Avec le concept YellowKorner, ils ont mis la photographie d’art à portée de main du grand public. A l’heure de l’image banalisée sur le Web, l’initiative de ces deux entrepreneurs est originale.

Ils auraient dû tous deux échouer, gros cigare au bec, dans le fauteuil cossu d’une grosse banque d’affaires à Londres, New York ou Hongkong. Ils se seraient sans doute sentis rois du monde en toisant la ville depuis le 72e étage de leur bunker de verre et d’acier. Preuve que l’itinéraire des enfants de HEC – l’Ecole des hautes études commerciales, à Paris – réserve parfois des surprises, Paul-Antoine Briat (31 ans à droite sur la photo) et Alexandre de Metz (33 ans) ont préféré tenter l’aventure : YellowKorner, un concept de boutiques-galeries d’art dédiées à la photographie.

En moins de cinq ans, les deux entrepreneurs ont fait évoluer leur projet d’un présentoir planté dans un coin de Fnac à un réseau qui comptera, dès 2013, 90 espaces répartis dans le monde entier. Les ancrages ? Paris, bien sûr, ils sont Français, mais aussi Lille, Bruxelles, New York, Toronto, Prague, Stockholm, Mexico, Beyrouth, Rio… C’est qu’en bon  » yers « , la notion même de réseau est inscrite au coeur de leur concept. L’équation ?  » Augmenter le nombre d’exemplaires d’une photographie d’art pour la rendre accessible aux plus grand nombre de collectionneurs. Ainsi, au lieu de proposer 10 tirages à 5 000 euros, nous choisissons d’en éditer 1 000 à 50 euros. Ce principe n’est possible que si nous élargissons au maximum les frontières à l’intérieur desquelles nous proposons nos images « , explique Alexandre de Metz. Et de préciser :  » Le créneau se situe quelque part entre le poster Ikea et le tirage tel qu’on le trouve dans les galeries dont on n’ose pas pousser la porte.  »

Cette démarcheuse reposant sur une spirale vertueuse intrigue, comment Briat et de Metz y ont-ils souscrit plutôt que de succomber au chant de la finance ? La réponse est peut-être à chercher là où tous deux ont grandi, loin des pots d’échappement et des complexes de supériorité. C’est dans le Loiret, en Bourgogne, qu’Alexandre de Metz a vécu son enfance.  » Je photographiais les vaches avec un vieux Rolleiflex que m’avait donné mon grand-père. J’avais un petit labo, j’y passais tout mon temps.  » Paul-Antoine Briat, quant à lui, a habité une quinzaine d’années en Auvergne avant de monter à Paris. Ses parents possédaient une résidence secondaire près d’Arles et la famille fréquente les fameuses Rencontres Internationales, plus grand festival européen consacré au 8e art.  » Nous y passions des journées entières, c’est là que j’ai découvert le travail d’Avedon, de Sophie Calle ou de Don McCullin… je suis tombé amoureux de la photographie.  »

Animés d’un même élan, les deux jeunes gens se reconnaissent sur les bancs de l’école de commerce.  » Deux hurluberlus passionnés de photographie attirés l’un vers l’autre comme des aimants « , commente de Metz. Aujourd’hui, cette inclination qui les a rapprochés donne un sens à leur vie. Au sein de leur marque, ils ont trouvé leur place. S’ils se plaisent tous deux à rencontrer les photographes et à discuter pendant des heures du choix d’une image, Alexandre se soigne la ligne éditoriale à travers les 9 familles d’images établies (mode, musique, nature…). Paul-Antoine, pour sa part, prend plaisir à former les conseillers des galeries, maillons essentiels de leur stratégie.  » Cela me permet d’expliquer le monde de la photographie, tout en étant à l’écoute de la sensibilité de chacun, c’est un voyage sans fin…  » Leur satisfaction commune ultime ?  » Jamais une journée ne ressemble à la précédente !  » Et tant pis pour les cigares sur les toits du monde…

www.yellowkorner.com

PAR MICHEL VERLINDEN

 » SUR LES BANCS D’HEC, NOUS ÉTIONS DEUX HURLUBERLUS PASSIONNÉS DE PHOTOGRAPHIE « .

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