Dans un recueil de 200 clichés, le créateur de mode a rassemblé  » ses anges « . Ceux qu’il trace à la craie sur les murs des villes selon son inspiration, le moment et le lieu.

Avez-vous le blues le dimanche soir ?

Je suis assez mélancolique le dimanche. Paradoxalement, c’est un bon moment pour créer. J’entre dans une sorte de léthargie, je flâne dans les rues de Paris. C’est typiquement le jour où je dessine des anges.

De quel film auriez-vous aimé être le héros ?

Les Sept Samouraïs, d’Akira Kurosawa. L’histoire d’un village japonais qui, chaque année à la récolte de riz, se fait piller par des brigands. Ses habitants recherchent sept samouraïs pour les protéger. J’aurais adoré être le septième, un personnage très beau, tout à fait atypique. J’ai toujours aimé les personnes en contradiction avec leur époque, un peu comme Jeanne d’Arc.

Décrivez-nous un paysage qui suscite le rêve ?

Essaouira, au Maroc, pays de mon enfance. Une superbe cité, battue par les vents, qui n’est pas restaurée. J’aime toucher les murs et y sentir les fantômes. J’y suis allé encore récemment, et c’est en me baladant sur la plage, d’une beauté incroyable, que j’ai su que je retournerais y vivre.

Pour le bal ou le carnaval, vous êtes déguisé en… ?

En roi. J’aurais un costume de cartoon, un peu comme celui dans lequel j’ai été photographié par Jean-Paul Goude. Quand j’étais jeune, j’assistais au carnaval de Nice, à l’ancienne, avec d’immenses chars. J’étais très troublé par l’avènement du roi et la cérémonie qui suivait, où il était brûlé.

Une matière que vous aimez toucher ?

La pierre, car c’est un médium vers le passé. J’ai vécu une jeunesse un peu rugueuse. J’ai d’ailleurs mis longtemps à adopter des matières sophistiquées dans mon travail de créateur. Avant de dessiner à la craie, je touche toujours le mur. Si je ne suis pas en phase avec la rugosité de ses pierres, j’abandonne. J’aime anoblir des choses que les autres ne regardent pas.

Si vous étiez quelqu’un d’autre, ce serait… ?

Je m’imagine mal dans la peau de quelqu’un d’autre mais je suis fasciné par David Lynch, car son art est protéiforme et généreux. Nous poursuivons la même quête, celle de créer le trouble à travers nos créations.

Vous crayonnez des anges à la craie sur les murs, mais quels sont vos démons ?

À part faire la fête, je ne vois pas… Du coup, je dessine des anges pour me faire pardonner.

Des anges dans la ville, éditions du Chêne, 192 pages.

MINA SOUNDIRAM

J’AIME ANOBLIR DES CHOSES QUE LES AUTRES NE REGARDENT PAS.

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