Les paysagistes Brigitte de Villenfagne et Michael de Villegas ont succombé à la magie d’un paysage ardennais pour y dessiner un jardin placé sous le signe de l’ouverture. Une multitude de roses et de plantes vivaces s’y livrent une splendide bataille de couleurs.

 » Dans les années 1970, lorsque l’on m’a parlé pour la première fois de cette ancienne ferme à vendre, située dans les environs de Libramont, j’étais encore célibataire, explique le maître des lieux. Je cherchais un endroit pour m’installer et, vu ma situation familiale, j’attachais plus d’importance à la beauté du paysage qu’au confort du bâtiment. Lorsque ma future épouse a découvert cet endroit, elle n’imaginait pas que nous pourrions y vivre un jour. Pourtant, notre architecte nous a convaincu qu’en rénovant la partie habitable, les étables et les greniers, on arriverait à créer une superbe propriété, ce qui est d’ailleurs le cas… « 

Pendant une vingtaine d’années, le jardin ne fait l’objet que d’un minimum d’aménagements. L’ancienne prairie se voit transformée en pelouse et le fond du terrain est planté d’arbustes à fleurs, dont un grand Hydrangea paniculata. Quelques années plus tard, en faisant installer une piscine, les propriétaires se rendent compte qu’il devient impératif de s’occuper du jardin. En effet, celle-ci ne s’intègre pas du tout dans le paysage.  » Dans un premier temps, nous avons donc tout naturellement cherché une personne susceptible de nous aider à la dissimuler. C’est ainsi qu’il y a trois ou quatre ans, en lisant un article dans Weekend Le Vif/L’Express, nous avons découvert les jardins de Brigitte de Villenfagne et de Michael de Villegas.  » Brigitte de Villenfagne se souvient encore parfaitement de l’impression ressentie lors de sa première visite.  » Dans la région de Libramont, le paysage est tout simplement magique. Tout n’y est que prairies, vallons, bocages et arbres feuillus. Le jardin ne fait « que » 2 500 m2, mais, en réalité, on a le sentiment qu’il pourrait englober les dizaines d’hectares qui l’entourent, jusqu’à l’horizon. « 

Responsable du dessin du jardin, Michael de Villegas a immédiatement pensé au petit détail qui fait toute la différence. En effet, en plaçant une barrière artisanale entre les deux érables situés au fond du terrain, il réussit à donner l’illusion que ce qui se trouve derrière la haie fait aussi partie du jardin. Les propriétaires, eux, souhaitaient essentiellement trois choses : masquer la piscine, créer une seconde terrasse, légèrement isolée, un coin de repos et de lecture et gagner de la lumière en supprimant une haie devenue beaucoup trop grande.

 » Pour un paysagiste, il est impensable de supprimer des éléments existants, surtout s’ils appartiennent à la flore locale, poursuit Brigitte de Villenfagne. Nous avons donc rabattu la clôture boisée située à l’ouest à une hauteur inférieure tout en préservant, tous les deux ou trois mètres, de beaux troncs de hêtre drastiquement élagués. On peut ainsi bénéficier du soleil couchant tout en conservant un maximum de végétation. Pour le coin de lecture, nous avons recouvert le sol d’une terrasse en bois exotique, littéralement submergée de fleurs. « 

L’intégration de la piscine présentait plus de difficultés. Michael de Villegas a d’abord proposé de la relier à la maison par le biais d’un escalier agrémenté de plantes. Les bords ont été plantés de rosiers  » Lavander Dream  » mais le résultat le plus spectaculaire se manifeste en juin lorsque les énormes bouquets de Geranium magnificum sont en fleurs, créant une gigantesque masse pourpre.  » Il ne faut surtout pas oublier de retailler ces vivaces après la floraison , précise Brigitte. Tout d’abord pour éviter que la masse de feuillage ne s’étale et devienne peu esthétique. Ensuite, afin de stimuler la seconde floraison, celle de septembre. « 

Ce jardin n’aurait cependant pas porté la marque de Brigitte de Villenfagne sans les dizaines de rosiers tels que  » Amber Queen  » ou  » Graham Thomas  » qui y abondent.  » Nous avons privilégié des rosiers d’origine allemande qui s’adaptent parfaitement au climat local. Il ne faut pas oublier que nous sommes à 510 mètres d’altitude, ce qui fait de ce plateau l’un des plus hauts du pays. Les hivers y sont très froids et les étés chauds. « 

Texte et photos : Jean-Pierre Gabriel

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