peu déclassifiées. Je suis alors tombée sur des documents vraiment incroyables qui l’innocentaient de graves accusations répandues notamment lors de la parution du livre de Hal Vaughan, Dans le lit de l’ennemi.

Peut-on dire en quelque sorte que vous proposez un état des lieux à décharge de cette période trouble de la vie de Chanel ?

Je suis allée jusqu’au bout de cette enquête par passion. C’était devenu pour moi une sorte d’obsession personnelle : comprendre qui était Coco Chanel. Toutefois, même si j’ai une affection certaine pour le personnage, j’ai voulu présenter les éléments que j’avais en ma possession sans parti pris. J’ai cherché à m’effacer autant que possible en laissant parler les experts et ses proches, en publiant aussi les preuves de son innocence : jamais son nom n’a figuré sur la liste des condamnés à mort des FFI, c’est celui d’un certain M. Chemel que l’on y trouve. Si elle a bien été immatriculée comme  » agent  » allemand, c’est à son insu et n’a jamais fourni de renseignements.

Votre livre regorge d’autres accusations que vous démontez point par point même si certains faits restent pourtant troublants. Comment expliquez-vous qu’elle ait été l’objet d’un tel acharnement ?

Elle a eu un destin hors du commun et reste l’une des figures du siècle dernier, à l’instar de De Gaulle et Picasso, à qui la comparait André Malraux. A ce titre elle est devenue un mythe. Pendant la guerre, elle loge au Ritz – mais dans l’annexe non occupée -, elle continue à fréquenter Spatz – qu’elle connaissait déjà avant la guerre -, tous ces éléments contribuent à expliquer que les choses se soient emballées. Effectivement, c’était maladroit mais Chanel se moquait de ce que l’on pensait d’elle. Je trouve toutefois immoral de lui faire un procès sur la base d’interprétations d’archives tronquées.

Chanel L’énigme, par Isabelle Fiemeyer, Flammarion.

I.W.

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